Le conseil de gestion du Parc naturel marin de Mayotte s’est tenu, ce jeudi matin, à l’hôtel de ville de Bandrélé. Trente membres étaient réunis autour de la table pour échanger et délibérer notamment sur la nomination du nouveau directeur délégué, donner un avis sur le projet de la zone d’aménagement concertée des Badamiers ou encore alerter sur les cas de braconnage recensés par le Remmat.
Chaque année, le conseil de gestion du Parc naturel marin de Mayotte se réunit à minima deux fois. Pour la première fois, cette réunion s’est délocalisée dans la ville de Bandrélé, « pour des raisons pratiques de circulation », précise Abdou Dahalani, le président du Parc naturel marin de Mayotte. Ce jeudi, les trente membres présents – sur les 46 – ont dû, en autres, s’entendre sur la nomination du nouveau directeur délégué. En effet, depuis le départ de Christophe Frontfreyde il y a cinq mois, Guillaume Amirault assurait la direction par intérim. A la suite de cette réunion, les membres du conseil ont donné leur feu vert pour le désigner nouveau directeur délégué.
Une très forte hausse du braconnage
« Je retiendrai juste un moment d’échanges qui a été assez long, c’est l’inquiétude que nous portons par rapport au braconnage », souffle le président à la sortie de la réunion. En effet, à Mayotte, les tortues marines sont braconnées pour leur chair. Afin de lutter contre cette pratique, le Parc assure l’animation du Remmat (Réseau échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines), ce qui permet également de récolter des données relatives aux tortues braconnées sur l’île. « Il s’avère que cette année, il y a une recrudescence des cas qui sont remontés », constate le directeur. Au cours du premier semestre, plus de 180 cas ont été recensés, contre 150 cas au global sur l’année 2022. Pour Abdou Dahalani, cette situation « devient très inquiétante ».
Face à cette situation, Guillaume Amirault explique qu’une question a été posée au conseil de gestion : « est-ce que vous souhaitez que l’on fasse une demande supplémentaire de personnes qui permettent de lutter contre le braconnage ? ». Interrogation à laquelle les membres ont estimé qu’il était important d’avoir une lutte contre le braconnage actif, « mais que la solution ne se portait pas uniquement sur de la répression », rapporte le directeur. L’objectif sera donc d’aller à la rencontre des habitants, sur le terrain et de comprendre les raisons du braconnage.
Une ZAC qui soulève des interrogations
D’autre part, cette réunion a permis au conseil de rendre un avis consultatif sur la création d’une ZAC (zone d’aménagement concertée) aux Badamiers, en Petite-Terre. Cette autorisation environnementale « a soulevé pas mal de questions », relate le directeur. Dans ce dossier, le parc ne se prononce pas sur l’opportunité ou la définition du projet, mais sur la conformité avec la loi. Deux points importants ont été soulevés, principalement en rapport au littoral. Le premier point se rapporte à l’impact sur les tortues, il a donc été demandé « une petite garantie supplémentaire » avec une plantation de haie pour limiter la lumière et un suivi du récif corallien. Le second point portait sur la bonne gestion des eaux usées.
Un nouveau directeur délégué pour le Parc
A l’unanimité, le conseil a voté favorablement la nomination de Guillaume Amirault en qualité de directeur délégué. Dans son nouveau rôle, Guillaume Amirault – ancien chef de service ingénierie depuis mi-2021 au sein du Parc – souhaite modestement, dans un premier temps, remplacer les personnes qui ont quitté l’institution, afin de reconstituer une équipe au complet. De plus, « il faut qu’on continue absolument à travailler sur la pêche », réaffirme-t-il. Un développement de la filière et un travail commun avec tous les acteurs, tel est son objectif. Pour lui, « chacun à sa place, chacun à ses compétences, l’idée c’est de continuer à se partager les missions et de faire en sorte que la pêche à Mayotte puisse continuer ». Le nouveau directeur portera également un projet, celui de poursuivre la mobilisation citoyenne, en créant un conseil de gestion des jeunes.
Dès la rentrée 2024, Guillaume Amirault, va débuter également un travail de révision du plan de gestion – qui arrive à terme en 2028. « Il faut au moins trois ans pour le réviser », complète-t-il. Ce travail de concertation sur le territoire permettra de faire le bilan du Parc sur les quinze dernières années et de se projeter dans la quinzaine à venir.