Ce jeudi 22 septembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a présenté le bilan démographique 2021 à Mayotte et les premiers éléments sur 2022. Entre le franchissement de la barre symbolique des 10.000 naissances par an, la hausse considérable des accouchements hors d’une maternité, la forte augmentation du nombre de décès et la réduction de l’espérance de vie de deux ans, le 101ème département fait encore et toujours office d’exception par rapport au reste de la France.
À Mayotte, la population scrute avec attention les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques. Le bilan démographique 2021 et les premiers éléments sur 2022 présentés ce jeudi 22 septembre ne dérogent pas à la règle. D’autant plus que les indicateurs passés au peigne fin font état d’une nouvelle année « record », comme le stipule Bertrand Aumand, le chef du service régional.
10.610 C’est le nombre d’enfants nés de femmes domiciliées sur l’île aux parfums. « Cela repart nettement à la hausse (1.430 de plus qu’en 2020, soit 16%), avec le franchissement de la barre symbolique des 10.000 naissances pour la première fois. » Et cette tendance historique tend à se confirmer au cours des sept premiers mois de 2022 avec 210 bébés supplémentaires sur la période correspondante (+3%). « À ce rythme, nous ne savons pas à combien nous allons arriver. »
70% C’est le pourcentage de mères comoriennes sur le territoire. Elles ont mis au monde pas moins de 7.400 enfants, un nombre en augmentation de 18% (+1.110) par rapport à 2020. Les statistiques des femmes françaises et malgaches sont également dans une phase ascendante, avec respectivement +9% (210) et +23% (100) en comparaison à l’année précédente.
46.5% C’est le taux de naissances renvoyant à un père et à une mère de nationalité étrangère. Celui-ci explose depuis 2014 (28%) ! « Ce [phénomène] devient structurel et n’est plus du tout conjoncturel », indique Bertrand Aumand. À titre d’exemple, seulement 17% des enfants ont des parents français.
470 C’est le nombre d’enfants nés de mères mineures en 2021, contre 415 en 2020 et 430 en 2019. Indication particulière à ne pas prendre à la légère : 120 d’entre eux ont une maman âgée de 15 ans ou moins… « C’est alarmant car la conception a eu lieu neuf mois auparavant », s’inquiète le chef du service régional de l’Insee. Au total, elles représentent 4.4% des naissances, une part nettement plus élevée qu’à La Réunion (1.6%) et qu’en métropole (0.3%).
900 C’est le nombre de naissances ayant eu lieu hors d’une maternité. C’est deux fois plus qu’en 2020 ! « C’est considérable », insiste Bertrand Aumand. Dans deux cas sur trois, les mères ont toutefois bénéficié de l’assistance d’un médecin ou d’une sage-femme. Si le centre hospitalier de Mamoudzou reste le lieu privilégié pour accoucher (6.880 naissances, soit deux tiers), l’île Bourbon et l’Hexagone demeurent une alternative, « qui n’est pas donnée à tout le monde », pour quelques femmes (240).
1.140 C’est le nombre de décès recensés (+47% par rapport à 2019). La hausse de la mortalité touche particulièrement les personnes âgées de 65 ans ou plus (+68%), mais aussi les 50-64 ans (+59%) et davantage les hommes (+53%) que les femmes (+41%). En raison du pic de contaminations de Covid-19, le premier trimestre 2021 connaît une augmentation de « près de 100% ». Entre janvier et juillet 2022, le département comptabilise 150 morts de moins que sur la même période en 2021.
2 C’est le recul de l’espérance de vie en nombre d’années. Celle-ci s’établit à 74 ans pour les femmes et à 72 ans pour les hommes, loin des standards nationaux (85.5 ans et 79 ans). « Des tas de facteurs peuvent expliquer ces chiffres. » À l’instar de la grippe, de la dengue, et bien évidemment du Covid-19.