Dans le département mahorais, la couverture vaccinale apparait fortement dégradée chez les enfants de plus de six ans, fragilisant l’immunité individuelle et collective de la population. Afin de pallier les mauvais chiffres portant sur la couverture vaccinale, l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte et le rectorat de Mayotte lance, dès ce lundi, une campagne de rattrapage de vaccination en milieu scolaire.
Il sera difficile de se soustraire au supplice de l’aiguille. L’objectif de la campagne de rattrapage qui débute est de proposer la vaccination à l’ensemble des enfants et adolescents scolarisés au primaire ou au collège de l’académie de Mayotte. Ce sont donc 22 collèges, ce qui représente 30.000 élèves et 150 écoles élémentaires qui sont concernés. Il y a deux séquences, « le premier trimestre sera consacré à l’ensemble des collèges, et la rentrée d’août, à l’ensemble des écoles », explique Olivier Brahic, directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte.
Après une phase de test réalisée en fin d’année, la première partie de la campagne de vaccination se déroulera pendant plusieurs mois, avec trois à quatre collèges qui réaliseront ce dispositif par semaine. Pour le lancement de ce lundi, ce sont les élèves du collège Kawéni 1 qui ont ouvert le bal. « Les élèves comprennent que c’est dans leur intérêt », souligne Claudine Haab, principale du collège. Pour elle, « l’objectif c’est d’avoir 100 % d’élèves vaccinés, c’est-à-dire, 100 % d’élèves protégés ».
Lutte contre la présence de diphtérie et du tétanos
Trois vaccins sont donc proposés afin de rattraper en priorité le retard constaté sur les vaccinations contre la diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche (DTPc) et la rougeole-oreillons-rubéole (ROR). « Nous avons constaté une augmentation des cas de diphtérie et de tétanos sur le territoire, ce qui ne se voit nulle part ailleurs. Il y a urgence à beaucoup vacciner sur ces quatre maladies », souligne Maxime Jean, médecin infectiologue. Il en est de même pour le vaccin ROR, « il faut rattraper le retard de la vaccination ». Pour cette campagne d’envergure, la réserve sanitaire est présente, avec au total environ 300 professionnels de santé qui seront mobilisés. « Nous avons des réservistes qui ont répondu en nombre à l’alerte qui a été lancée », affirme l’infectiologue.
Vaccination contre le papillomavirus (HPV)
« Dans le cadre de ce rattrapage vaccinal, nous saisissons l’opportunité pour proposer aux collégiens de se faire vacciner contre le papillomavirus », ajoute Olivier Brahic. Cette proposition de vaccin revêt un fort enjeu de santé publique. En effet, en 2021, plus de 10 % des frottis cervicaux utérins réalisés à Mayotte, étaient pathologiques. Le papillomavirus (HPV) est notamment responsable du cancer du col de l’utérus. « Nous verrons l’impact de cette vaccination dans les dizaines d’années à venir, en évitant que des cancers surviennent », complète Maxime Jean.