Une seconde vie promise à l’ancien tribunal de Mamoudzou

Dans le cadre du programme Action cœur de ville, des travaux de réhabilitation de l’ancien tribunal de Mamoudzou sont menés par la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou, pour le transformer en tiers lieu culturel. Sécuriser le lieu, le rendre accessible à tous, construire une toiture, tout en conservant l’architecture du bâtiment, tel est le projet qui sera réalisé. Ce mardi matin, a eu lieu le lancement du chantier prévu jusqu’à la fin de l’année 2023.

Depuis trois ans, la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou (Cadema) et la ville de Mamoudzou portent le projet de réhabilitation de l’ancien tribunal de Mamoudzou. Cet édifice va vivre une seconde vie et sera transformé en un tiers lieu. Il sera alors un endroit de rencontres et de diffusion culturelle, de travail partagé, mais aussi d’accueil d’événements. Une réhabilitation complète est menée, pour notamment, mettre le bâtiment aux normes de sécurité et d’accessibilité. Ce mardi matin était célébré le premier coup de pelle d’une nouvelle aventure pour ce haut lieu symbolique et historique de Mayotte, qui permettra de donner « un nouveau souffle à cet édifice pour les générations futures », signifie Charifa Souffou, vice-présidente de la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou.

La création d’un lieu atypique

C’est en 1955 que fut édifié ce tribunal, avec une architecture « emblématique de la recherche d’une modernité de l’époque avec une maçonnerie enduite de ciment agrémentée de colonnes de béton », note Guillaume Deslandes, directeur des affaires culturelles de Mayotte. Le tribunal continua à exercer dans ces locaux jusqu’en 2005, lorsqu’un cyclone arracha la toiture de l’édifice, conduisant à son abandon. D’ici la fin d’année 2023, l’édifice vivre une deuxième vie et accueillera le projet de tiers lieu culturel dédié aux arts numériques. « Cet ensemble architectural qui n’est plus affecté à sa fonction juridique initiale, sera bientôt propice aux interactions entre les personnes et les structures n’ayant pas forcément vocation à se croiser », reconnait Saïd Djanfar Mohamed, adjoint aux finances à Mamoudzou. Afin d’animer ce tiers lieu, une convention de gestion a été établie avec l’association Likoli Dago. Ce projet « vise la création d’un lieu atypique regroupant formation, espace de coworking et lieu de diffusion culturelle et un café dans le jardin situé à l’arrière du bâtiment », complète la vice-présidente de l’intercommunalité.

L’intervention architecturale consiste à sécuriser le lieu, le rendre accessible à tous les publics, le connecter aux réseaux, démolir partiellement ou encore construire une toiture. L’ouvrage principal d’un point de vue architecture sur ce bâtiment, est la charpente tridimensionnelle en bambou. « Cet ouvrage est assez important et innovant à Mayotte. Cette charpente a été réfléchie longtemps et notamment avec des ingénieurs d’Indonésie », admet Marine Guérineau de JBA (Julien Beller Architecte), maitre d’œuvre. Pour Guillaume Deslandes, l’idée de créer une toiture en utilisant du bambou, est « un projet architecturel ambitieux pour la filière à Mayotte ». Afin de réaliser cet ouvrage, il sera fait appel à un mélange de compétences externes et locales. La réalisation de cette charpente en bambou aura lieu sous forme de chantier-école et permettra de valoriser les ressources locales et de transmettre le savoir-faire mahorais.

Une charpente en pyramide inversée de bambous

La couverture complète se composera de pannes en bois, de bambous et d’assemblages métalliques, le tout recouvert d’une couverture en tôle. D’un point de vue structurel, la charpente tridimensionnelle sera « sous forme de pyramide inversée de bambous qui vont soutenir une couverture en tôle », ajoute Marine Guérineau. Des jeux de lumières seront incrustés afin de créer une scénographie et « mettre en avant ce matériau local que l’on veut rendre contemporain », affirme-t-elle. Le chantier représente 270 m² de bâti et presque deux cents mètres carrés de jardin. La démolition est en cours et par la suite, débuteront les travaux de gros œuvre. Au total, ce sont six mois de travaux nécessaires à la réhabilitation de l’édifice. D’un montant de 253.164 euros, ce projet est financé par la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou à hauteur de 33% (soit 82.914 euros), par la direction des affaires culturelles de Mayotte de la préfecture à 35 % (90.000 euros), par la politique de la ville de Mamoudzou à 18 %, ainsi que par la Fondation du Patrimoine (10 %) et l’Ademe (4 %).

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1112

Le journal des jeunes

À la Une