Le moringué, un art martial de plus en plus décrié

Comme à l’accoutumée, le moringué est un sport de combat traditionnel qui se déroule dans les quatre coins de l’île de Mayotte, surtout pendant les nuits du mois de ramadan. Mais les municipalités le voient de plus en plus d’un mauvais œil, car les combats à poings nus qui se font d’une manière illégale sont accusés d’attiser la violence.

Ce dernier dimanche avant la fin du mois du ramadan, des jeunes convergent vers le plateau de Kawéni. De loin, on entend résonner le bruit des seaux métalliques et des poubelles qui servent d’instruments et battent le rappel. Il est 23h et le tournoi de football vient de se terminer. La foule forme un grand cercle pour ouvrir l’espace dédié aux combattants. Les adolescents et les enfants non accompagnés sont les plus représentés dans le public. Chargés de faire respecter les règles du moringué et de garantir la sécurité des adversaires, deux arbitres au centre supervisent le déroulement des combats.

Chaque spectateur de tout âge sur place peut descendre dans le cercle et attendre qu’un adversaire se manifeste. Ils ne se battent pas pour de l’argent, mais pour le plaisir de cogner. Peu importe si les coups portés aux tibias, aux poignets et à d’autres parties du corps peuvent causer des fractures, des lésions musculaires, et d’autres blessures à la tête. Jugé parfois barbare, le combat se veut un défouloir pour ceux qui participent. Et preuve qu’il est respecté, aucun membre de sécurité n’est présent à l’intérieur et à l’extérieur du plateau.

 Des heurts en marge des combats

Toutefois, ça ne se passe pas toujours comme ça. La pratique peut faire ressurgir des rivalités entre villages et entre familles, conduisant conduire à des tensions et des conflits. C’était le cas récemment à Hajangua, village de Dembéni, où un moringué a fini en affrontement avec des gens de Nyambadao, la localité située dans la commune de Bandrélé. Les forces de l’ordre ont dû intervenir. A Chirongui, des tensions entre des jeunes des villages de Mramadoudou et Tsimkoura ont été constatées de nouveau pendant le ramadan. Une partie de la population y a vu l’organisation d’un moringué qui en serait l’origine.

Concernée aussi par des combats qui ont dégénéré ensuite en violences, la ville de Mamoudzou a récemment rappelé « qu’un arrêté municipal interdit formellement tout rassemblement non autorisé de ce type pour le maintien de l’ordre public et en appelle à la responsabilité de tous ».

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