Association spécialisée dans la lutte contre la corruption, Anticor est parfois la bête noire du monde politique. Après s’être associée à plusieurs actions menées à Mayotte, cette dernière souhaite s’y installer durablement en créant une antenne locale. L’organisation organise une réunion publique, ce samedi 8 juillet à 15h, à la Croisette, à Mamoudzou. La rencontre sera ouverte à tous et sera animée par Jean-Émile de Bollivier, administrateur et référent d’Anticor à La Réunion.
Flash Infos : Quelles sont les missions d’Anticor ?
Jean-Émile de Bollivier : Anticor, c’est une association qui lutte contre la corruption en politique. Nos actions se traduisent en quatre missions principales. Nous montons des plaidoyers pour contribuer aux auditions parlementaires par exemple. Mais surtout, nous menons beaucoup d’actions judiciaires. Nous nous constituons de nombreuses fois partie civile au tribunal. Nous déposons des plaintes pour corruption, détournement de fonds publics, du trafic d’influence ou encore toute autre atteinte à la probité. Et bien sûr, nous effectuons des actions de prévention pour sensibiliser les administrations, ainsi nous cherchons à encourager les pratiques plus éthiques et plus transparentes. Sensibilisez les plus jeunes sur les dérives constatées et leurs conséquences aussi une de nos préoccupations.
F.I. : Connaissez-vous les problématiques de Mayotte ?
J.-É.D.B. : Nous avons déjà mené des actions à Mayotte. Par exemple, nous nous étions constitué partie civile dans un dossier concernant le maire de Chirongui [N.D.L.R. Andhanouni Saïd a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour des voyages en métropole et à Madagascar aux frais de la municipalité, les recrutements de proches à la mairie sans les qualifications requises et une conception très personnelle des marchés publics]. Mais les délais sont affolants sur l’ensemble du territoire français. Un seul dossier peut prendre une trentaine d’années. Le temps de la Justice n’est pas le temps des Hommes. Il faut pouvoir mettre beaucoup de moyens en place ? ce qui est compliqué parfois. Dans le futur, nous espérons mener de nombreuses actions pour réduire la corruption sur l’île aux parfums qui n’est malheureusement pas épargnée.
F.I. : Pourquoi avez-vous décidé de vous installer ici ?
J.-É.D.B. : Nous venons, ce samedi, à Mamoudzou, pour rencontrer les gens, organiser un groupe local qui pourra mener ses propres actions. Pour l’instant, nous sommes basés à La Réunion, mais les dossiers s’accumulent ici aussi. Nous essayons de tout gérer, mais c’est impossible. Il nous faut une antenne locale pour prendre la main. Chez Anticor, nous sommes semblables aux Restos du cœur, si les gens n’avaient pas besoin de nous, nous n’existerions pas. Mais nous venons surtout pour faire la connaissance de nouvelles personnes et collaborateurs. Nous cherchons d’ailleurs un représentant pour Anticor Mayotte.
Samedi 8 juillet, à 15h, au restaurant la Croisette, à Mamoudzou, réunion publique de l’association Anticor.
Un agrément récemment retiré par erreur
[Mis à jour] L’information s’est vite répandue nationalement et a même fait l’objet de questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale. L’association Anticor a vu son agrément retiré. Cette annulation a été décidée par le tribunal administratif de Paris car l’ancien Premier ministre Jean Castex a commis une erreur de droit. « Le Premier ministre en rédigeant cet arrêté a dit une chose et son contraire dans le même texte. Il explique en gros, que pour lui nous ne répondons pas aux critères de l’agrément et il nous le donne quand même. L’erreur de droit vient de là », précise Jean-Émile de Bollivier. Cela a rendu l’agrément inutilisable. L’organisation décrit les faits comme une atteinte grave aux libertés associatives, ainsi qu’à la liberté d’expression. Anticor a déposé de suite une nouvelle demande d’agrément en juin 2023 qui ne devrait pas tarder à aboutir. Cependant, l’annulation a porté un coup dur à l’association qui a perdu en crédibilité et cela a renvoyé un message négatif aux citoyens ainsi qu’aux organisations.