Une violence gratuite qui en amène à une autre, un odieux assassinat en pleine nuit d’un jeune chanteur bourré de talent il y a une semaine dans le quartier Bonovo à Mtsapéré, et voilà que revient, une fois de plus, une fois de trop sans aucun doute, la spirale incontrôlable de la délinquance juvénile qui gangrène la vie sociale à Mayotte. Une fois de plus, l’Etat fait le service minimum pour éteindre l’incendie par l’envoie d’une équipe du RAID, en attendant qu’un autre feu s’allume prochainement. Et pourtant, c’est bien lui que les jeunes ont visé en s’attaquant à l’un de ses symboles, la PJJ à Kawéni.
Dans la journée d’hier, Paris a dépêché à Mayotte le RAID (une unité d’élite de la police nationale) pour essayer de mettre enfin un terme aux violences à répétition qui secouent le département. Alors que les autorités locales dépassées par l’ampleur du phénomène annonçaient l’arrivée prochaine des ces forces spéciales pacificatrices, des jeunes qu’il convient assurément d’identifier, d’appréhender, de juger et condamner avec toute la sévérité de la loi, ont choisi de saluer cette annonce à leur manière, comme un bras d’honneur à l’adresse de l’Etat, en saccageant les locaux de la PJJ dans la nuit. Tout un symbole, sommes-nous hélas contraint d’admettre au regard de ce gravissime acte de vandalisme contre une institution qui pourtant a vocation à apporter une protection juridique à des enfants de leur âge. Un acte sans pareil qui marque un tournant dans ces manifestations de délinquance juvénile qui ne cessent de monter crescendo depuis plusieurs années, apportant chaque semaine son lot de violence, de douleur, de peur mais également de cycles de représailles et contre représailles. Sans que rien ne puisse enfin enrayer cette machine infernale. L’Etat qui doit servir de dernier rempart pour protéger les citoyens de ce territoire face à l’insécurité que l’on ne sait plus qualifier, choisit d’adopter une attitude « Bisounours » alors que le feu consume irrémédiablement la maison Mayotte dans la braise incandescente de la violence gratuite. Au-delà des palabres politiques et des joutes verbales au Parlement, du refus catégorique du gouvernement d’ouvrir les yeux devant cette douloureuse réalité et de considérer qu’à situation exceptionnelle convient un traitement spécifique avec des instruments adéquats, le 101 ème département français coule sous la vague d’une colère juvénile que ni les autorités, ni les familles n’arrivent à canaliser. L’assassinat violent et extrêmement regrettable de ce talentueux jeune chanteur est fait de droit commun qui doit être jugé par les services judiciaires compétents et aucunement être le réceptacle de la manifestation d’un quelconque désire opportun de vengeance d’une bande de voyous.
Besoin urgent de restaurer l’autorité même de l’Etat à Mayotte
Mayotte parent pauvre et déshérité des Outre-mer français continue à s’enfoncer dans la peur chaque jour, devenant de plus en plus inhospitalière et non attrayante pour des investisseurs absolument indispensables pour relancer son économie rudement mise à mal par deux années successives de crise du Covid 19. Aucun fléchissement de ce côté-là et pour longtemps encore, car les crédits à mobiliser pour espérer inverser la tendance ne sont pas pour demain, là où besoin d’un vrai plan Marshall de relance de développement économique il y a, les autorités à Paris préfèrent encore botter en touche, promettant d’apposer du sparadrap sur des plaies pourtant gangrénées. Au regard de ce qui vient de se passer à Kawéni, il y a lieu de s’interroger vraiment sur l’orientation à donner à la gouvernance de ce territoire dans le court et long terme.
En effet, la nécessité d’un plan Marshall ne se fait plus ressentir que pour les seuls secteurs du développement économique, social, culturel et des infrastructures. Il le devient aussi pour la restauration de l’autorité même de l’Etat, car jamais aucun gouvernement à Paris quelque soit sa coloration politique et sa bienveillance à l’égard de Mayotte et de ses habitants n’aura les moyens de placer derrière chaque Mahoraise et Mahorais, un gendarme ou policier armé pour assurer durablement sa sécurité. Faute d’infrastructures dédiées, d’encadrement et de prises en charge avec des objectifs clairement ciblés, les jeunes continuent à transformer les fictions cinématographiques et télévisuelles en réalité sur le terrain confondant gaiement les zones déshérités et les quartiers informels (de Kawéni, Majicavo, Passamainti, Tsoundzou, Koungou, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi), avec les favelas de Rio de Janeiro ou les banlieues malfamées de New York city. A l’approche des fêtes de fin de d’année, cette résurgence de la violence juvénile en zone urbaine, Grande-Terre comme Petite-Terre est à craindre et à prendre très au sérieux. Depuis une dizaine de jours, elle se manifeste comme de façon synchronisée, dans l’agglomération de Mamoudzou et celle de Petite-Terre, dans un jeu de cache-cache entre force de l’ordre et jeunes délinquants. La violence gratuite est devenue une banalité dans la résolution du moindre conflit, du moindre petit problème. Les cailloux, les parpaings, les chaines et câbles métalliques deviennent pour eux l’unique moyen de se parler, de demander quelque chose, quand ce pas tout bonnement le couteau. Sauf que Mayotte n’est le Brésil, ni les Etats-Unis d’Amérique. Ici nous sommes bien sur le sol français et en France, aucun citoyen n’est « théoriquement » au dessus des lois. A quand donc la fin de ce cauchemar ? Un mouvement de mères d’enfants étrangers nés sur le sol mahorais, respectueux de l’ordre et des lois de la République est en train d’émerger progressivement dans l’objectif d’une descente prochaine dans la rue. Ces mères veulent lancer un appel et demander publiquement aux parents de jeunes délinquants de se désolidariser de leurs progénitures et les signaler, si nécessaire, à la justice pour que la paix revienne sur ce territoire.