L’agence régionale de santé réalise des prélèvements tous les mois pour contrôler la qualité de l’eau sur 30 sites de baignade. Fin septembre, l’eau de la plage de Sakouli était ainsi jugée impropre. Elle a depuis retrouvé un niveau de qualité propice à la baignade. Sur le territoire, trois plages ont toutefois un niveau insuffisant et 18 sites sont mêmes interdits à la baignade.
« À Mayotte, la qualité des eaux de baignade est un véritable enjeu de santé publique », assure l’agence régionale de santé (ARS). En 2021, sur les 48 sites que compte l’île, 18 ont été interdits à la baignade, à l’instar des plages de Mbouini village, de Sada village, Acoua village, de celle des pêcheurs à Petite-Terre ou encore de la cascade de Soulou. Sur certains, la baignade est interdite « en raison de non-conformités récurrentes pendant quatre années consécutives », indique l’institution sanitaire. Au total, l’ARS en contrôle 30. « En l’absence d’aménagement permettant de garantir la sécurité des agents préleveurs, tous les sites de baignades ne peuvent pas être contrôlés », poursuit l’agence de santé. Parmi les plages contrôlées, trois ont une qualité jugée insuffisante. Il s’agit de la plage des Trois Baobabs, Ambato et Koungou collège. Pour le reste, sept sites ont une qualité jugée suffisante, 11 plages ont une « bonne » qualité de l’eau et neuf sont jugées « excellente ».
« Le contrôle sanitaire des eaux de baignade fait l’objet d’une réglementation européenne depuis 1976, mise à jour en 2006 », précise Natacha Metayer, responsable eaux de loisirs, hygiène et sécurité sanitaire à l’ARS. « Elle a pour but de protéger la santé des baigneurs, en vérifiant la conformité des eaux de baignades. Et vise aussi à informer les baigneurs sur les risques liés à la baignade. »
Des indicateurs de contaminations fécales
Des préleveurs sont ainsi chargés de réaliser des prélèvements sur les 33 sites surveillés. Ces échantillons sont ensuite envoyés au sein du laboratoire vétérinaire d’analyse départementale de Kawéni. « Ils prennent en compte des paramètres bactériologiques comme l’Escherichia coli (une bactérie qui réside dans le tube digestif de l’homme et des animaux à sang chaud NDLR.) ou l’entérocoque intestinal. Ce sont deux indicateurs de contaminations fécales. » Ces bactéries ne sont pas forcément pathogènes, mais elles peuvent l’être si elles sont présentes en grande quantité.
Les prélèvements sont ensuite comparés aux valeurs seuils. S’ils les dépassent, les communes prennent la décision d’interdire la baignade. « Elles doivent au moins informer les baigneurs », souligne la responsable des eaux de loisirs. Un nouveau test est ensuite programmé jusqu’à sept jours après le premier prélèvement. Les résultats arrivent, quant à eux, 48 à 72 heures après l’envoi de l’échantillon.
Des maladies ORL, des gastro-entérites, des démangeaisons de la peau…
Ces pollutions de l’eau sont liées à différents facteurs. « Elles peuvent être dues à des dysfonctionnements des réseaux d’assainissement, à des ruissellements suite à de forts épisodes de pluie ou à la présence d’animaux autour des sites de baignade », confie Natacha Metayer. 80% des mauvais résultats sont constatés entre novembre et avril, selon l’ARS. « Les pluies ont tendance à lessiver les ravines et les canaux d’eaux pluviales accueillant déchets et rejets d’assainissement. De plus, les rivières sont chargées en matières organiques donnant une couleur marron au lagon. Il est donc recommandé d’éviter la baignade au cours des 72 heures qui suivent un épisode pluvieux. »
Quant aux conséquences sur la santé des baigneurs, elles dépendent, bien sûr, du niveau de pollution, mais aussi de l’état de santé des personnes et du temps de baignade. « Les pathologies les plus fréquentes sont les maladies ORL, qui concernent les oreilles, le nez et la gorge. Se baigner dans une eau de mauvaise qualité peut provoquer des otites, des rhinites, mais aussi des gastro-entérites ou des démangeaisons de la peau », énumère la responsable des eaux de loisirs.