DJ Bouyon, figure emblématique de l’île aux parfums et surtout du 5/5, met l’ambiance pour tous les fêtards les vendredis et samedis soir. Une passion qui lui vient de son père, et qui l’a amené à se spécialiser dans la musique antillaise, même s’il se diversifie de plus en plus. Très observateur, l’artiste garde un œil sur les dernières tendances et est toujours en quête de devenir un meilleur DJ. Le musicien veut aussi encourager les jeunes à se lancer dans l’animation musicale.
DJ Bouyon, de son prénom Jimmy, commence à se faire un nom sur l’île aux parfums. Au sein de l’institution qu’est le 5/5, tous les vendredis et samedis, il est devenu emblématique du monde de la nuit. Son nom, à la base une blague avec ses amis, est resté et fait maintenant partie de sa carrière. Réunionnais et Comorien, l’amateur de musique est venu à Mayotte parce qu’il avait envie de découvrir de nouveaux horizons. Arrivé en 2018, il est d’abord resté deux ans à Mayotte avant de repartir en France un an. Il est ensuite revenu, pour cette fois-ci, y rester.
La passion pour le monde de la nuit l’anime et a d’ailleurs commencé lorsqu’il était très jeune. Son père biologique ayant toujours été absent, il s’attache donc à son père de cœur. Il trouve du réconfort dans la musique de cet homme, Antillais, d’où la musique que diffuse aujourd’hui DJ Bouyon. Grandir dans cette ambiance et avec ce type de musique a en quelque sorte créé son identité scénique d’aujourd’hui. Son père lui-même l’initie au métier de DJ, après une blessure en école de basketball. Un accident aux vertèbres et aux cervicales l’empêche en effet de reprendre le sport dont il voulait faire son métier. C’est alors qu’il se lance derrière les platines, il y a 12 ans maintenant.
L’empreinte locale de DJ Bouyon
Bouyon, dancehall, shatta ou encore kompa, les musiques des Antilles sont à l’honneur. « Je ne fais pas que du bouyon », explique le DJ, qui souhaite rester diversifié dans ce qu’il passe, et regarde ses confrères. « Quand je mixe à côté d’autres DJs parisiens par exemple, je les observe. Je suis quelqu’un de très attentif », explique-t-il. Il s’imprègne de ce que font les autres, mais ne les copie pas. Sa marque de fabrique au 5/5 est d’ailleurs connue de partout sur l’île : cette fameuse onomatopée indescriptible qui se confond avec un gémissement. « Quand tu l’entends au 5/5, tu sais que c’est moi aux platines », rigole le jeune homme.
Malgré sa notoriété locale, il reste humble : « Quand je vois un DJ meilleur que moi, j’écoute ses transitions, l’enchaînement des sons, comment elles se suivent et comment le public réagit ». Il pense qu’il a commencé à être connu après son retour à Mayotte. « Je suis parti deux ans et je suis revenu, le fait que je me sois fait oublier a, je pense, beaucoup joué », explique le DJ. « Peu importe où je vais à Mayotte, quelqu’un me reconnaît », se réjouit-il. Il y a deux ans, en pleine crise sanitaire, il a dû redoubler d’efforts pour relancer l’animation musicale du 5/5 et attirer de nouveau le public. « La vraie force, c’est les gens. S’ils n’appréciaient pas ce que je fais, je ne serais pas connu », explique-t-il. Toujours en recherche d’améliorations, il se décrit comme simple, pour s’adapter à tout public, sociable, parce qu’il fait énormément de rencontres dans le monde de la nuit, et observateur, pour ne pas se laisser dépasser sur les tendances. Des qualités importantes, selon lui, pour être un bon DJ, et qu’il voudrait transmettre aux jeunes.
« Qu’ils se lancent »
« Qu’ils se lancent. Mayotte manque de DJs », affirme Bouyon, qui espère un jour pouvoir ouvrir une école de DJing sur l’île pour développer de nouveaux talents. C’est, selon lui, un métier comme un autre, qui ne doit pas disparaître. Dans ses ambitions futures, il y a aussi le fait d’ouvrir un jour son propre établissement, à Mayotte ou ailleurs.
Le disc-jokey regrette que ses semblables ne soient vus que comme des tourneurs de platines. « Il faut rester informé des dernières tendances, des musiques appréciées du public. Je dirais même avoir une longueur d’avance et créer les tendances. Il y aussi les transitions, ne pas passer du coq-à-l’âne, que les musiques se suivent bien. Il faut aussi se démarquer », précise-t-il, ajoutant qu’il faut être rigoureux et patient, surtout en ce qui concerne la création de mixes, le tri des musiques et les enchaînements. Il y a enfin tout le côté technique : le fonctionnement des platines, des effets sonores… « C’est un apprentissage d’être DJ », soutient l’artiste.