Le député du Modem de l’île Bourbon est remonté et il l’a fait savoir mardi dernier à l’hémicycle. Celui-ci a souhaité interpeller le gouvernement sur l’opacité de la fixation des prix des billets d’avion, notamment pour les liaisons entre la métropole et l’océan indien (Mayotte compris).
« D’abord parce que la surcharge carburant est incompréhensible » estime-t-il. D’après lui, la mise en place alors que le cours du pétrole montait en flèche, cela était justifié afin de garantir aux compagnies aériennes une relative bonne santé financière. « Que le prix du billet ne diminue pas concomitamment à la baisse des cours afin d’écouler les stocks achetés au prix fort, passe encore. Mais alors que les stocks achetés au moment où les cours étaient au plus haut sont épuisés, le maintien de cette surcharge carburant à son niveau le plus haut est inacceptable », condamne le député centriste.
Concernant cette surcharge carburant, Emmanuel Macron rappelle qu’il s’agit là d’une pratique d’affichage des prix mise en place pour introduire de la transparence, expliquer au consommateur quelle était la pression sur les prix des billets et quelle était la part liée à la hausse du prix du carburant. « Si nous la supprimions, nous affaiblirions ce processus de transparence sans pour autant résoudre le problème », souligne le ministre qui balaie ainsi l’idée de renoncer au principe de « surcharge carburant ».
Mais les trois compagnies reliant La Réunion à l’Hexagone, dont l’une a pour actionnaire l’État à hauteur de plus de 17 %, ont récemment décidé, de manière quasi simultanée, d’augmenter leurs tarifs sur la liaison (au moins de 20 € pour le billet en classe économique en basse saison et de 30 € en haute saison.). « Ces décisions invitent à s’interroger sur l’entente entre ces compagnies afin de maintenir un certain niveau de prix au détriment des voyageurs. Personnellement, j’ai du mal à croire aux coïncidences », déclare avec ironie le député avant d’ajouter, « d’autant plus que dans le même temps, d’autres grandes compagnies annoncent des baisses de prix de l’ordre de 15 % ».
« Il semble qu’il existe une forme d’entente »
Le ministre a expliqué approuver les doutes du député de La Réunion sur ces « comportements tarifaires qui ne sont pas justifiés ou ne l’étaient pas jusqu’alors ». La solution selon lui réside dans la fixation des prix. « Aujourd’hui, de par la loi, celle-ci est libre entre les compagnies. Les comportements que nous avons observés, les comportements que vous dénoncez, indépendamment de cette surcharge carburant, ne sont pas satisfaisants et semblent indiquer qu’il existe une forme d’entente », n’hésite pas à confirmer, Emmanuel Macron.
Par conséquent, ce dernier s’est engagé devant l’assemblée à demander une clarification des pratiques tarifaires, non seulement pour ce qui concerne la desserte de La Réunion, mais également d’autres liaisons. Mais il n’a par contre, pas répondu favorablement à la demande du député de saisir l’Autorité de la concurrence afin de déterminer s’il y a entente anticoncurrentielle entre les trois compagnies concernées. « Nous avons demandé non pas à l’Autorité de la concurrence, mais aux services qui dépendent de notre ministère, c’est-à-dire à la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de se rapprocher de ces compagnies afin que toutes les clarifications puissent être apportées », annonçaient l’ancien banquier d’affaires chez Rothschild.
Ces soupçons rappellent une affaire similaire en termes de pratiques anticoncurrentielles qui a fait grand bruit en métropole, celle de la condamnation en 2009 de plusieurs opérateurs téléphoniques à 92 millions d’euros pour entente. Si l’État en est à l’heure actuelle seulement à la phase de prise d’information pour déterminer s’il y a bien eu fraude ou pas, il n’a pas dit quand il rendra un avis sur les diverses consultations qu’il aura menées auprès des entreprises visées. Reste à savoir si cette révélation au grand jour de certaines conduites commerciales incitera ces compagnies aériennes à revoir dans les semaines ou mois à venir, leur politique tarifaire.
GD
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