Les grandes manœuvres à Mayotte contre l’immigration illégale suscitent l’attention des médias nationaux et également des partis politiques. Une partie d’entre eux, ainsi que des syndicats, ont rappelé leurs positions via des communiqués.
Les Républicains : un soutien de la part de la fédération locale
« Lors des questions au Gouvernement la semaine dernière au Sénat, l’État, par le biais de son ministre délégué aux Outre-Mer a pour la première fois pris la parole est confirmé l’opération dite « Wuambushu » visant à lutter contre l’immigration clandestine et détruire les bidonvilles. Jusqu’alors, le gouvernement n’avait jamais confirmé cette affaire. Le parti Les Républicains – Fédération de Mayotte – a depuis longtemps demandé, notamment par la voie (voix) de Monsieur Mansour Kamardine, député de Mayotte, une telle mesure. Aujourd’hui, force est de constater que nous avons enfin été entendus et nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous tenons ici à affirmer de manière la plus solennelle que nous soutenons activement cette opération et invitons le gouvernement à l’amplifier et à la pérenniser au-delà de ces deux mois programmés. Aussi, à chaque fois que le gouvernement proposera des mesures ou des actions qui vont dans le sens des attentes et besoins des Mahorais pour garantir le développement de notre jeune département, dans quelque domaine que ce soit, nous lui apporterons notre soutien.
Par ailleurs, notre Fédération tient à préciser qu’elle a toujours été force de proposition, et que les différentes solutions ou alternatives proposées par notre parti au gouvernement concernant les sujets liés à l’immigration clandestine et à l’insécurité restent inchangées : la destruction des bidonvilles, qui constituent des zones de non-droit ou sévies toutes formes de violences (trafiques de drogues, proxénétisme, meurtres, prostitution, …) avec une insalubrité déplorable qui peuvent avoir des conséquences écologiques, environnementales et sanitaires irréversibles pour le territoire de Mayotte et sa population ; la récupération et la restitution de tous les terrains qui ont été expropriés à l’État, au Département, aux communes et aux mahorais ; l’expulsion systématique et aucune régularisation pour les personnes rentrées en situation irrégulières sur le territoire ; l’ouverture sur tout le reste du territoire national des titres de séjour délivré par la Préfecture de Mayotte ; la sécurisation de nos frontières maritimes ; le respect et l’acceptation définitive par les Comores de l’appartenance de Mayotte à la République Française ; le traitement des demandes d’asile et de séjour directement depuis le pays d’origine ; le respect par le gouvernement comorien sur les accords mutuels cosignés avec la France sur la lutte contre l’immigration clandestine ; la mise en place pour Mayotte par le gouvernement, d’un moratoire de cinq ans sur l’instruction et la délivrance des titres de séjour et demandes d’asile.
Il est temps que Mayotte retrouve un visage digne d’un vrai département français. La prolifération des cases en tôle avec une population entière en situation irrégulière contribue au sous-développement de notre territoire. La reconduite aux frontières par le biais de l’opération Wuambushu permettra à Mayotte de se stabiliser afin d’asseoir un vrai développement. Pour nous, l’opération n’est pas une haine contre les étrangers, mais une lutte pour améliorer les conditions de chacun dans le respect des lois qui régissent notre nation. Les Mahorais sont actuellement des populations de seconde zone sur leur propre territoire. Il est temps que cela change. La politique du grand remplacement doit cesser. La Fédération Les Républicains de Mayotte réaffirme tout son soutien à cette opération et aux mahorais, et sa détermination à lutter efficacement contre l’immigration clandestine. Les territoires de l’Outre-mer font la grandeur de la France, ils font partis de la République française et doivent être considérés et respectés par tous. »
Europe Écologie-Les Verts : EELV exige l’arrêt immédiat de l’opération Wuambushu
« Mayotte 101ème département français, depuis 2011, vit au rythme des annonces et des promesses de l’Etat français, alors que les situations sociales, économiques, sanitaires, institutionnelles, environnementales et sécuritaires demeurent chaotiques. Un important retard de moyens structurels associés à une précarité qui s’est généralisée, fait qu’aujourd’hui Mayotte connaît des tensions communautaires qui ne cessent de s’agrandir attisées par le pouvoir et les conflits autour de la problématique migratoire. Face à cette réalité, le Ministre Gérald Darmanin prévoit le 21 avril 2023 une opération de destructions massives de bidonvilles, de décasage et d’expulsions «d’étrangers en situations irrégulières », après le ramadan, sous le nom de code : Wuambushu.
Des forces de l’ordre et leurs unités d’élite sont massivement mobilisées pour permettre l’expulsion de 250 à 280 personnes par jour. Avec une mise en scène à grand spectacle, minutieusement orchestrée, tout laisse à penser que le ministre de l’Intérieur compte faire de Mayotte une terre d’expérimentation sécuritaire ! Pourtant cette stratégie du tout sécuritaire n’a fait que prouver qu’elle était inefficace et injuste pour ramener la paix et la sécurité sur place et elle est un nouvel aveu de la politique hors sol réalisée par ce gouvernement.
Nous ne pouvons accepter que la violence constitue la seule réponse à la situation de ce territoire. Nous estimons que le sous-développement est entretenu à Mayotte depuis longtemps par l’Etat français, comme il est maintenu dans de nombreux autres territoires ultramarins. Les flux migratoires vers Mayotte ne peuvent être détachés de la pauvreté des Comores et de Madagascar, de la mauvaise qualité des services publics de santé et d’éducation de ces pays voisins. Nous condamnons donc cette opération violente qui participe à stigmatiser des populations démunies, en distillant la haine et qui entrainera des violations massives des droits humains. Nous sollicitons la mise en place immédiate d’un plan Marshall pour l’archipel afin de réhabiliter les services publics à Mayotte et de soutenir ce développement dans les îles des Comores.
En conséquence, EELV exige l’arrêt immédiat de l’opération et demande la mise en place dans l’urgence d’une commission parlementaire. Celle-ci aurait pour mission d’évaluer la situation dans sa globalité, de faire des préconisations adaptées à la situation actuelle de crise et de dégager un accord-cadre avec l’État des Comores. »
CGT, FSU et Solidaires : contre l’opération et pour un meilleur accès aux droits
« Nos organisations syndicales CGT, FSU et l’Union syndicale Solidaires s’inquiètent fortement de l’opération Wuambushu, organisée par Gérald Darmanin et validée par Emmanuel Macron, prévue à Mayotte à partir du 21 avril. Cette opération prévoit de détruire massivement des habitats précaires et de multiplier les arrestations et les expulsions quotidiennes jusqu’à plusieurs centaines de personnes migrantes issues des îles voisines. Les destructions visent 5.000 personnes dans 1.000 « bangas », soit 10 % des habitats en tôles dans lesquels vit la moitié de la population de Mayotte. Nous craignons, à l’instar de nombreuses organisations internationales et nationales (CNCDH, UNICEF, LDH notamment) la multiplication des violences et des atteintes aux droits.
Or la situation à Mayotte, département français d’environ 300 000 habitants est déjà catastrophique : 80 % des habitant-es vivent sous le seuil de pauvreté et de nombreuses mesures d’exception sont la règle : le manque d’écoles oblige à accueillir les enfants par demi-journées et plus de 6000 enfants ne sont pas scolarisés ; des milliers d’enfants sont enfermé-es en centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA) et certain-es ont été expulsé-es vers les Comores malgré plusieurs condamnations de la Cour européenne des droits de l’Homme, des mineur-es revenant de l’école se sont retrouvé-es sans logement et ne sachant pas où leurs parents se trouvaient, ceux-ci faisant l’objet d’éloignements expéditifs et abusifs.
Dans un rapport d’information, la commission des affaires sociales du Sénat parle d’un « système de soins à bout de souffle » : à Mayotte 45 % des habitants de plus de 15 ans déclarent avoir dû renoncer à des soins en 2019, la protection universelle maladie (PUMa) n’y est pas applicable, ni la complémentaire CMU-C, le nombre de lits disponibles est très en-deçà des ratios (à peine 40 % de la moyenne hexagonal) et l’Aide Médicale d’État, système de santé pour les personnes sans papiers ne s’applique à Mayotte. L’accès aux demandes d’asile est très compliqué et 86% des demandes d’asile sont rejetées. 10 avocats pour 100.000 habitants, contre 103 pour 100.000 en métropole. Plus de 20.000 le nombre de personnes ayant perdu la vie en tentant la traversée depuis les îles voisines depuis 1995, année de l’entrée en vigueur du « visa Balladur » (qui restreint la circulation vers Mayotte depuis les Comores et qui ne donne pas la possibilité de se rendre à La Réunion ou dans l’Hexagone). Des bacheliers titulaires de ce visa ou sans papiers sont privés d’étude en métropole. Plus de 1.800 habitations détruites, ce qui concerne plus de 8.500 personnes, depuis la fin de l’année 2020. L’accès aux droits est mis à mal par l’absence de moyens humains et matériels.
La CGT, la FSU et l’Union syndicale Solidaires appellent le gouvernement à arrêter toutes les mesures répressives. Ce qu’il faut à Mayotte c’est l’égalité des droits (y compris pour les étrangers) et d’accès aux services publics et de réels moyens pour la santé, l’éducation et le logement pour l’ensemble de la population. »