Lors de son intervention en commission des affaires étrangères réunie ce mercredi 19 octobre, le député Jean-Paul Lecoq a évoqué « la colonisation illégale de Mayotte ». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Estelle Youssouffa, qui n’a pas hésité à monter au créneau pour dénoncer « ce discours porté par la diplomatie russe ». Une prise de bec rare dont se souviendra la parlementaire.
« La crédibilité de la France sur la scène pourrait être renforcée par des contributions supplémentaires dans les grandes instances multilatérales au premier rang desquelles les Nations unies. […] L’influence doit aussi passer par un respect absolu du droit international [à commercer par] le problème français de la colonisation illégale de Mayotte et de son appartenance en droit à l’archipel des Comores. » L’intervention de Jean-Paul Lecoq pour la gauche démocrate et républicaine en commission des affaires étrangères, ce mercredi 19 octobre, reste en travers de la gorge de la députée Estelle Youssouffa.
Un doux euphémisme au vu de l’émotion de la parlementaire lors de sa prise de parole ! « Je dois à nouveau subir les sorties d’un suppôt de Moscou qui vient propager le discours de colonisation, la propagande… » Une riposte qui engendre un brouhaha peu commun : « Ah oui ! Oui, oui ! Ah, mais j’assume absolument », donne de la voix la parlementaire, totalement agacée. « Écoutez Monsieur, dire ici qu’un département français… Dire ici que mon territoire, un territoire français depuis 1841, est colonisé, c’est une insulte ! »
« Des termes connotés et inacceptables »
Ce qui fait bondir à son tour le président de la dite commission, Jean-Louis Bourlanges, qui s’en prend dans un premier temps au député du Havre, avant de remettre à sa place l’élue mahoraise pour cette « grave erreur », à savoir d’avoir employé « des termes qui sont dans l’histoire de la polémique politique tout à fait connotés et inacceptables ». Priée de s’excuser, Estelle Youssouffa campe sur ses positions et insiste au contraire sur l’injure proférée à l’égard « de tous les Mahorais qui se sont battus pour rester Français et qui le sont de droit ».
De quoi de nouveau faire réagir avec véhémence Jean-Louis Bourlanges : « On ne peut pas taxer un parlementaire qui n’a en aucune façon marqué son allégeance à qui que ce soit d’être dans cette affaire manipulé par une puissance étrangère. C’est ça le problème, pas le statut de Mayotte. » Convaincue de ne pas devoir laisser passer sous silence les propos de son collègue havrais de l’Assemblée nationale, la députée de la 1ère circonscription préfère repartir à l’attaque et dénoncer « ce discours [qui] a été prononcé à des nombreuses reprises par le ministre [Sergueï] Lavrov (le chef de la diplomatie russe, ndlr) ». « Ce ne sont pas des accusations gratuites, c’est un constat ! », indique-t-elle, tout en précisant qu’il ne s’agit pas de son premier coup d’essai.
« Je ne baisserai jamais la tête face à de pareilles insultes »
« Et ce ne sera pas la dernière », lui rétorque le président de la commission des affaires étrangères pour tenter de désamorcer la bombe. « Il a ses convictions… C’est comme si vous lui disiez de se répéter sur l’affaire des Sahraouis. » Une réplique sous forme de boutade qui n’apaise pas l’atmosphère, bien au contraire ! « Ce qui est sous-entendu, c’est que ma présence ici est illégitime, que je n’ai pas ma place en tant que députée parce que Mayotte n’est pas française. C’est d’une grande gravité ! »
Avant de conclure sur le même ton : « Cette mise en scène, ce faux esclandre, pour laisser passer une plus grosse énormité, je dis non ! Je n’ai pas d’excuse à présenter. S’il y en a un qui fait injure, c’est Monsieur Lecoq. Donc non, on ne va pas renverser la charge et je ne baisserai jamais la tête face à de pareilles insultes ! » Puis de quitter la salle, vexée et complètement déboussolée.