Guet-apens de « Pilou » : L’auteur des coups de couteau condamné à quinze ans de prison

Le procès de la bande de Doujani, qui a agressé violemment un lycéen à l’intérieur d’un bus le 11 mai 2016, s’est terminé ce jeudi soir. La cour d’assises de Mayotte a condamné les dix membres du commando à des peines allant de trois à quinze ans de prison.

L’agression au couteau a eu lieu il y a six ans, mais elle a marqué à vie la victime. Âgé de 17 ans à l’époque, le lycéen surnommé « Pilou » se trouvait au fond du bus qui le ramenait de Chirongui, quand la bande d’une dizaine de jeunes a stoppé le véhicule dans le centre de Passamaïnty. L’opération était planifiée à l’avance. Les vols des clés et du téléphone de la conductrice, les deux hommes qui rentrent armés d’un bâton et d’un couteau, et même jusqu’au complice qui informait en temps réel le trajet du véhicule. Aujourd’hui en métropole et travaillant dans l’armée, « Pilou » garde des séquelles psychologiques et des sensations en moins au niveau de ses doigts. Il a suivi à distance le procès devant les assises, qui s’est tenu de lundi à ce jeudi soir, au tribunal judiciaire de Mamoudzou.

La cause du guet-apens viendrait d’une altercation précédente, rue du Commerce, à Mamoudzou. La victime avait alors frappé Mouride Soulaimana « Pablo » Yazour, un habitant de Doujani âgé de 19 ans. Afin de laver l’affront, ce dernier a organisé sa vengeance avec les membres de sa bande et porté lui-même les coups de couteau au niveau du thorax, le 11 mai 2016. Pour le directeur d’enquête de l’époque, il ne faisait aucun doute que « Pablo » était alors chef de la bande. « Ça se voit à la façon dont ont été conduites les opérations de perquisition chez lui, il y a eu des violences urbaines à chaque fois. D’autres mis en cause parlent de lui avec craintes et d’autres témoignages du quartier confirment ce rôle », expliquait alors le policier, lundi matin, au sujet du jeune homme de 25 ans qui comparaissait libre. L’avocat général, Albert Cantinol, a requis treize ans de prison contre lui. La cour d’assises des mineurs (la moitié d’entre eux l’étaient au moment des faits) a décidé d’aller plus loin en décidant quinze ans de réclusion criminelle.

De la prison ferme aussi pour les autres

Les neuf autres co-accusés (trois étaient absents du procès) ont été également condamnés pour « complicité de tentative d’assassinat ». Âgé de 16 ans en 2016, celui qui se fait surnommé « Kidi » hérite d’une peine lourde puisqu’il a été condamné à huit ans de prison avec mandat de dépôt. Il a joué un rôle important dans l’agression en ouvrant la porte du bus et en frappant la victime avec un bâton. C’est le même cas pour « Adi », condamné à six ans alors qu’il avait 16 ans à l’époque. Celui-ci était absent du procès. Bourhane « Mamoura » Yasser (cinq ans), Iftahou Salim (quatre ans) et Ibrahim El Hadad (cinq ans) ont été respectivement condamnés à de la prison ferme, tandis que Anisse Bacar Anli obtient trois ans de prison dont deux avec sursis. N’étant pas mineurs en 2016, comme « Pablo », ils ont également une interdiction définitive du territoire français.

Les trois derniers, dont celui qui renseignait la bande au téléphone, ont écopé de trois ans de prison avec deux de sursis. La question s’est posée d’un maintien en détention de l’un des trois, sachant qu’aucun d’entre eux n’a vu de mandat de dépôt décidé à leur encontre. Mais déjà sous les verrous pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire (il a été arrêté en Bretagne alors qu’il ne devait pas quitter Mayotte), il est reparti finalement au centre pénitentiaire de Majicavo, jeudi soir.

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