Ce qui aurait dû être une réunion de rentrée des plus classiques ne s’est pas passé comme prévu. Ce mardi matin, le Cesem (conseil économique, social et environnemental de Mayotte) a été invité à quitter l’hémicycle Younoussa-Bamana pour se serrer dans une petite salle de réunion du Département. Un affront de plus pour la deuxième institution politique de l’île.
Dire que les relations entre le Cesem (conseil économique, social et environnemental de Mayotte) et le conseil départemental de Mayotte sont mauvaises est un euphémisme. Depuis longtemps déjà, les deux institutions ont dû mal à communiquer. Et l’incident de ce mardi matin n’arrange en rien la situation. Alors que les conseillers de la première avaient été rassemblés initialement dans l’hémicycle Younoussa-Bamana, au conseil départemental, Salime Mdéré leur a demandé de « dégager », confirment les présents. Le vice-président du Département avait prévu ce matin-là une réunion en lien avec les Ateliers de la maîtrise d’œuvre. Les architectes et urbanistes invités ont ainsi eu le droit à un cours sur les politiques locales appliquées à la fois par le Département et l’État, tandis que pour le Cesem, c’était plutôt la soupe à la grimace dans la salle des DRH.
« On est la deuxième institution, il faut qu’on soit respecté », grommelle le syndicaliste Haoussi Boinahedja, qui fait partie de ce conseil réunissant des représentants d’entreprise, syndicats ou d’associations. « Il a abusé. S’il doit toquer à toutes les portes pour trouver une salle, ce n’est pas notre problème* », renchérit Dominique Marot, le représentant des pêcheurs. Abdou Dahalani, le président, a tenté de tempérer ses collègues, même s’il semblait affecter lui aussi par la situation. Ali Omar, vice-président du Département, a rejoint un moment la réunion et a présenté ses excuses au conseil. « Je suis chargé de l’administration, donc je sais que ça va me retomber dessus », admet-il au sujet de l’agenda des salles du Département. « J’essaie d’être responsable. Je ne suis pas là pour présenter des excuses », a répondu le Petit-terrien aux griefs présentés contre le conseil départemental
Une moitié de commandes accordée
Car le problème des salles n’aurait pas tenu autant à cœur aux élus du Cesem, « si c’était un acte isolé », indique le membre de la CGT. Il est plus large. Alors que chaque conseiller départemental dispose d’une tablette numérique pour suivre les séances plénières, il y en a 17 pour 32 élus au Cesem. Et encore, « trois ans de démarches auront été nécessaires », regrette Abdou Dahalani.
Au-delà même de l’aspect matériel, c’est la confiance même dans le travail du Cesem qui est remise en cause. Le but de l’instance est, en effet, de s’emparer des sujets discutés à l’échelle départementale. Et grâce à l’avis des conseillers, des préconisations sont données. Cependant, celles-ci sont rarement suivies par le conseil département. « Ce qui est le plus important, c’est ce qu’on nous demande, porter des réflexions, proposer des préconisations, faire des études. Et nous essayons à la place qui est la nôtre d’avoir les meilleures productions possibles, comme n’importe quel Ceser (N.D.L.R. ce type de conseil existe à l’échelon régional ailleurs) de France. Maintenant, il appartient à l’autorité politique de s’en inspirer ou pas s’inspirer. On n’est pas juge de ce que font les élus », admet le président du Cesem.
Pour Haoussi Boinahedja, c’est même plus catégorique. « On en vient à se dire que vous ne nous lisez pas », dit-il en s’adressant aux conseillers départementaux présents.
*en shimaoré
Bientôt une étude sur les Jeux des Iles 2027
L’incident a un peu éclipsé les vœux formulés par le président Abdou Dahalani. Celui-ci a rappelé « les changements qui pénètrent notre société et les enjeux qu’il soulèvent donnent l’image d’un Mayotte qui se cherche après avoir brillamment réussi son combat statutaire ». Il compte en 2023 miser sur la jeunesse qui constitue « l’avenir, la richesse et l’engagement ». Pour en revenir au travail du Cesem, il annonce des rapports prochains sur la politique du logement, l’agriculture mahoraise et une contribution aux Jeux des îles de l’océan Indien 2027.
Quatre autres sujets sont d’ailleurs sur la table en ce début d’année. Le Cesem a prévu de réaliser des études sur la sécurité, l’attractivité, l’accès à la santé et le port de Longoni.