Diabète : Un dépistage d’ampleur à Mayotte en vue « d’un déclic »

Toute la semaine prochaine, des stands de dépistage au diabète et de l’hypertension artérielle fleuriront partout sur Mayotte. L’agence régionale de santé espère changer les mentalités sur la première des deux maladies chroniques qui touche 17% de la population mahoraise de plus de 30 ans. Entretien avec Olivier Brahic, directeur de l’ARS Mayotte.

Flash Infos : De quel ordre l’hypertension et le diabète sévissent à Mayotte ?

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Olivier Brahic, directeur de l’ARS Mayotte, compte sur cette campagne pour provoquer « un déclic » dans la population.

Olivier Brahic : J’ai fait une conférence avec Santé publique France au mois de mai. Cela nous a permis d’objectiver une situation sanitaire sur l’île avec une forte prévalence de la population tant sur le diabète que sur l’hypertension artérielle. Je ne vais pas vous noyer sous les chiffres. Il y en a trois à retenir cependant. Concernant le diabète, on a 17% de la population des plus de 30 ans qui en a, donc un adulte sur six, un taux largement supérieur à la moyenne nationale. Sur l’hypertension, c’est 48% dans la même tranche d’âge, soit un adulte sur deux. Enfin, dans ces catégories de population, une sur deux ne connaît pas son statut.

FI : Quel problème cela engendre ?

O.B. : Nous avons des remontées de terrain. Les professionnels de santé nous disent que les patients, notamment ceux souffrant de diabète, arrivent dans un état trop dégradé. Ces patients auraient pu être soignés beaucoup plus tôt s’ils avaient été dépistés.

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Quatorze stands par jour permettront aux Mahorais de mesurer leur tension artérielle et leur taux de glycémie.

FI : En quoi consiste l’opération « Naridzi tundé » ?

O.B. : L’idée, c’est que toute la semaine prochaine, nous lancions une opération « big bang » sur l’île, qu’il y ait un déclic. Tous les jours, il y aura quatorze stands de dépistage, ouverts de 9h à 15h (voir flyer). Cela doit nous permettre de prendre en charge l’ensemble de la population volontaire.

FI : Qui fera les tests ?

O.B. : Nous faisons cette opération avec un ensemble de partenaires. Je remercie beaucoup les infirmiers libéraux qui viennent en appui, tout comme le centre hospitalier et les communes. C’est la première fois que nous montons une telle opération sur le territoire.

FI : À qui est-ce destiné ?

O.B. : L’ensemble de la population de 30 ans est invité à se faire dépister. C’est gratuit et anonyme. Cela dure une dizaine de minutes. Concrètement, vous aurez des infirmiers et des infirmières qui vont vous prendre la tension artérielle au niveau du bras et vous prendront le taux de glycémie au bout du doigt.

FI : Quelle est la suite en cas de maladie détectée ?

O.B. : Nous orientons les personnes vers une prise en charge via les médecins généralistes ou les hôpitaux. Autant les complications, c’est plus compliqué parce que cela demande des filières très spécifiques. Mais si nous les prenons plus en amont, le diabète et l’hypertension, c’est une prise en charge relativement sur simple. Nous avons les médicaments sur l’île.

FI : Est-ce que cette campagne existe déjà ici ?

O.B. : Nous le faisons déjà dans les entreprises et nous voyons bien que la population est demandeuse de ce type de dépistage. Nous avons identifié déjà des personnes avec un taux de diabète.

FI : Outre le dépistage, comment lutter contre ces maladies ?

O.B. : L’idée n’est pas faire que du « one shot ». Il y a bien évidemment de la prévention, notamment sur l’alimentation. Il faut progressivement changer de comportement alimentaire. Ce n’est pas le directeur de l’ARS qui va interdire tel ou tel produit. Mais il faut réduire de manière très notable la consommation de boissons sucrées, remplacer les plats frits par des plats bouillis, le sel par des épices. En parallèle, il faut encourager la pratique d’activités physiques, des balades régulières, aller faire ses courses à pied. Nous ne voulons pas faire des Mahorais des athlètes, mais plutôt réduire l’utilisation de la voiture quand nous pouvons marcher.

 

Projet de santé : une première réunion publique, ce samedi

Annoncé en avril, le projet de santé rentre dans la phase de concertation. « Nous allons construire la santé que nous souhaitons pour les cinq ans à venir », prévient Olivier Brahic. Ce samedi, à 8h, la première réunion publique est prévue dans la salle du conseil municipal de Mamouzdou. Un expert fera un point sur le thème du jour, les maladies chroniques, puis la parole sera laissée au public. Quatre autres réunions de ce type seront organisées sur l’île. Celle du 17 septembre sera à Dembéni et portera sur l’accès aux soins, le 1er octobre à Bandraboua, le 15 octobre à Tsingoni et le 28 octobre à Chirongui.

 

Vaccination contre la variole du singe et la grippe

L’agence régionale de santé confirme qu’il y a eu deux cas avérés de variole du singe ou « monkey pox » sur l’île. Cependant, les deux personnes, qui ont été infectées sur un même territoire extérieur à Mayotte, ont pu être prises en charge chez elles et aucune contamination n’a été décelée. Cette maladie se transmet à travers les relations sexuelles et touche davantage la communauté homosexuelle. Le directeur de l’ARS rappelle donc qu’il faut appeler le 15 en cas d’apparition de boutons accompagnée de fièvre et qu’une vaccination « gratuite et anonyme » est possible au centre hospitalier de Mayotte.

Autre sujet pouvant faire l’objet d’une vaccination, la grippe saisonnière avait particulièrement touché Mayotte, fin 2021, avec 17 cas graves nécessitant une réanimation et un décès. Les personnes fragiles, notamment les plus de 65 ans, sont encouragées à se faire vacciner.

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