JAM NEPFE (Jeunes à Mayotte né(e)s en France de parents étrangers) est une association qui revendique les droits des jeunes à Mayotte dont les parents sont étrangers. Elle a pour but de faire reconnaître l’acquisition par résidence de la nationalité.
L’association JAM NEPFE (Jeunes à Mayotte né(e)s en France de parents étrangers) a lancé une pétition qui obligerait les professeurs à informer les élèves de leurs droits. En effet, la procédure pour obtenir un titre de séjour peut être engagée dès l’âge de 13 ans, ce qui est méconnu de beaucoup. Nombreux sont ceux qui attendent l’âge de 16 ans, voire leur majorité, pour faire la demande. Par ailleurs, pour obtenir un titre de séjour, la loi asile-immigration du 1er mars 2019 exige que l’un des deux parents soit en possession d’un titre de séjour de plus de cinq ans. Le titre est cependant refusé si une personne de l’entourage est en situation irrégulière. « C’est un cercle vicieux », déclare Faoulina, 20 ans, l’une des deux représentantes de l’association. « Nous sommes nés avant cette loi, nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes concernés. »
Habachia, 20 ans, l’autre représentante de l’association, raconte : « On étudie ici de la maternelle à la terminale. A 18 ans, on est mis dehors. On ne peut pas travailler ni voyager. Les garçons sont envoyés voler pour gagner de l’argent et les filles sont mariées ». Faoulina atteste : « Pour moi, Mayotte, c’est mon pays. Je n’ai pas choisi de naître ici mais je ne me vois pas vivre ailleurs ». Les enfants, ayant grandi à Mayotte, à l’âge de 18 ans, se voient nier l’accès aux études supérieures sans titre de séjour. « J’ai fait des études, j’ai voulu partir par la suite pour faire une licence de droit mais je n’ai pas pu. Je me suis alors rendue en manifestation et j’ai vu que je n’étais pas la seule concernée. Nous voulons juste pouvoir étudier », poursuit-elle. Les deux jeunes femmes disent se sentir Françaises, et souhaitent s’intégrer.
L’association a d’autres ambitions. Elle voudrait réunir 1.000 membres, alors qu’elle en compte un peu plus de 200 aujourd’hui. Elle revendique de vouloir faire évoluer la loi pour accéder au titre de séjour et enlever un ajout fait en 2019. Celui-ci oblige les parents à être en situation régulière pour que leurs enfants obtiennent ce titre. « On nous pousse à avoir des enfants pour régulariser notre situation », déplore la jeune femme. Pour le titre de séjour, il y a plusieurs statuts. Le plus courant est le motif « vie privée ». Pour avoir cette mention, il faut que quelqu’un de la famille soit en situation régulière. Dans le cas contraire, il faut quelqu’un avec une carte d’identité française. Le seul moyen pour eux d’obtenir ce titre de séjour est donc de faire un enfant sur le territoire français.
Wuambushu, une crainte pour l’association
Outre les difficultés administratives, l’opération de lutte contre l’immigration illégale en ce moment sur l’île inquiète. « Avec Wuambushu, on ne sait pas ce qui va se passer. Certains récemment, avant l’opération, se sont fait expulser alors qu’ils passaient les épreuves du baccalauréat. Tout peut arriver », regrette Faoulina. Les familles ont peur. Un décasage en 2018 s’était produite à Mayotte. « Beaucoup de familles se sont retrouvées à la rue. Ils nous promettent un relogement mais on n’est jamais sûrs. ». L’opération suscite une réelle crainte au sein de l’association. « Nous sommes inquiets. Les mineurs vont se retrouver à la rue quand leurs parents seront expulsés. » Habachia affirme : « Cette opération, ça fait peur. Nous avons tous peur. Aux Comores, on n’a pas d’avenir ».
L’association a reçu du soutien pour leur bataille, notamment de la part de la CGT éducation ou encore de leurs professeurs. Le changement de cette loi est leur revendication principale. « On sait que si on ne gagne pas le combat, les générations qui arrivent n’auront plus rien. Si on le gagne en revanche, ils auront quelque chose. »