Une quarantaine de points étaient à l’ordre du jour de cette session du conseil départemental du jeudi 15 décembre. Énergies renouvelables, stades, dettes, fonds européens, de nombreux sujets étaient sur la table avant cette fin d’année.
Le courant ne passe pas avec EDM
Actionnaire pour moitié d’Électricité de Mayotte, le conseil départemental est appelé parfois à donner son avis sur la politique de l’entreprise. C’était le cas, ce jeudi, avec une demande de la part du conseil de surveillance d’autoriser la création d’une filiale dédiée aux énergies de services. Celle-ci pourrait assurer des prestations de services dans le cadre de projets de panneaux photovoltaïques. Réponse de la commission ad hoc, non, elle y émet un avis défavorable. « Le rapport n’était pas assez complet », résume Soihirat El Hadad. « Il y avait trop de zones d’ombre », ajoute Saindou Attoumani, autre élu de la majorité. Le conseil départemental, amené à décider s’il renouvelle ou non la concession d’EDM en 2027, voit d’un mauvais œil l’arrivée d’une nouvelle entité. « Est-ce que ça doit être géré par une filiale ? », demande le président, Ben Issa Ousseni, avant de regretter que malgré une présence de trois administrateurs du CD au conseil de surveillance d’EDM, « on ne décide de rien ».
Des stades dans le nord et le sud
Trois enceintes sont pour l’heure propriété du Département et non des communes, Pamandzi, Cavani et Chiconi. La collectivité voudrait « renforcer son maillage », indique Salim M’déré, vice-président en charge de l’aménagement du territoire. Deux secteurs sont ciblés, Kani-Kéli et M’tsamboro. Le stade de cette dernière était évoqué, « mais il y a trop d’aléas », reconnaît le conseiller départemental de Bouéni. Alors que le groupe d’opposition (voir ci-dessous) a émis l’idée de choisir d’autres « carrefours » comme Chirongui ou Dzoumogné, Ben Issa Ousseni a balayé l’idée d’un revers de la main. « Il n’y a pas assez de foncier disponible dans ces communes. Je rappelle qu’on a cherché pendant dix ans à faire le gymnase du Nord à Bandraboua ou Koungou (N.D.L.R. finalement à M’tsangamouji) », rappelle-t-il. Cette question des stades a donné l’occasion pour Elyassir Manroufou, dans l’opposition, de réaffirmer son souhait de ne pas voir de collège derrière le stade de Cavani (voir Flash Infos du 23 novembre). « Il n’y aucune structure apte à accueillir à recevoir des compétitions de haut-niveau et vous laminez le seul complexe capable de le faire », fulmine-t-il.
Le GIP Europe en prend pour son grade
Le comité régional unique de suivi, qui a eu lieu en début de semaine et où l’on a été cordialement invité à ne pas venir, a laissé des traces. Selon nos informations, les représentants de la Commission européenne ont été très critiques à l’égard de la préfecture de Mayotte et du GIP L’Europe à Mayotte sur la gestion des fonds européens, une affaire qui n’est pas surprenante (voir FI du 27 juillet). Dépendant pour moitié du Département et de l’autre de l’État, le GIP est une jeune structure qui rassemble une cinquantaine d’agents. Les deux premiers s’étant engagés à recruter quinze personnes chacun, ils doivent payer une compensation puisqu’ils n’y sont pas arrivés (huit pour le CD et onze côté préfecture). Mais au-delà des simples problèmes de recrutement, ce sont les premiers résultats du groupement qui ne passent pas et la possibilité que les fonds européens dont dépend cruellement le territoire n’arrivent plus. « Je n’ai jamais eu autant honte de faire partie d’un GIP », déplore Hélène Pollozec, la conseillère départementale. « Si ce GIP ne fonctionne pas, au prix où il coûte, je propose qu’on l’arrête. » Autour de la table, aucun conseiller ne la contredit.
Des dettes à régler
Une série de points portait également sur des protocoles de transactions avec des prestataires du Département. Le reliquat, qui peut dater de plusieurs années, est de 668.259,46 euros. Le Cesem, ainsi que les membres de l’opposition, ont relevé que ces bons de commande non respectés donnaient à la collectivité une réputation de mauvais payeur. En réponse, le président du CD a déclaré justement que ces protocoles avaient pour but de « remettre les choses dans l’ordre dans notre administration ».
Le garant fétiche de la SIM
Toujours au rayon des finances, le Département s’est porté garant de nombreux projets lancés par la société immobilière de Mayotte (SIM). Ce qui n’a pas manqué d’inquiéter le Cesem (conseil économique, social et environnemental de Mayotte), qui est amené à donner son avis régulièrement sur les décisions du Département. « Depuis 2011, le Conseil départemental a accordé à la SIM des garanties d’emprunt pour un montant total de 45.833.722 € dans le cadre d’opérations de construction de 2.357 logements (880 logements sociaux et 1.477 logements très sociaux) », dévoile Abdou Dahani, le président du Césem, en ouverture de la session « pour la première fois depuis trois ans ». Et concernant les projets visés ce jour-là, une somme de 3 848 569 € est garantie par la collectivité (la même somme l’est par la Caisse de garantie du logement locatif social). « La poursuite des garanties d’emprunt à ce niveau dans un contexte de multiplication des opérations de construction de logements sociaux interroge au regard de la fragilité des ressources du Département », s’inquiète le Césem. Arrivé au moment des rapports en question, Ben Issa Ousseni a regretté que le conseil « ne propose aucune alternative » pour la garantie de ces programmes immobiliers.
Petite-Terre sans urgences
Conseillère départementale de Labattoir, Maynoumati Moussa Ahamadi a évoqué la mort récente d’un petit garçon de trois ans percuté par un véhicule (voir FI du 7 décembre). Ce fait « révèle des failles », selon elle, dans le système de santé en Petite-Terre. « Il a fallu attendre que le Smur venant de la Grande-Terre barge pour bénéficier de ce service indispensable au vu de la gravité des faits. Pour nous les Petits-Terriens, lorsque l’on voit intervenir le Smur en Petite-Terre, cela veut dire qu’il est déjà trop tard malheureusement. » Elle souhaite que le site Martial-Henry soit « plus qu’un plateau technique » et demande qu’une unité de médecine et une autre du Smur soient créées en Petite-Terre. Sa motion a été votée à l’unanimité.
Le groupe d’opposition refait son apparition
En battant le duo Mansour Kamardine-Tahamida Ibrahim, Mariam Saïd Kalame et Soula Saïd-Souffou espéraient un temps rejoindre la majorité départementale. Finalement, c’est l’opposition qui les accueille. « Le choix des Mahorais », comme il se nomme, a ouvert avec soulagement ses portes aux deux conseillers du canton de Sada-Chirongui. En effet, la constitution d’un groupe étant fixée à sept sièges, Hélène Pollozec, Elyassir Manroufou, Laïni Abdallah Boina, Maymounati Moussa Ahamadi, Alain Sarment et l’ancien président Daniel Zaïdani étaient dernièrement des « non-inscrits ». A noter que les deux premiers deviennent co-présidents de la bande qui passent désormais à huit.