La journée de vendredi était à nouveau chargée du côté du tribunal judiciaire de Mamoudzou. Trois jeunes hommes ont été condamnés à plusieurs années de prison pour des barrages sur la route de Vahibé à la fin du mois de janvier. Des passeurs, dont certains au sein d’un réseau bien en place, resteront aussi pour quelques années à la prison de Majicavo.
« Vous terrorisez les gens la nuit »
Quatre victimes étaient sur le banc du tribunal judiciaire de Mamoudzou. Mais elles auraient pu être beaucoup plus. Ces derniers mois, les barrages sur la route de Vahibé sont récurrents. Ils auraient même pu coûter la vie à un homme d’origine africaine, agressé le 29 janvier. Frappé à la tête avec une barre en fer et dépouillé, il avait été laissé pour mort. Deux jours après, ce sont trois autres personnes qui ont été attaqués en passant près du village au sud de Mamoudzou. En retrouvant les nouveaux propriétaires d’un portable volé, les policiers sont remontés jusqu’aux trois jeunes hommes de 19 ans présentés, ce vendredi, en comparution immédiate. Les deux premiers sont des lycéens français habitant chez leurs parents. « Comment vous pouvez aller au lycée la journée et qu’on vous trouve à terroriser les gens la nuit », constate la présidente du tribunal correctionnel, Chantal Combeau, en s’adressant aux prévenus dont l’un sort avec la fille de la première victime. Essayant de minimiser les faits, Ibrahim Absoir et Djabir Houmadi sont finalement condamnés respectivement à quatre ans de prison (dont deux ans avec sursis) et trois ans dont dix-huit mois de sursis. Ils ont l’interdiction de porter une arme pendant cinq ans, ainsi qu’une obligation de travail et d’indemniser les victimes (les montants seront connus après le renvoi sur les intérêt civils). Le troisième protagoniste, Abacar Dhoihir, un Anjouanais arrivé il y a peu sur l’île, écope d’un an de prison ferme. Quelques jours avant, deux autres coupeurs de route de Vahibé ont également été condamnés à de la prison ferme.
Sept ans de prison pour un passeur
Le matin-même, une autre comparution immédiate a débouché sur la condamnation de trois hommes liés à un réseau de passeurs. Selon le bureau du procureur, l’organisation en place depuis 2019 a fait traverser plus 40.000 personnes des Comores à Mayotte. Le chiffre d’affaires représenterait 12 millions d’euros. Si la tête du réseau se trouve toujours de l’autre côté de la mer, le numéro 2, un homme de 26 ans, a été condamné à sept ans de prison, une amende de 100.000 euros et s’est vu notifier une interdiction définitive du territoire français (IDTF). Chargé de guetter les mouvements de forces de l’ordre, un autre passeur de 32 ans a écopé de deux ans de prison, de 10.000 euros d’amende et d’une ITF de cinq ans. Un troisième, âgé de 31 ans et chargé de faire le taxi pour récupérer les clandestins, passera également trois ans en prison, devra payer 5.000 euros d’amende et est sous une ITF de dix ans. Deux autres passeurs, jugés en CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), le même jour, héritent de six mois de prison ferme.
L’agresseur du lycée Bamana interpellé
De violents affrontements entre bandes ont eu lieu devant le lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, mercredi 8 février. Au cours de l’un d’eux, un élève a été blessé à la tête par un coup de machette, mais il a réussi à se réfugier à l’intérieur de l’établissement. Connu des services de police, l’auteur du coup a été interpellé et incarcéré. Mineur, il sera jugé le 9 mars. Selon nos informations, confirmées par le Parquet, un des policiers a tiré en l’air à deux reprises avec son arme pour disperser les bandes qui s’affrontaient.
Affaire de drogue à Passamaïnty
C’était l’affaire de la fin de journée, vendredi, six jeunes hommes de Passamaïnty et Tsoundzou étaient présentés devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Agés de 20 à 27 ans, ils ont été interpellés cette semaine dans le cadre d’une affaire de drogue. L’un d’eux recevait des paquets de résine de cannabis (équivalents à 1.000 euros chacun) de la part de son frère habitant en métropole. La bande à Mayotte se chargeait ensuite de la revente. Les différentes déclarations des uns et des autres indiquent que le réseau fonctionnait depuis septembre 2021. Côté preuves, les policiers ont pu saisir trois kilos de résine. Le Parquet s’attendait à un renvoi du procès, vendredi soir, mais était optimiste sur le fait de garder au moins deux prévenus sous les verrous en attendant (celui qui recevait les colis et un autre qui faisait figure de chef).
Les coupeurs de route de Tsararano de nouveau aux Assises
En mars 2022, les neufs auteurs de plusieurs barrages violents à Tsararano en 2016 ont été condamnés par la cour d’assises de Mayotte à des peines de prison ferme allant de 11 à 18 ans. Deux d’entre eux ont choisi de faire appel. Ils retrouvent donc devant la cour d’assises, ce lundi, pour un nouveau procès. Le plus âgé, Maendjibou Saindou, est l’accusé qui avait obtenu la peine la plus lourde lors du précédent procès (18 ans de prison). Celui qui a toujours nié avoir participé aux faits était pourtant décrit par les autres comme le chef et l’instigateur des attaques. Toujours selon eux, il voulait se venger du décasage de sa maison à Tsoundzou 1 au printemps 2016.