Ce mardi 23 mai, le rectorat de Mayotte et l’association BAM ! Bambou ont signé une convention sur le développement d’un programme pédagogique autour de matériaux biosourcés. Les élèves pourront utiliser le bambou pour mieux comprendre et mieux apprendre.
Classé espèce invasive, le bambou est pourtant un matériau unique. D’où la convention signée ce mardi par l’association BAM ! Bambou et le recteur, Jacques Mikulovic, dans les locaux du rectorat de Mayotte. Car il est question de développer un programme pédagogique dans les écoles, autour du bambou. Selon Arnaud Lezer, « cela va permettre d’offrir la possibilité aux élèves d’utiliser le bambou pour changer les mentalités. Leur donner quelque chose de concret, de réel à faire ». Le matériau servira ainsi de support pédagogique. Les élèves pourront l’utiliser dans toute sorte de situation. En géométrie pour assimiler la notion de diamètre par exemple, ou au moment d’étudier la résistance des objets. Ils pourront de ce fait saisir plus facilement les savoirs fondamentaux. Il ajoute : « ça leur donnera envie de comprendre et donc envie d’apprendre ». L’association veut ainsi remobiliser les enfants à l’école, leur donner de l’ambition et relancer la filière du bambou. « On ne fait pas ça seulement pour les élèves, on fait ça aussi pour Mayotte et pour le climat », précise le vice-président de l’association, Ali Toybou Ali, connu sous le surnom de « Babali ».
Renouer avec le savoir-faire
Le bambou était utilisé dans la construction d’habitations traditionnelles. Mélangé à du torchis, il pouvait tenir cinquante ans. Seulement, en 1984, un ouragan a frappé Mayotte. Les toits se sont envolés et les maisons sont restées à nu. Les murs, avec les aléas et sans protection, ont vite pourri. Les Mahorais ont donc associé cette matière à un matériau de « pauvre ». L’association souhaite donc renouer avec les traditions et les savoir-faire d’antan. « On pense toujours à inventer mieux, pourtant le béton est moins pertinent que le bambou et le torchis » a affirmé Jacques Mikulovic, recteur. Alors que le béton est extrêmement demandeur en eau, la crise hydrique que connaît le territoire pourrait favoriser l’espèce végétale. Selon le vice-président Babali : « nous, on n’a pas de pétrole, mais on a d’autres richesses exploitables ».
Seul frein cependant, le manque d’expérience menée avec ce matériau. Il s’agirait, par exemple, d’évaluer sa résistance au feu ou d’envoyer des échantillons en métropole le tester sur divers critères. De son côté, l’association mène ses propres tests en submergeant d’eau salée des bouts de bambous pour juger de sa résistance.