Dans le cadre de la semaine des mathématiques, les futurs enseignants de la discipline en formation au centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni ont organisé ce mardi une journée d’ateliers et de jeux savants à destination des scolaires. Près de 300 élèves ont participé à l’événement.
« Deux tiers ! », s’exclame le jeune garçon qui, d’un grand geste de la main, s’empare du petit totem en bambou disposé au centre de la table, et refile le reste de son paquet de cartes au camarade lui faisant face, moins rapide. Entassés sous l’un des chapiteaux montés sur le plateau sportif du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni, ce mardi matin, ces élèves de sixième jouent au « Jungle Maths » : une variante mathématiques du fameux « Jungle Speed » inventée par Maxime et Antoine, enseignants stagiaires en deuxième année de master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation). Le principe est simple : les joueurs retournent une carte chacun à leur tour, sur laquelle se trouve une fraction (sous forme numérique, de parts de pizza, ou de ligne graduée). Lorsque deux joueurs ont devant eux des fractions de même valeur, ils doivent attraper le totem le plus vite possible.
Sur le reste de l’esplanade, d’autres chapiteaux abritent différents ateliers, tous centrés sur les mathématiques. L’événement était organisé par les élèves du master MEEF du CUFR, enseignants stagiaires lauréats du Capes à affectation locale, dans le cadre de la semaine des mathématiques – une action nationale visant à « proposer une image actuelle et vivante » de la discipline. Près de 300 élèves de primaire et du secondaire des quatre coins de l’île ont été accueillis pour participer aux activités proposées. Cartographie, algorithmie, puzzles et casse-têtes… de quoi bien s’amuser !
Faire des maths sans s’en rendre compte
« La semaine des maths, c’est fait pour montrer nos outils pédagogiques… et la journée d’aujourd’hui est basée sur le jeu ! », renseigne Xavier Meyrier, l’inspecteur académique de mathématiques. « Le jeu permet de mettre les élèves à l’aise. Les enfants, naturellement, aiment jouer. C’est idéal pour aborder une nouvelle notion, ou en fin de chapitre pour réinvestir les connaissances. Cette pédagogie a toute sa place en classe », estime Abdallah Hachim, enseignant stagiaire, qui initie ce mardi les élèves à différents puzzles et casse-têtes qu’il a confectionnés lui-même. « Ces jeux reposent sur des théories mathématiques, mais le joueur les résout avec sa logique. C’est un bon moyen de montrer aux élèves que dans les maths, on ne réussit pas tout d’un coup ! On essaye, on échoue, on réessaye… et malgré la difficulté, on continue. C’est un principe d’apprentissage général », plaide le jeune homme, par ailleurs récompensé en juin dernier aux Trophées mahorais de l’entreprise pour sa plateforme de soutien scolaire en ligne. A tour de rôle, des groupes d’élèves passent sous son chapiteau et se confrontent aux casse-têtes proposés : un puzzle pour aborder la symétrie, un tour de magie pour découvrir les nombres binaires… on fait des maths sans s’en même rendre compte.
Alors que la dernière enquête TIMSS du Boston College – qui évalue les compétences en maths des élèves de CM1 et de quatrième dans les différents pays de l’OCDE – plaçait la France en queue de peloton, la pédagogie ludique est-elle une solution pour redresser la barre ? « Ré-intéresser les élèves aux mathématiques est une nécessité. D’une part, il y a un socle commun de connaissances mathématiques qu’il est indispensable pour un citoyen de connaître au XXIe siècle. D’autre part, les mathématiques sont aussi un outil pour tendre vers l’excellence. En créant de l’émulation autour des maths, on donne de l’ambition aux jeunes. C’est primordial sur ce territoire », répond l’inspecteur.
Les Olympiades des mathématiques de retour à Mayotte
Alors que de nombreuses actions ont été menées dans les établissements de l’île dans le cadre de la semaine des mathématiques, notons que pour la première fois depuis plusieurs années, les Olympiades de mathématiques se tiennent à Mayotte, ce mercredi matin. 709 élèves des classes de première de six lycées de l’île se sont inscrits pour participer à cette épreuve de quatre heures au cours de laquelle ils devront résoudre des problèmes complexes, qui nécessitent une approche particulière. « Les participants doivent certes mobiliser des connaissances antérieures, mais aussi leur intuition, leur logique. Ce sont des problèmes tout à fait différents de ceux étudiés en classe », informe Dominique de Bollivier, enseignante au lycée de Petite-Terre, qui a activement participé à l’organisation – et donc au retour – du concours dans l’académie de Mayotte. « Dans mon petit groupe de préparation des Olympiades, l’un des élèves m’a demandé : – Madame, pourquoi les maths c’est pas tout le temps comme ça ? ». Pour les participants, les Olympiades sont l’occasion de se confronter aux autres, mais surtout à eux-mêmes. « C’est un premier aperçu de ce qui les attend plus tard : les examens, les concours… », avance l’enseignante. « On espère que certains élèves mahorais pourront être récompensés au niveau national, comme cela a pu être le cas sur d’autres concours ! », concède Xavier Meyrier, l’inspecteur.