La communauté de communes de Petite-Terre planche sur un projet pour le moins insolite : collecter les déchets déversés dans le quartier de la Vigie par traction asine. Un système alternatif temporaire en attendant la réalisation d’une voirie digne de ce nom, dont les travaux doivent débuter au premier semestre 2023, pour permettre aux véhicules du Sidevam de se rendre sur le site. L’objectif est de lancer la phase test d’ici un an.
Dans le quartier de la Vigie, à Pamandzi, la gestion et le ramassage des déchets se résument à un long chemin de croix… Faute de route accessible pour les camions du Sidevam 976, le syndicat ne peut assurer sa mission première sur cette zone de Petite-Terre. Alors en attendant l’opérationnalité de la première voie carrossable d’ici 2025, qui rentre dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain, l’intercommunalité lance un projet de collecte par traction asine, « à raison de deux fois par semaine », précise Hugues Cressent, le responsable de la gestion urbaine de proximité et de l’habitat.
Pour ce faire, la collectivité finalise sa réponse à l’appel à projets de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt pour la partie investissement, avant d’engager les frais. « L’étude de faisabilité a été validée ! » Au cours des prochains mois, « nous allons acquérir sept ânes et les acclimater, mettre en place un enclos sur Moya, à proximité de la maison des gardiens, et former le personnel en charge du suivi ».
Des animaux importés de métropole
Concernant la provenance de ces équidés, il est encore trop tôt pour le dire. Seule certitude : les pays limitrophes, tels que l’Union des Comores, Madagascar ou encore la Tanzanie, sont d’ores et déjà hors course. « Comme ils ne sont pas membres de l’Union européenne, les animaux ne respecteraient pas certaines normes en vigueur », indique Hugues Cressent. Et à La Réunion, l’absence de fournisseurs dignes de ce nom s’avère préjudiciable, alors que « nous avons cherché à valoriser une échelle géographique très fine ». Le choix définitif risque donc de se porter naturellement sur la métropole.
Une collecte en âne bâté et une autre en âne attelé
Évalué à 300.000 euros dans un premier temps, le budget annuel de fonctionnement comprend un encadrant et six agents dédiés pour l’entretien des ânes et du site. Sachant que la communauté de communes compte attribuer pour une durée de quatre ans la collecte à un prestataire externe. L’objectif de ce dernier : évacuer 457 tonnes par an. Mais attention, cette tâche ne s’annonce pas des plus simples dans la mesure où l’intercommunalité prévoit deux types de ramassage : l’une avec des bannettes pour assurer le tri sélectif (ordures ménagères résiduelles, papiers cartons, emballages plastiques et aluminium, et biodéchets) et l’autre avec une remorque.
Une phase test doit normalement se dérouler à compter du dernier trimestre 2023. D’ici là, la collectivité aspire à sensibiliser les quelque 9.000 habitants du quartier à l’environnement pour éviter que les déchets ne s’accumulent dans les ravines, puis dans le lagon, en leur mettant des sacs poubelles à disposition. « C’est ambitieux, mais nous souhaitons l’être », insiste Hugues Cressent. Assurément, le chantier s’annonce titanesque aussi bien pour les âniers que pour les futures coqueluches de la collecte, qui seront par la suite – peut-être – affectées à une tout autre mission : les balades écotouristiques du côté du lac Dziani…