L’association Likoli Dago organisait les Journées de rencontres sur le bambou et ses usages possibles, les vendredi 17 et samedi 18 mars. L’occasion de valoriser ce matériau respectueux de l’environnement.
« Mon grand-père m’a appris le tressage du bambou. Mais à ce moment-là, je pensais qu’artisan n’était pas un bon métier. Il y a pleins de choses que je n’ai pas appris, que je ne lui ai pas demandées. Et aujourd’hui, je regrette. » A 19 ans, Mohamed Mdere perpétue finalement l’héritage familial. Il y a encore quelques mois, le jeune homme fabriquait tout seul, dans son coin, des lampes, des abats-jour, des maquettes en bambou et même des cadres de vélo. Entre-temps, l’artisan s’est fait son petit réseau dans le milieu du bambou. A tel point qu’il manque désormais de temps pour créer. « Je fabrique à la main, je fais tout au chombo, je n’ai pas de machine, alors ça prend du temps », précise le jeune créateur qui souhaite réaliser notamment une lampe en forme de verre à pied ou bien une maison miniature en forme de hibou. Mohamed Mdere fait partie des intervenants qui présentaient leurs créations au Pôle d’excellence rural de Coconi à l’occasion d’une matinée de conférences réservées à la présentation de projets mahorais et internationaux. L’objectif : comprendre les emplois et les usages du bambou. Vendredi 17 et samedi 18 mars, l’association Likoli Dago, qui a vocation à « former et sensibiliser aux enjeux d’une construction plus durable pour Mayotte », organisait en effet les Journées de rencontres sur le bambou et ses usages possibles.
« Une ressource intéressante »
Deux journées de conférences et d’ateliers qui s’inscrivaient dans le cadre du projet Soma. « Un programme d’échanges de savoir-faire à Mayotte, grâce aux financements d’Action logement, qui vise à répondre à la transformation de quartiers précaires », précise Adélaïde Papay, animatrice de l’événement et membre de l’association Likoli Dago. Au sein de ce programme, l’une des thématiques abordées est donc la construction responsable. « L’idée est d’utiliser des matériaux plus respectueux de l’environnement. On part du constat qu’à Mayotte, on a du bambou et qu’il s’agit donc d’une ressource intéressante », poursuit l’animatrice de l’événement.
Pendant deux jours, l’association a donc présenté les pratiques ancestrales du bambou et les manières dont il est utilisé ailleurs. « On se rend compte qu’il est notamment très utilisé dans le luxe, que ça peut être un matériau noble, alors qu’à Mayotte, il est souvent assimilé à un retour en arrière », indique Adélaïde Papay. Jean-Luc Kouyoumji, chercheur au centre technologique FBCA et expert international du bambou, a notamment animé une conférence sur la valorisation du patrimoine local grâce à ce matériau. L’occasion de rappeler également les connaissances accumulées autour de cette ressource mais aussi le cadre dans lequel elle peut permettre de développer l’économie locale.
Et au-delà de ces avantages, le bambou peut également limiter le phénomène d’érosion. « Il retient notamment les sols grâce à ses racines et permet également de filtrer l’eau et d’absorber certaines toxines », indique l’animatrice de l’événement, qui a également organisé ateliers de fabrication en bambou pour initier les habitants aux savoir-faire artisanaux.