Des collégiens et lycéens mahorais ont pu pendant plusieurs mois expérimenter comme de vrais scientifiques. Dans le cadre du projet Plasma du Parc naturel marin de Mayotte, ils ont pu exposer le fruit de leur travail à La Croisette, à Mamoudzou, ce jeudi 8 juin, lors de la journée mondiale des océans.
Après des mois de recherches, les élèves, tous assis autour de leurs stands, sont fiers de présenter ce qui vient clore leur travail. En effet, le Parc naturel marin de Mayotte a décidé dans son projet Plasma d’impliquer les jeunes dans la science participative. Une classe du collège de Passamaïnty et une du lycée des Lumières de Kawéni y ont participé au long de l’année. « Déchets-nés », pour « déchainés », c’est le surnom trouvé par les élèves et ils en sont très fiers. Affichés aux murs de La Croisette, ce jeudi 8 juin, des posters produits par les élèves résument leurs rôles et missions ces derniers mois. « J’ai beaucoup appris avec ce projet, j’ai eu l’impression d’avoir un impact », témoigne Nadhoimati Soula, élève de seconde au lycée des Lumières. Ils présentent, le sourire aux lèvres et aux passants qui s’arrêtent, comment ils ont apporté leur pierre à l’édifice dans cette recherche scientifique. Un choix délibéré du Parc marin lorsqu’ils ont lancé cette nouvelle expérience. « On implique les élèves dans nos protocoles de recherche, qu’ils soient en sciences sociales ou classiques. On a alors imaginé avec eux des protocoles pour que les élèves soient acteurs de cette construction du savoir », explique Mathieu Leborgne, enseignant-chercheur en sociologie.
« C’est un programme interdisciplinaire », raconte Touffail Mohamed Ali, professeur de technologie au collège de Passamaïnty. Trois autres, respectivement en physique pour les calculs, en sciences et vie de la terre pour la géologie et en histoire-géographie pour la cartographie de l’île, ont supervisé le projet avec lui au sein du collège. Atteindre l’autonomie et inculquer la réflexion scientifique, c’est ce qu’a voulu accomplir l’équipe pédagogique lorsqu’ils y ont inscrit leurs élèves. Ces derniers ont fait des travaux de prélèvements aux rivières de Kawéni, La Jolie et La Goulée, dans des bouteilles d’un litre. Après un filtrage de l’eau, ils ont pu analyser leurs extraits et ont calculé la teneur en plancton et en microplastiques.
« Déployer une force d’enquête sur le territoire »
« L’étude des microplastiques dans le lagon, c’est un projet qui associe sociologie et océanographie : il s’agit d’allier sciences du lagon comme l’hydrodynamique, biologie marine mais aussi mieux comprendre les pratiques locales », fait valoir Mathieu Leborgne. Venant de quartiers parfois difficiles d’accès, les jeunes ont pu effectuer tout le travail d’enquête et d’étude sociologique sur leurs habitats, épaulés par le sociologue. « Par l’intermédiaire de certains élèves, on a pu avoir des données d’endroits difficiles, grâce à des entretiens des questionnaires, à leurs parents ou amis. C’était une manière de déployer une force d’enquête sur le territoire », affirme ce dernier.
Observer en se servant de la sociologie est important, selon Cristèle Chevalier, chercheuse en océanographie. « Le lagon n’est que le réceptacle de choses qui viennent de l’amont, notamment des rivières, qui sont le média de transfert entre les choses qui viennent de la terre et qui vont dans le lagon. Les populations vivent à côté des rivières, il faut donc aussi les étudier. »
Sur ce coup-là, les élèves ont plutôt bien réussi, selon le professeur de technologie de Passamaïnty. « Le but, c’était d’arriver ici pour la journée de l’environnement. Et comme ça, ils ont réussi à voir les problématiques liées aux microplastiques, quelle solution il faut apporter, mais aussi à sensibiliser la population. »