Fête de la musique | Un seul événement au programme cette année

La fête de la musique n’est pas encore entrée dans les habitudes des Mahorais. De plus, dans un contexte de ramadan, rares sont les événements prévus ce jour pour célébrer la musique. À vrai dire une seule représentation aura lieu à savoir le concert d’Elji Massiwan Folk et Atamandjuka au M’biwi café aux Haut-Vallons à partir de 21h (gratuit). L’occasion de revenir sur le parcours de l’artiste comorien Elji auquel nous avions consacré un portrait dans les colonnes de Mayotte Hebdo en janvier 2016.

 

Depuis fin 2014, un nouvel artiste a déposé ses valises sur le territoire Mahorais venant s’ajouter à une longue liste de musiciens et chanteurs que l’île compte en sein. Eldji Justin Edmond plus connu sous son nom de scène Elji, est un auteur, compositeur et interprète comorien de talent. Il écume les scènes mahoraises depuis environ un an avec son groupe. Né à Moroni en 1988 et issu d’une famille comorienne et malgache, l’artiste baigne dans la musique depuis sa tendre enfance. Fils d’un père guitariste qui jouait tous les dimanches à l’église avec son orchestre et d’une mère adepte du debaa, le virus musical s’est transmis naturellement. Pourtant ses parents ne souhaitaient pas que leur enfant devienne musicien. « Ils ne voulaient pas que je suive ce chemin, car il difficile de vivre de la musique aux Comores et ma mère avait peur que je devienne un gavroche », se remémore le guitariste. La passion étant plus forte que tout, à l’instar de ses demi-frères DJ et rappeurs, Elji a lui aussi décidé de continuer dans la musique et d’en faire son gagne-pain. Dès l’âge de 4 ans, il fabriquait ses propres guitares en bois de bambou. « C’étaient des petites guitares magnégné mais j’ai toujours eu cet esprit créatif », précise-t-il en rigolant.

À l’entrée dans l’adolescence, Elji découvre sa nouvelle passion pour le hiphop. Après avoir soufflé ses 13 bougies, il intègre le groupe de rap de son quartier Mass36 (en référence à une arme à feu). En 2010 il créé un collectif de rappeurs intitulé Sud United. S’en est suivie la sortie d’une mixtape avant que chacun finalement, suive son propre chemin. De 2011 à 2013, il tente une expérience d’un autre en devant membre du centre de création artistique comorien. Une étape qui lui permet de s’ouvrir à d’autres genres, d’autres styles artistiques et musicaux. Dans la foulée, il démarre sa carrière solo et quitte le hiphop pour la massiwan (musique traditionnelle comorienne) folk. « J’adore les musiques urbaines, mais parce que nous rapions en français ou en anglais, j’avais l’impression d’oublier ma culture donc j’ai voulu revenir aux sources ».

Au-delà de son inspiration pour les grands noms de la musique comorienne, le jeune artiste a effectué son apprentissage auprès d’un musicien connu sous le nom d’Embargo. C’est notamment sur l’aspect technique (comment enregistrer ou faire des prises de voix) que son ami lui a enseigné les bases.

Également autodidacte, le griot des îles de la lune a appris la guitare en s’inspirant de ce qu’il voyait et ce qu’il entendait. « Mes sources d’inspiration en terme de guitare viennent des chansons de M’Toro Chamou mais en ce qui concerne le chant, je pioche dans diverses influences principalement reggae et m’godro ».

Sa chanson « Haki » (les droits civiques) est l’un des titres emblématiques de son œuvre. Les paroles abordent un sujet qui lui est cher à savoir l’absence de liberté d’expression en dehors de la musique aux Comores, chose qu’il dénonce à travers ses textes. « Le pays est sous-développé et dès que l’on dénonce cela le gouvernement fait semblant d’écouter », regrette l’enfant de l’archipel.

Sensible à la question récurrente des rapports tendus entre les Comores et Mayotte, l’artiste regrette le racisme de certains Mahorais envers les Comoriens. « C’est la conséquence de la délinquance qui frappe l’île actuellement », dénonce-t-il. « La justice n’est pas assez ferme. On a besoin d’un minimum de sécurité ».

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