Un refuge pour la biodiversité inauguré au parc de Mahabou

Le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) coordonne le programme des « refuges LPO* » à l’échelle du territoire, avec pour objectif de « ramener la biodiversité en ville ». Le parc de la pointe Mahabou est un site pilote du projet, inauguré ce mardi matin. Divers nichoirs et gîtes à insectes ont été installés pour l’occasion.

Sur le portail d’entrée peut-être ? Ou sur la poutre du faré quelques mètres plus loin ? Pendant quelques minutes, les équipes du Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) hésitent quant à l’emplacement exact à donner à la pancarte officielle… « Là ! On la voit bien ! » Sur le portail donc. La plaque symbolise la sélection du parc de la pointe Mahabou, à Mamoudzou, comme site pilote de l’adaptation du programme des « refuges LPO* » à Mayotte. Ces refuges sont des terrains publics ou privés sur lesquels les propriétaires s’engagent à suivre une charte de bonnes pratiques écologiques, déclinée en quinze gestes à appliquer (voir encadré). « Le parc de Mahabou a été sélectionné parce qu’un certain nombre de ces gestes étaient déjà respectés. On y observe beaucoup d’oiseaux, et c’est de bon augure pour en faire une vitrine des refuges LPO », se ravit Émilien Dautrey, le directeur du Gepomay. Le deuxième site pilote – le gîte de Mliha – a quant à lui été baptisé ce samedi 1er avril.

Une dizaine de nichoirs installés

 En marge de l’inauguration ce mardi matin, plusieurs nichoirs et « hôtels à insectes » ont été installés : des petites cabanes en bois massif, dont la taille et l’agencement diffèrent selon les espèces visées. Passereaux, chouettes et papillons ont désormais des abris disséminés dans le parc. « C’est un projet pilote, donc on verra ce que ça donne, mais on espère voir oiseaux et insectes investir les lieux ! », confie Laurie Gaillard, chargée de mission biodiversité urbaine au Gepomay, qui indique que ce dispositif permettra de sensibiliser le grand public. « On pourra faire venir des scolaires pour leur montrer les nichoirs. La démarche de science participative est au cœur du projet de refuge LPO », précise-t-elle. Au quotidien, les équipes du conseil départemental, gestionnaire du site, feront le lien avec le Gepomay pour informer des comportements des animaux observés.

En parallèle, et toujours dans la ligne directrice édictée par la charte « refuges LPO », un travail a été mené pour réduire l’influence des espèces végétales exotiques et envahissantes (EVEE) dans le parc de la pointe Mahabou. Trois d’entre elles parmi les plus invasives – le faux mimosa, la liane corail et l’avocat marron – ont été ciblées et arrachées sur toute une parcelle. Neuf espèces indigènes ont été replantées à la place.

Des méthodes adaptées localement

Ce projet pilote – financé à hauteur de 20.000 euros par le plan de relance via l’Office français de la biodiversité et de 5.000 euros par la Drajes* – doit permettre au Gepomay d’adapter les quinze gestes des refuges LPO à la réalité du terrain mahorais d’ici le mois de juin. « Il nous faut par exemple adapter nos méthodes stockage de l’eau pour éviter la prolifération des moustiques », illustre le directeur du Gepomay. Une fois la charte mahoraise finalisée, le grand public pourra s’en emparer. « On espère que ça donnera envie aux entreprises et aux collectivités de créer leurs propres refuges », poursuit-il.

* Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)

* Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports

 Les quinze gestes-clé des refuges LPO

  • Je fais de mon terrain un espace sans chasse pour la biodiversité
  • Je n’utilise pas de produits chimiques nocifs pour la faune et la flore
  • Je favorise les gâtes naturels et aménage mon jardin pour accueillir la faune sauvage
  • Je laisse des zones d’herbes hautes et de fleurs sauvages
  • Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes
  • Je favorise l’accès aux ressources alimentaires naturelles pour la faune sauvage
  • Je favorise la circulation de la faune sauvage
  • Je limite mon emprise sur le sol vivant
  • Je limite les pollutions lumineuses et sonores pour respecter la faune et la flore sauvages
  • Je cohabite avec la faune et la flore sauvages du bâti
  • Je récupère l’eau de pluie et dispose des points d’eau pour la faune
  • Je transforme mes déchets organiques en compost
  • Je neutralise les pièges potentiels pour la faune au jardin
  • Je contribue aux programmes de sciences participatives
  • Je deviens ambassadeur de la nature

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