Débutée le 17 septembre, le deuxième volet de la campagne de sensibilisation aux violences sexuelles se clôture ce samedi 19 novembre. L’occasion de donner la parole à des mineurs victimes de violences sexuelles et de valoriser les projets menés ces derniers mois.
« 37 % des 700 jeunes ayant répondu à notre questionnaire disent avoir déjà avoir subi une agression sexuelle. C’est deux fois plus qu’en métropole, il y a un problème massif à Mayotte », souligne Rehema Saindou, présidente de l’association Haki Za Wanatsa, qui agit pour la défense des droits de l’enfant. Selon cette étude, 82 % des jeunes n’auraient jamais reçu d’éducation sexuelle et plus de 11 % ne seraient pas en mesure de dire s’ils ont été victime ou non d’agression. « Il y a donc urgence à agir », poursuit-elle.
Au moins 68.000 victimes à Mayotte
Ce questionnaire a été diffusé dans le cadre du deuxième volet de la campagne de sensibilisation aux violences sexuelles sur mineurs mené par Haki Za Wanatsa et le collectif de la convention internationale des droits de l’enfant. Durant cette campagne, une trentaine d’actions ont été menés, notamment dans les collèges, les lycées et les écoles primaires. « Au collège, c’est presque déjà trop tard. En moyenne, les violences sexuelles arrivent autour de 10 ans. L’enjeu est donc de sensibiliser les enfants dès l’école primaire », poursuit la présidente de l’association. Selon elle, il y aurait au moins 68.000 victimes à Mayotte, dont 30.000 dans le cadre familial. Pour autant, seulement 1.000 signalements sont recensés par l’Éducation nationale et le conseil départemental de Mayotte chaque année.
Pour tenter d’améliorer la prise en charge des victimes et augmenter le nombre de signalements, 7.000 enfants et parents d’élèves ont pu être sensibilisés cette année. « A chaque intervention dans les milieux scolaires, nous avons de nouveaux signalements », assure Rehema Saindou. Durant cette campagne, dix spots de sensibilisation destinés à la télévision ont été diffusés, tout comme des affiches, une charte contre les violences sexuelles sur mineurs et une bande dessinée. Un site web a également été créé pour recenser les informations et les outils de la campagne.
Deux témoignages de victimes
Ce samedi 19 novembre signe la clôture de cette campagne. L’occasion de donner la parole à deux personnes victimes. « Elles portent des témoignages inédits et poignants sur ce qu’elles ont vécu et sur la manière dont elles regardent ce phénomène aujourd’hui », soulignent les organisateurs. Cet événement, organisé au lycée des lumières de Kawéni, permettra également de valoriser les projets menés avec et pour les enfants durant ces deux mois. Dans un troisième temps, les porteurs du projet et les personnalités officielles de cette campagne exposeront leur point de vue sur ce phénomène.
« Dans la trajectoire des autres départements français, à la suite notamment des mouvements #metoo et #metooinceste, #wamitoo prend toute sa place pour face à ce type de violences et proposer des leviers d’action », estiment les organisateurs. Dans la continuité de la campagne 2021, la campagne #wamitoo 2022 a été financée par la préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé. Le rectorat soutient cette mobilisation depuis 2018 via un appel à projets dédié.