« On est d’accord pour dire qu’on ne peut plus avoir 36-37 élèves par salle »

En pleine semaine de rentrée, les collectifs mahorais ont rencontré quelques élus mahorais pour leur faire part de leurs revendications. Ce mardi après-midi, à la mairie de Mamoudzou, ils les ont interpelés sur cette nouvelle rentrée où les classes sont toujours surchargées et le visa territorialisé qu’ils souhaitent voir supprimer. Ils devaient rencontrer le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, dans la foulée.

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Quelques maires ont accepté l’invitation, comme ici le maire de Tsingoni, Issilamou Hamada, qui prend la parole.

S’il y a bien une chose sur laquelle les élus et les collectifs comptent faire front commun, c’est la fin du visa territorialisé. Alors que les deuxièmes entreprennent le blocage du bureau des étrangers depuis un mois maintenant, ils réclament plus que jamais la fin de ce document administratif qui empêche des étrangers en situation régulière de quitter le territoire mahorais. Ils l’ont de nouveau fait savoir aux maires mahorais, ce mardi après-midi, au cours d’une rencontre à la mairie de Mamoudzou. « Il faut l’arrêt immédiat de ce titre qui est discriminatoire. On n’est pas traité de la manière entre départements français », déplore la présidente du Collectif des citoyens 2018, Safina Soula. Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, lui donne raison. Il ajoute même que les maires pourraient être amenés « à saisir le Conseil d’État » pour trancher sur cette question. Alors que l’île connaît une immigration importante, les deux parties réunies ce jour-là verraient d’un bon œil que le poids démographique soit partagé à l’échelle nationale.

Sur ce sujet-là, les collectifs espèrent toujours convaincre l’État. Ils devaient d’ailleurs rencontrer le préfet de Mayotte, à la suite des élus, avec leurs doléances sous le bras. Ce ne devrait pas être chose aisée, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer leur ayant déjà refusé leur demande concernant ce visa. « Il dit que ça va provoquer un appel d’air. Mais l’appel d’air est déjà là », fulmine Safina Soula, la présidente du Collectif des citoyens 2018. En parallèle, la délégation qui l’accompagne souhaite que les municipalités soient sollicitées pour émettre un avis sur telle ou telle demande de titre afin de vérifier si le candidat est bien un résident de la commune indiquée. Plusieurs maires s’y sont aussi montrés favorables.

Le poids important des écoles

Concernant les écoles surchargées, la marge de manœuvre est là limitée. « On est tous d’accord pour dire qu’on ne peut plus avoir 36-37 élèves par salle de classe. Il faut mettre fin aux rotations », concède le maire de Mamoudzou. Il promet de travailler « sur l’harmonisation des critères d’admission » entre les communes, « chose que nous n’avons pas faite ». Les collectifs ont trois revendications principales, que « chaque élève étranger inscrit, doit justifier d’un titre de séjour régulier et d’une adresse de domiciliation valide et d’un carnet de vaccination à jour », « le respect de la limitation du nombre d’enfants inscrits par classe, à l’effectif de 25 élèves maximum » et que « les écoles ouvertes accueillant les élèves doivent être alimentées en eau durant les heures de cours ». Dans les faits, le cadre législatif oblige les mairies à inscrire les élèves qui se présentent à elles. Si elles ne font pas, le maire peut être poursuivi. « Il faut que nos maires réagissent, parce que je n’accepterai pas que l’avenir de nos enfants soit ruiné », prévient Sylviane Amavi, du Collectif des citoyens de Mayotte. Sur la gestion de leurs écoles, les maires répondent qu’ils font avec leurs moyens. « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas le résultat qu’il faut, qu’on n’est pas capable d’hausser le ton », se défend Mouslim Abdourahamane, le maire de Bouéni. Comme les collectifs le souhaitent, il dit « vouloir mettre fin aux rotations ». Sur le terrain, les constructions d’écoles ou salles de classe peinent à suivre la croissance du nombre d’élèves.

Pour son concurrent aux élection sénatoriales, Saïd Omar-Oili, les maires font pourtant le maximum, mais se sentent parfois démunis. Il rappelle, par exemple, « qu’un quart de son budget communal est déjà consacré aux écoles ».

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