Depuis le 1er janvier 2023, le Crous de l’océan Indien est devenu « Crous de la Réunion et de Mayotte », officialisant l’implantation de l’institution sur notre île. Un guichet a été ouvert sur le campus de Dembéni, pour y soutenir les étudiants de l’académie, avec une volonté d’aligner rapidement l’offre de services sur le modèle hexagonal.
Enfin un centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) à Mayotte ! Le décret entré en vigueur ce 1er janvier officialise le nouveau « Crous de la Réunion et de Mayotte ». Un guichet récemment inauguré au Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni accueille les étudiants pour leur venir en aide. Si dans l’Hexagone, les Crous gèrent – entre autres – l’octroi des bourses, le logement étudiant et la restauration universitaire, que peut-on attendre de son implantation à Mayotte ?
Premier effet, le déploiement du Crous à Mayotte permettra le traitement des bourses – actuellement instruites et validées par le rectorat – par l’ensemble des gestionnaires du dossier social étudiant (DSE) du Crous Réunion-Mayotte, dont une est affectée sur notre île. Ceci devrait permettre à davantage d’étudiants d’accéder à la bourse. « Nous avons constaté qu’un certain nombre d’étudiants censés en être bénéficiaires, pour des questions administratives, ne parviennent pas forcément à boucler leur dossier et passent à côté de la bourse. L’idée, c’est de capter un maximum d’entre eux », renseigne Amaury Millet, directeur-adjoint du Crous Réunion-Mayotte.
Renforcer l’offre de restauration universitaire
Le Crous prend également à son compte l’offre de restauration proposée par la société Panima sur le campus de Dembéni, au tarif social d’un euro pour les étudiants boursiers ou en situation de précarité, et à 3,30 euros pour les autres étudiants. « Le paiement sans contact avec Izly sera mis en place dans la cafétéria qui a ouvert ses portes en janvier », renseigne par ailleurs le service de la communication du Crous Réunion-Mayotte. « Ce système de porte-monnaie électronique devrait permettre de fluidifier le passage à la restauration, et donc de maximiser le nombre d’étudiants pouvant en bénéficier », précise le directeur-adjoint. M’colo Bacar M’colo, responsable du site de Mayotte, abonde : « Jusqu’au mois de décembre, on servait environ 80 repas par jour. On est déjà passés à 300. Maintenant, l’objectif est de passer sur de la restauration à l’assiette, et plus en barquette ». De plus, « cela évite de devoir avoir des espèces sur soi, ce qui répond à une problématique de sécurité remontée par les associations étudiantes », informe également le directeur.
Une assistante sociale à temps plein
« Nous, ce qu’on espère, c’est un alignement de l’offre de services de l’antenne de Mayotte sur celle des Crous de métropole », nous indiquait il y a quelques semaines Saïd Mouhamadi, directeur de l’association des étudiants et jeunes de Mayotte (AEJM). Outre la bourse et le logement universitaire, dans l’Hexagone, les Crous chapeautent un certain nombre d’actions sociales dont peuvent bénéficier les étudiants : aides alimentaires ou psychologiques, par exemple. « L’antenne mahoraise devra répondre aux enjeux sociaux de notre territoire. On a des spécificités locales qui méritent une attention particulière : les caillassages et autres problèmes d’insécurité laissent des traumatismes qui devraient être pris en charge par des services sociaux universitaires », plaidait-il. « Une assistante sociale à temps plein est en cours de recrutement, pour une prise de poste en avril », répond Amaury Millet. « C’est un effort particulier qui a été fait, pour répondre aux problématiques du territoire. Une assistante sociale pour environ 2.500 étudiants mahorais, c’est bien mieux qu’en métropole où le ratio est plutôt d’une pour 7.000 étudiants ! »
Pas encore de projet de logement
En métropole, le Crous est également connu pour gérer la question du logement étudiant, via un réseau de résidences universitaires. A Mayotte, une telle offre pourrait répondre à la double problématique de la sécurité et des temps de trajet. « Beaucoup d’étudiants se lèvent à 4 heures du matin pour venir au CUFR, et en repartent seulement à 17 heures », nous rapportait ainsi le directeur de l’AEJM. Si le sujet « est discuté en réunion », aucun projet n’est pour l’heure dans les tuyaux. « Pour justifier l’ouverture d’une résidence étudiante, il faut qu’elle soit composée d’au minimum 80 logements. Y a-t-il une population estudiantine suffisante pour l’envisager ? A l’inverse, il ne faudrait pas se lancer trop vite dans un projet sous-dimensionné au regard de l’évolution du nombre d’étudiants à Mayotte… C’est quelque chose qui doit être étudié ! », assure le directeur-adjoint du Crous Réunion-Mayotte, qui mentionne également le problème du foncier aux abords du centre universitaire de Dembéni.
Enfin, le Crous collectera la CVEC (contribution de vie étudiante et de campus) pour favoriser les initiatives étudiants dans les domaines de la culture, de la santé, ou du sport. « Des échanges culturels sont déjà programmés avec la venue, en mai prochain, d’étudiants mahorais à La Réunion. »
Notons que le rattachement de notre site à un Crous régional Réunion-Mayotte a par ailleurs fait lever quelques sourcils. « En constatant la difficulté que nous avons eue à nous détacher de l’Agence régionale de santé de la Réunion, je ne voulais pas que nous entrions dans une démarche similaire pour le Crous », déplore par exemple Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3. « En l’état actuel des choses, une structure complètement autonome ne serait pas viable au regard de la dimension du centre universitaire et du nombre d’étudiants sur l’île », estime Amaury Millet. « L’avantage d’être une nouvelle extension, c’est de pouvoir bénéficier de toutes les infrastructures et compétences existantes. […] Nous sommes heureux d’apporter notre expertise, avec, bien entendu, une prise en compte des spécificités particulières du territoire de Mayotte ».
L’académie de Mayotte se félicite de cette création
« Depuis quelques jours, une délégation du Crous national est à Mayotte pour accompagner le déploiement et l’installation de l’antenne mahoraise. Nous nous réjouissons de cette initiative qui permet l’installation physique dans les locaux que le CUFR met à disposition, de trois personnes : un responsable de site, un gestionnaire pour le suivi des bourses et une assistante sociale. Le ratio habituel d’encadrement d’un gestionnaire est d’un pour 3.300 dossiers. Le process est dématérialisé pour l’ensemble des étudiants ; les dossiers sont pris en charge par l’ensemble des agents du Crous qui traiteront les demandes de bourse, toutefois avec la possibilité pour la gestionnaire présente sur site, à Mayotte, de prendre la main sur le système en cas de difficultés de nos étudiants à effectuer l’ensemble de leurs démarches. De même, nous saluons le recrutement d’une assistante sociale, le ratio traditionnel étant lui de 1 pour 7.000 étudiants, nous avons souhaité sur Mayotte avoir plus de latitude pour encadrer nos 2.500 étudiants (en incluant les BTS). Cette étape renforce le CUFR dans l’amélioration de l’accompagnement de nos étudiants. Elle permet d’envisager avec plus de sérénité l’extension de l’activité de formation et de recherche du CUFR, de renforcer les perspectives d’évolutions de son statut en établissement pleinement autonome. Un nouveau pas est franchi pour renforcer la position de l’enseignement supérieur à Mayotte. Gageons que d’autres suivront pour répondre encore davantage aux besoins de notre territoire. »