Hier, un collectif du sud a manifesté devant le siège de la SMAE. En cause : les factures reçues alors que l’eau n’est plus potable depuis le début de la crise. « La goutte d’eau qui fait déborder le vase », comme l’explique un membre du collectif.
« C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », explique-t-il. « Il », c’est un membre du collectif des Assoiffés du sud, créé suite aux coupures d’eau qui sévissent depuis plus de trois mois dans toute la partie sud de Mayotte. « Nous avons été trop passifs, explique-t-il. Nous pensions pouvoir compter sur les élus de nos communes qui siègent au SIEAM pour plaider la cause des consommateurs, qui n’ont plus d’eau depuis de longues semaines, mais au lieu de ça, on reçoit des factures pour une eau qui est non potable, avec une réduction infime! » Une situation quelque peu ubuesque.
Hier donc, cette goutte s’est transformée en manifestation. Quelques-uns des membres du collectif se sont postés devant la SMAE pour sensibiliser à ce problème et appeler les clients de l’organisme victimes de ces coupures à ne pas payer les factures couvrant cette période. « Une facture? Mais sur quelle base ? Le contrat entre le distributeur d’eau et le consommateur est très clair : il y a une obligation de résultat, une obligation de fournir de l’eau potable. Là, ce n’est pas le cas. Il n’y a donc pas de factures à payer. Nous sommes triplement pénalisés : on nous coupe l’eau, nous devons engager des frais pour acheter de l’eau en bouteille, et en plus il nous faut payer une facture. Mais si c’est pour avoir de l’eau non potable, autant aller se servir dans la rivière, au moins c’est gratuit », explique l’homme qui regrette par ailleurs que le collectif n’ait jamais obtenu un rendez-vous auprès des autorités et « qu’aucune excuse n’ait été faite aux gens du sud pour cette situation. »
Et ce n’est que la première manifestation de ce qui s’annonce être une grande série. Le collectif entend en effet organiser des réunions pour informer la population de cette action, y compris dans le nord, « qui sera forcément coupé sous peu, puisque la saison des pluies est finie et que la retenue collinaire de Dzoumogné est à un bas niveau. » Une marche pourrait aussi être organisée pour demander des comptes face à la crise de l’eau.
Manque d’informations
Car, au-delà d’une simple facture, c’est tout l’agacement d’une population qui ressort. « Comment se fait-il que le nord ne soit pas coupé alors que la retenue de Dzoumogné est à seulement 30% de sa capacité, et que le sud ne soit toujours pas alimenté quotidiennement en eau alors que la retenue de Combani est pleine à 80% ? », s’interroge-t-on du côté des manifestants. « C’est notre dignité d’être humain qui est mise en cause. Ces coupures d’eau induisent forcément des problématiques d’hygiène, de santé, etc. Il est normal que nous sachions ce qu’il en est. Nous avons été patients, car nous aimons notre île, mais à un moment il faut dire stop et faire valoir nos droits. »
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