Zena Airlines attend le positionnement du Département pour s’envoler

Imaginé en 2020, le projet de compagnie aérienne mahoraise – qui devrait proposer des tarifs attractifs pour les trajets dans la région et vers la métropole – est toujours au point mort. Pour assurer une gestion locale et la pérennité de la société, les porteurs de projets souhaitent en effet qu’une collectivité locale devienne actionnaire.

La création d’une compagnie aérienne mahoraise est initialement une demande du conseil départemental de Mayotte. L’idée : répondre aux besoins de la population et proposer des tarifs attractifs pour rejoindre notamment La Réunion ou la métropole. « Les Mahorais ont besoin de se déplacer pour se faire soigner ou pour leurs études, il manque beaucoup d’infrastructures sur le territoire », estime Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3, qui soutient le projet. Selon elle, la compagnie Air Austral ne répond pas entièrement à ces besoins et les billets d’avion sont trop onéreux. « Mayotte est l’un des territoires français où les billets sont les plus chers pour rejoindre la métropole alors que c’est le plus pauvre. Il faut compter autour de 1.000 euros, quand à La Réunion pour rejoindre l’Hexagone, il faut compter entre 600 à 800 euros alors que la distance est plus importante », poursuit lélue.

Garantir un pilotage local

Le projet de compagnie locale, porté par Julien et Régis Novou, deux frères dotés d’une solide expérience dans l’aéronautique, a été imaginé en 2020. Il nécessite un budget de 25 millions d’euros. « Techniquement, le projet est abouti, le business plan est défini tout comme les statuts. Il ne manque que le positionnement du conseil départemental », souligne Hélène Pollozec. Car pour garantir un pilotage local et pérenniser la société, en étant moins soumis aux soubresauts du contexte économique, la compagnie doit intégrer dans son actionnariat une collectivité locale. « Elle demande entre cinq et huit millions d’euros au conseil départemental, soit 20 % du capital », précise la conseillère départementale.

Créer une société d’économie mixte

Pour devenir actionnaire, le conseil départemental doit créer une société d’économie mixte. Comme c’est le cas de la Sematra, créée par la Région de La Réunion pour devenir actionnaire d’Air Austral. Mais alors que la volonté de créer une compagnie locale émanait d’une volonté politique, le conseil départemental n’a pas encore statué sur la création d’une telle société d’économie mixte. « Nous avons perdu énormément de temps. De nouveaux concurrents sont arrivés, notamment la compagnie Ewa, ce qui a retardé la prise de position de la collectivité », détaille Julien Novou, épaulé par Airbus consulting dans ce projet. Le problème : certains investisseurs privés, qui étaient persuadés que le conseil départemental suivrait se sont désengagés ou ont réduit leurs tickets d’entrée. « Nous avons été obligés de refaire un tour de table », souligne le porteur de projet, auparavant représentant de la compagnie Corsair à Mayotte.

Les porteurs de projet, qui attendent toujours une prise de position du Département, devraient avoir « une réponse ferme en février ». Mais Zena Airlines n’écarte pas d’être financée par une autre collectivité ou uniquement par des acteurs privés. 

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