La fermeture des écoles et des services publics a marqué le départ du mouvement, ce jeudi. Si une manifestation s’est déroulée sur la place de la République, à Mamoudzou, la journée s’est passée de manière très calme. Ce vendredi, les arrêtés des mairies sont toujours en vigueur. Quant au Département, il avait déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de transport scolaire jusqu’à samedi inclus.
À voir l’activité continue sur Mamoudzou et le peu d’embouteillages sur ses axes, la journée ressemblait davantage à un samedi qu’une réelle « ville morte ». Ce qui est certain, c’est que les écoliers munis de leurs habituels cartables plus larges que leurs épaules manquaient au tableau. Conformément à la volonté des maires, les parents ont choisi de garder leurs progénitures auprès d’eux. Et si les rues n’étaient ainsi pas encombrées, près de 300 personnes ont rejoint la place de la République où une mobilisation pacifique contre l’insécurité a eu lieu.
Un chiffre un peu en deçà des espérances du collectif des citoyens 2018 qui intervient régulièrement pour dénoncer l’insécurité et l’immigration illégale. Le mouvement, qui « montre depuis des années son impatience » selon sa présidente Safina Soula, approuve totalement l’initiative des élus locaux de fermer écoles et services publics. « La situation devient chaotique. On demande au préfet de Mayotte que l’état d’urgence soit décrété », soutient cette dernière, avant d’arguer « que si la situation ne change pas, ça peut dégénérer rapidement ».
Parmi la série de discours prononcés toute la matinée sur le parvis, le sien a été l’un des plus applaudis, tout comme ceux des conseillers départementaux, Salime Mdéré et Maymounati Moussa Ahamadi. Accompagnés par Laïni Abdallah-Boina, élue de Mamoudzou 2, ils ont fait part des mêmes difficultés dans leurs cantons respectifs et ont aussi appelé une réaction de l’État pour endiguer les faits de délinquance.
Le préfet de Mayotte face aux maires
Quelques minutes après, toujours à Mamoudzou, sous le préau du conseil départemental, le préfet de Mayotte a rencontré élus municipaux et départementaux. Thierry Suquet, qui s’inquiète de ne pas voir les enfants à l’école (voir Flash Infos du 15 septembre 2022), a redit la détermination de l’État à lutter contre la délinquance.
Ses interlocuteurs ont demandé un changement de méthodes. Ambdilwahedou Soumaïla, le premier édile de Mamoudzou, en a profité par exemple pour demander aux autorités un plan de reconquête sur le territoire de sa commune. « Le maire a demandé au préfet de lancer des opérations quotidiennes avec les forces de l’ordre pour aller chercher les délinquants dans les bidonvilles situés dans les zones reculées de Mayotte, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, tout en mettant en place des mesures à l’encontre de tout parent ou personne qui les soutiendraient », a ainsi indiqué la municipalité de Mamoudzou.
En attendant que les élus obtiennent satisfaction, ils ont déjà prévu de maintenir leurs arrêtés de fermeture des écoles et des services, ce vendredi. Le transport scolaire, stoppé par le Département jusqu’à samedi, pourrait faire son retour lundi.
Le plan blanc levé au centre hospitalier
Inquiet de ne pas avoir de personnel suffisant à la fois pour assurer les consultations et les hospitalisations programmées, le centre hospitalier de Mayotte avait décidé d’instaurer son plan blanc pour la journée de jeudi. La démarche exceptionnelle a été rapidement abandonnée par l’hôpital dans la soirée de ce même jeudi. « Constat fait du faible impact sur l’absentéisme au sein de l’établissement suite à la fermeture des écoles et de l’absence de transport scolaire, la cellule de crise du centre hospitalier s’est prononcée en faveur de la levée du plan blanc », indique le CHM via un communiqué.