Semaine de l’environnement : l’homme, responsable des maux de notre forêt

Sujet brûlant de la deuxième journée de la Semaine de l’environnement organisée par la Somapresse (la société éditrice de Flash Infos et Mayotte Hebdo), la déforestation serait la principale source (et non des moindres) de raréfaction de l’eau à Mayotte. Comme l’ont indiqué les intervenants, ce mardi matin, dans les locaux de la Cadéma,  le facteur est aggravé par une démographie qui explose d’année en année, ainsi qu’un manque d’implication des élus locaux ou d’absence de volonté politique. Il y a urgence à sensibiliser sur l’étendue des conséquences de cette déforestation.

Le régime des coupures régulières d’eau auquel notre île est soumise depuis plusieurs années est un facteur qui doit sensibiliser tout le monde sur la nécessité de mettre rapidement un terme aux nombreuses attaques que subit le système forestier et agro-forestier local. Cette année, pour la première fois, les spécialistes sont en mesure de quantifier les effets néfastes de l’action de l’homme sur cette nature hypersensible dont dépend pourtant, et très fortement, sa survie. Entre 2011 et 2016, la déforestation aurait concerné 1.420 hectares, soit 150 hectares chaque année, dans un conflit de compréhension entre les autorités et les agriculteurs sur l’appartenance réelle des terrains. Houlam Chamssidine (président de Mayotte Nature Environnement), premier intervenant à cette deuxième journée de la Semaine de l’environnement, estime que 95 % de la forêt mahoraise (mi-public et privée) sont exploités. Il préconise que les pouvoirs publics renoncent à vouloir le remettre en état, faute d’avoir les moyens de le faire actuellement et s’atteler en revanche à sauvegarder par tous les moyens mobilisables les 5 % restant.

Ce sont 20.000 tonnes de terre qui se déverserait dans le lagon (ce qui représenterait 1.000 bennes poids lourds) chaque année en raison de la déforestation. L’explosion démographique (et les besoins en nourriture de la population) en serait la principale cause. Jadis habitués à exploiter en alternance de petites surfaces agricoles, avec un système de culture sur brûlis maitrisé, le Mahorais n’aurait plus la maîtrise d’une très grande partie de son domaine agro-forestier. Sur le terrain, il apparait que de moins en moins de locaux exploitent eux-mêmes leur foncier agricole. Lorsqu’ils ne loueraient pas les services d’une main-d’œuvre étrangère, ils confieraient tout bonnement cette exploitation à des tierces personnes qui mettent en avant l’aspect rentabilité au détriment du respect de l’environnement et des traditions agricoles locales. D’autres phénomènes sont bien sûr constatés (une déforestation massive organisée en un temps record, des incendies sauvages sur des larges espaces, notamment pour la production de charbon de bois, ou la déperdition de la qualité des sols causée par des monocultures telles que le manioc ou les ambrevades.

La conséquence est visible sur les bassins versants où l’eau de ruissellement ne s’infiltre plus dans le sol et part directement dans le lagon. Par ailleurs, le micro-climat influencerait la nature à ces endroits, la déforestation étant ressentie par l’ensemble des espèces qui communiquent entre elles par différents moyens et qui subissent un stress important. Ces nuisances contraignent des espèces animales et végétales à migrer dans d’autres espaces.  Il se caractérise également par une surexploitation des ressources naturelles, une dégradation des habitats et une perte de la biodiversité, une prolifération des espèces envahissantes et une pollution (chimique, organique, sonores et lamineuse), altération et destruction des espaces naturelles, combustion des forêts (20%) des émissions à effet de serre à Mayotte (y compris la culture sur brûlis). Pour Houlam Chamssidine, le remède à la situation actuelle n’est pas à chercher à travers une grosse solution qui prendrait des années à produire des résultats incertains, mais plutôt favoriser une multitude de solutions annexes qui allégerait très rapidement la ressource.

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