Lors d’une séance en commission des affaires étrangères, ce mardi, la députée Estelle Youssouffa a demandé au gouvernement français plus de fermeté et d’activisme en faveur de Mayotte française et interroge sur l’utilité de l’aide bilatérale au développement accordée à l’Union des Comores. La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a opposé un refus catégorique à la suppression de ces subsides appeléd à croître au cours des prochaines années.
Mardi soir, la députée de la première circonscription de Mayotte a relayé l’échange qu’elle a eu, en commission, avec Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Comme entrée en matière, Estelle Youssoufa a applaudi une hausse significative du budget du Quai d’Orsay et en a profité pour émettre le vœu que ces moyens supplémentaires puissent se traduire vers plus d’activisme de la part de ses services (ministériels) pour le département de Mayotte, notamment via une diplomatie plus agressive pour défendre sur la scène internationale le choix de notre île à rester française. Elle a rappelé que le mercredi 28 septembre, le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, avait déjà été auditionné par la commission des lois de l’Assemblée nationale sur l’immigration à Mayotte.
Et, que selon elle, au-delà des chiffres officiellement connus sur la natalité dans l’île (plus 10.000 naissances par an dont 7.000 provenant d’immigrées clandestines comoriennes), les gouvernements successifs à Paris ne cessent de dénoncer, de déplorer et condamner le problème alors que « la machine démographique et la pression migratoire à l’œuvre sur Mayotte déstabilise profondément notre département. Violence, accaparement de terres, saturation des services publics, prolifération de trafics et de l’économie clandestine, destruction de notre écosystème ». Selon la députée, le déploiement en parallèle de ces mêmes gouvernements, depuis des décennies, d’une stratégie d’aide financière aux Comores se fait en totale abstraction de la revendication de l’Union sur notre île. Sur la même lancée, elle a fait remarquer à la ministre que « cette aide est présentée (par Paris) comme un investissement pour endiguer les flux migratoires ». Lors de son audition auprès de la commission des lois du Palais Bourbon, le ministre Jean-François Carenco a bien rappelé que 150 millions d’euros auraient, dans ce cadre, été versés à Moroni.
« Vous ne réglerez pas le problème de l’immigration illégale si vous n’agissez pas sur les causes »
Outre cette aide, et constatant la hausse constante de l’immigration clandestine en direction de Mayotte et ses conséquences connues, mais aussi des crédits alloués bilatéraux et multilatéraux, Estelle Youssouffa a interrogé Catherine Colonna sur l’aide au développement : « Quelle est la rentabilité de cette aide publique à l’État comorien ? Va-t-on continuer à dépenser l’argent du contribuable français en pure perte aux Comores ? Peut-on continuer à financer un pays qui colonise et déstabilise ouvertement le département français qu’est Mayotte ? » En réponse, la représentante du gouvernement a indiqué qu’elle avait conscience de toutes les difficultés auxquelles est confrontée Mayotte, mais que cependant, elle n’était pas favorable à une suppression de l’aide publique au développement d’un territoire dont le faible niveau de développement conduit nombre de ses habitants à émigrer. « Au contraire, il faut trouver des solutions pour que les pays les moins développés, furent-ils près de nos côtes, se développent et qu’il y ait moins d’immigrés. Vous ne réglerez pas le problème de l’immigration illégale, irrégulière si vous n’agissez pas sur les causes de cette migration », a-t-elle rétorqué à la députée de Mayotte.
La création d’opportunités économiques, accentuées sur l’île d’Anjouan en particulier – point de départ des migrants vers Mayotte – devrait permettre aux yeux de Paris de prévenir plus encore les flux migratoires vers nos frontières.
Une aide publique au développement qui augmente de 37%
Les crédits de l’aide publique au développement vont progresser de 37 % pour atteindre sept millions d’euros en 2025. Des augmentations sont prévues pour les crédits bilatéraux et multilatéraux dont bénéficieront notamment les Comores.