Le président de l’Union des Comores pourrait rencontrer Emmanuel Macron, cette semaine. Dimanche 7 mai, sur le plateau de France 24, il a notamment évoqué l’opération actuellement menée à Mayotte pour à la fois expulser massivement des personnes en situation illégale et démolir des bidonvilles.
« C’est une crise, oui, mais pas grave. La France et les Comores ont toujours de bonnes relations », répond Azali Assoumani aux journalistes de France 24, dimanche soir, ajoutant « nonobstant le problème de Mayotte ». Alors qu’il y a réitéré l’idée que les Comores soient formées de quatre îles (Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), faisant fi des référendums des années 70, le président de l’Union des Comores est revenu sur la crise diplomatique entre son pays et la France. Pour rappel, les Comores refusent d’accueillir ses ressortissants en situation irrégulière appréhendés dans le cadre de l’opération Wuambushu depuis son début officiel, le lundi 24 avril. « Les refoulés », comme les autorités comoriennes les désignent, ne peuvent rentrer à Anjouan ou en Grande Comore sans présenter des papiers d’identité ou dans le cas des récentes procédures en lien avec Wuambushu. L’accord signé en 2019 dans le cadre de la coopération régionale avait pourtant entériné ces renvois. Seulement voilà, inquiète qu’une instabilité politique naisse d’un trop grand nombre de retours et reprenant la posture habituelle d’une Mayotte comorienne, l’Union dit désormais : « non ! » aux reconduites. Son président demande d’ailleurs « une pause dans cette opération ». « Je ne vais pas accepter que les Comoriens de trois îles qui sont là-bas soient acceptés [aux Comores] contre de l’argent. Néanmoins, on est prêt à discuter dans le cadre des relations entre la France et les Comores », argue celui qui semble privilégier le dialogue, laissant le plus souvent les diatribes les plus critiques aux membres de son gouvernement.
« Je ne cède pas aux chantages »
Le journaliste Marc Perelman rappelle qu’en 2018 un gel des visas pour les Comoriens avait déjà eu lieu pendant la dernière crise diplomatique. « Je souris parce que pour moi, ça me mal qu’on fasse du chantage. Ce n’est pas à la mesure d’un pays comme la France. Elle l’a déjà fait et ça n’a pas donné de bons résultats. Je ne cède pas aux chantages », estime-t-il, avant de demander à nouveau « à s’asseoir et discuter ». Il dit avoir échangé avec le président Emmanuel Macron par deux fois. « Toutes les caméras se tournent vers Mayotte pour dire qu’on expulse les Comoriens. Je lui ai dit : « ça, monsieur le président, je ne suis pas d’accord » », raconte celui qui est désormais président de l’Union africaine. Il confirme « l’hypothèse » qu’il rencontre prochainement le chef de l’État français. Il évoque également des rencontres entre les différents ministères des deux pays pour trouver une solution, « pas que l’Intérieur ».
Alors que la préfecture de Mayotte se trouve toujours embêtée pour procéder à l’éloignement des Comoriens en situation irrégulière qu’elle appréhende chaque jour (voir par ailleurs), l’homme d’État refuse de voir l’immigration comme un moyen de pression. « Je n’ai pas compris la question. Quel chantage ? Les passeurs qui laissent les gens aller à Mayotte, ce n’est pas moi, ce sont des gens qui laissent les gens aller et gardent l’argent pour ça », défend-il. « Moi, au contraire, j’ai tout fait pour empêcher les Comoriens d’aller mourir en mer. »
Toujours dans la même veine, il ne voit pas pourquoi les Comores sont tenues responsables de l’insécurité persistante chez son voisin mahorais. « La France gère Mayotte depuis 47 ans, donc elle est responsable, pour ne pas dire coupable. Si on parle de délinquance, de n’importe quoi, je n’y suis pour rien », soutient-il.