Matelas, chaises et matériel de cuisine ont été ramassés par la mairie de Mamoudzou, avec le concours de la gendamerie et de la police, ce vendredi, à Cavani. Une centaine de ressortissants africains vivent ici, dans des conditions d’hygiène difficiles.
Près d’une centaine de personnes vivent sur le camp de fortune installé devant les locaux de l’association Solidarité Mayotte, quartier Massimoni, dans le village de Cavani. Originaires de la République démocratique du Congo, Rwanda, Burundi ou de Somalie, elles sont pour la plupart en attente d’un logement de la part de la structure ou d’un rendez-vous à la préfecture de Mayotte dans l’espoir d’un titre de séjour. Ce vendredi matin, vers 10h30, les gendarmes mobiles, les policiers nationaux et municipaux ont demandé aux occupants de prendre leurs affaires personnelles et de s’écarter du camp évacué. En effet, un arrêté municipal datant de ce jeudi a été mis en application. Le personnel de la mairie, aidé de camions, a procédé à l’enlèvement des matelas, des chaises, sièges, palettes, tiroirs ou casseroles amassés au fil des mois. Cette opération a été organisée avec le concours du préfet de Mayotte et à la demande des habitants du quartier. Car, même si les Africains louent « un quartier calme », le campement pose des problèmes d’hygiène. « On n’a pas d’endroit pour faire nos besoins. On va se laver plus haut », explique un Congolais arrivé à Mayotte il y a trois mois. Avec ses habits rangés à la hâte dans son sac à dos, celui-ci ne sait pas encore où il va dormir ce vendredi soir.
« Ils vont revenir, ils n’ont nulle part où aller »
Il n’est pas le seul. Les occupants tenus à distance regardent, inquiets, tout leur mobilier jeté au rebut. Lors de l’intervention, seuls les femmes et les enfants étaient sur place. « Les hommes sont partis chercher à manger », indique l’un d’eux. Les ordres des forces de sécurité sont clairs, il s’agit simplement de procéder à l’enlèvement du camp. Aucune solution d’hébergement n’a été envisagée. Livrés à eux-mêmes, les occupants du camp ne devraient pas aller très loin. « Ils vont revenir, ils n’ont nulle part où aller », fait remarquer un ressortissant congolais, qui suit le sort de ses compatriotes. « On reviendra à chaque fois », promet Chaharoumani Chamassi, le directeur de la police municipale.
Le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale, confirme. « On est revenu six fois quand ils se sont installés dans le centre de Mamoudzou », rappelle-t-il.
Les contrôles d’identité à Mayotte jugés conformes
Les contrôles d’identité permis à Mayotte, sans restriction de lieux, restent conformes aux droits fondamentaux, a estimé ce vendredi 25 novembre, le conseil constitutionnel. Cette décision est justifiée par « la situation particulière de l’archipel, confronté à une importante immigration irrégulière ». Elle fait suite au dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), soutenue par plusieurs associations dont la Ligue des droits de l’homme et Médecins du monde, stipulant que cette pratique est « généralisée et discrétionnaire » et contrevenant « à la liberté d’aller et de venir ». Pour certaines parties, ces contrôles sont « contraires au principe d’égalité devant la loi », puisque « dans les autres collectivités d’Outre-mer, de tels contrôles d’identité ne peuvent être effectués que dans des zones géographiques limitées », souligne le conseil constitutionnel dans un communiqué. Ce dernier estime qu’avec ces contrôles permettant « de vérifier le respect des obligations de détention, de port et de présentation des titres et documents prévus par la loi », le législateur « a poursuivi l’objectif de lutte contre l’immigration irrégulière qui participe de la sauvegarde de l’ordre public, objectif de valeur constitutionnelle ». L’instance justifie sa décision en expliquant que Mayotte « est, depuis de nombreuses années, confrontée à des flux migratoires exceptionnellement importants et comporte une forte proportion de personnes de nationalité étrangère en situation irrégulière ». Il pointe également que le département est « soumis à des risques particuliers d’atteintes à l’ordre public sur l’ensemble de son territoire ».