Les affrontements entre bandes à proximité des collège et lycée de Dzoumogné ont poussé le personnel à exercer leur droit de retrait depuis ce mardi. Une soixantaine de professeurs ont même demandé une réaffectation au rectorat. Ce jeudi, le collectif des personnels du LPO et du collège a fixé la reprise du travail à plusieurs mesures, dont un renforcement des équipements de sécurité, des plans d’évacuation, des changements dans le fonctionnement du transport scolaire et le recrutement de nouveaux médiateurs.
« 1) La rédaction d’un protocole d’évacuation des deux établissements et sa diffusion au personnel est indispensable avant la reprise. La tenue d’un exercice de mise en pratique dès la reprise serait souhaitable. Celle-ci semblant peu envisageable rapidement, cet exercice devra donc être programmé dans un délai contenu. La définition de la chaîne de responsabilité doit être déterminée, la gendarmerie semblant être la mieux placée pour juger des problématiques de sécurité.
2) Les personnels demandent absolument la rédaction de nouveaux Plans Particuliers de Mise en Sûreté (PPMS) et des procédures en cas d’incendie. Ces travaux pourront être réalisés en interne par des bureaux composés de personnels interdisciplinaires constitués et pilotés par les chefs d’établissements.
3) Suite aux derniers événements, il apparaît indispensable de renforcer les grillages à l’arrière du collège, déjà signalés à plusieurs reprises, et qui sont toujours sujets à des faiblesses sécuritaires inacceptables. De plus, afin de sécuriser davantage les établissements, l’installation de filets anti-caillassages le long des rues serait souhaitable.
4) Il apparaît important de tenir une série de réunions des acteurs majeurs nécessaires à cette sécurité dont nous regrettons, pour certains, qu’ils soient si rarement entendus. Ces réunions devront se tenir le plus rapidement possible et traiter une série de thèmes listés ci-après :
– Le transport des élèves : fin du hub entre le lycée et le collège, transport direct vers et depuis Bandraboua, redéfinition des secteurs par bus, travail sur la communication entre Transdev et les établissements, travail sur la collecte des élèves (prise en charge accélérée des élèves et transport des médiateurs) et accélérer les procédures de titres de transport temporaires.
– La sécurité à l’extérieur des établissements : mise en place de vidéo surveillance sur la voie publique (sur la rue principale mais aussi sur les rues adjacentes), présence accrue et permanente des forces de l’ordre, à minima cinq équipes de quatre sur toute la rue principale, présence également de la police municipale qui possède une proximité avec les habitants, retour des médiateurs, avec un recrutement issu des villages cibles, transport des médiateurs dans les bus avec les élèves, participation des parents à la sécurisation autour des établissements, recrutement massif d’éducateurs de rue avec mise en place d’activités socio-culturelles, protection des installations sportives de Dzoumogné, Bandraboua et autres sites, utilisation du plateau sportif actuel pour permettre le chargement et le déchargement des bus desservant les établissements et prise en charge directe des frais de réparations sur les véhicules endommagés sans passer par les assurances personnelles.
Pour chacun des thèmes listés ci-dessus, sera attendu un compte-rendu des décisions prises. Il est attendu une synthèse de ces réunions avant les vacances d’avril, apportant une réponse globale.
5) Une cellule d’écoute a été mise en place pour les personnels la semaine dernière au lycée, du 13 au 18 Mars, nous regrettons que celle-ci se soit déroulée au même moment que la restitution des travaux faits le jour même sur ce sujet. Les personnels souhaitant y participer ne pouvaient que le manifester publiquement tout en renonçant à participer au travail collectif ainsi qu’à la réponse de la hiérarchie. De même, une cellule d’écoute a été mise en place au collège ce jour, les personnels du lycée n’en ayant pas été informés. Concernant ces cellules, il est indispensable qu’elles soient étendues aux élèves dès la reprise, à leur demande et/ou à la demande de leurs professeurs. De même, un temps de parole leur étant consacré doit systématiquement être organisé après chaque incident d’ampleur. De plus, il est demandé un lieu neutre pour que le personnel puisse débriefer. Enfin, une formation du personnel pour la gestion du stress post-traumatique des élèves serait plus que souhaitable.
6) Nous connaissons bien la problématique de la gendarmerie et leur sommes reconnaissants de leurs efforts pour assurer notre sécurité. Néanmoins, il apparaît au cours des derniers évènements que les tentatives de présence discrète soient un échec et que dès leur absence, des violences urbaines éclatent à proximité des établissements impactant directement la sécurité intérieure par le biais de jets de projectiles imprévisibles. Fort heureusement, pour le moment, il n’y a que des blessures légères et dégâts matériels à déplorer.
7) Nous constatons une augmentation des violences urbaines suite à l’arrêt des médiateurs aux abords des établissements. Il semble pertinent et souhaitable de recruter des médiateurs issus des villages de résidence de notre public cible. Ceux-ci auraient donc une bonne connaissance des élèves et de leurs problématiques. Pour venir et repartir de Dzoumogné, ils pourraient utiliser les transports en bus assurant ainsi la continuité de leur présence auprès des élèves jusqu’à leur lieu de résidence.
8) Concernant les problèmes de transport et s’agissant particulièrement du hub de Dzoumogné, les espaces sont absolument et totalement inadaptés au trafic et aux flux de personnes inhérents. Il faut absolument décider l’établissement d’un hub raisonnablement éloigné des établissements avec des dispositifs de sécurité adaptés. En l’attente de ce remaniement, il devient indispensable de conduire les élèves de l’annexe directement à Bandraboua, évitant ainsi les attroupements inutiles. Pour le collège, la prise en charge à la fin des cours des élèves dans un délai raisonnable est indispensable car cela génère de la frustration et des attroupements propices aux débordements.
9) Dans le cadre du renforcement du lien positif entre les élèves et les établissements, en complément du retour des médiateurs, des temps de parole et d’écoute des élèves, il apparaît indispensable de mettre en place des projets sociaux-éducatifs supplémentaires. Ainsi, nous proposons l’installation de bureaux d’associations à l’intérieur des établissements avec le concours et en appui des vies scolaires, la mise en place d’ateliers avec ou sans partenaires extérieurs sur propositions construites par les personnels. La communication actuelle sur les projets effectifs ne permet pas de connaître l’avancement ou le calendrier de réalisation des projets en place et ainsi de maximiser leurs efficiences auprès des élèves. Ces différents projets ne pourront voir le jour qu’avec l’appui et la coordination des chefs d’établissements. »