Peu coutumiers du genre, c’est pourtant bien à leur propre et unique initiative que s’est tenue, cette conférence de presse imprévue. En effet, en déplacement sur Mayotte, les quatre représentants de la COR (Coopérative Ouvrière Réunionnaise), actionnaires de la Smart à hauteur de 17%, ont rencontré la direction de MCG ce mercredi.
Concédant une entrevue des plus cordiales, avec un réel souhait pour Ida Nel (directrice MCG) de trouver une concrète entente, le PDG de la COR, Jean-Daniel Clotagatide, accompagné des trois autres membres, a été plus que désagréablement surpris d’apprendre, à l’issue de ce rendez-vous, la validation d’un accord avec MCG et ce, à la lecture d’un article dans la presse locale.
« Nous avons le sentiment d’avoir été manipulés. Non, nous ne sommes pas là pour faire plier la Smart. Comment voulez-vous que nous la fassions plier d’ailleurs? Nous sommes actionnaires qu’à 17%! Nous souhaitons réellement trouver une solution mais aujourd’hui, nous le disons officiellement, aucun accord n’a été signé avec Madame Nel ».
Une proposition d’accord inadaptée
Souhaitant apporter quelques précisions quant à la proposition qui leur a été soumise par la société gestionnaire du Port de Longoni (MCG), les représentants de la COR, plus que jamais main dans la main avec la Smart, ont notamment indiqué l’aberration de vouloir quantifier le nombre de chargements/déchargements de containers:
« Et lorsque la Smart a atteint son quota imposé, elle fait quoi? Les manutentionnaires en plein déchargement descendent de leurs grues et laissent la place à ceux d’une autre société? C’est inconcevable, il est impossible de partager le déchargement avec une autre société. De toute façon, il n’y a aucun intérêt économique pour Mayotte à avoir une seconde entreprise de manutention» indique Fabienne Maillot (chargée communication de la COR).
La COR également société de manutention portuaire, a avant tout souhaité s’entretenir avec la Directrice Ida Nel afin de lui exposer le mode de fonctionnement de son port à la Réunion au regard notamment de son rendement bien supérieur et de son équipement paradoxalement inférieur*.
Cet équipement toujours source de conflit qui a été acquis par l’unique décision de MCG et qui ne va, selon les dires de la COR, pas dans le sens d’une utilisation publique comme le notifie la DSP:
« Il s’agit normalement de matériel public, Madame Nel en qualité de gestionnaire du port aurait au moins dû consulter les représentants de la Smart pour tenir compte de leurs besoins et attentes et surtout, avant de demander un agrément pour défiscalisation ».
Un manque d’investissement
C’est un point qui est reproché à la société d’acconage mahoraise. Prenant appui sur les propos tenus par les représentants de la COR, le directeur Gilles Langlois (Smart) tient à rappeler que l’acquisition des manutentionnaires se limite à des engins privés de levage laissant ainsi à l’investissement public l’achat de matériels plus conséquent, en fonction du rendement portuaire. Si le rendement de Longoni devenait plus conséquent au point de nécessiter la présence d’une seconde société de manutention, cette dernière, sur un même pied d’égalité que sa consoeur déjà en place, serait en droit de louer au gestionnaire du port ce matériel public à vide.
Si rien n’a été fait en ce sens, tient à rappeler non sans une certaine ironie Gilles Langlois, il ne faut pas oublier que « précédemment, c’est la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Mayotte, présidée par Madame Nel, qui était délégataire du port … Elle est peut être société privée mais aujourd’hui elle est délégataire d’un outil public. Elle se doit d’avoir un service public. D’ailleurs elle dit à tout le monde qu’elle investit, mais que je sache, elle attend de l’argent de l’État, du Conseil Départemental, de l’Europe; à qui est cet argent? Il est à nous tous, c’est nos impôts ».
AOT et DSP
Souhaitant dénoncer l’aberration du jugement rendu le 9 octobre dernier par le tribunal de grande instance, le directeur de la Smart invite l’ensemble de la presse présente dans la salle, à prendre connaissance de cette fameuse DSP. Énumérant notamment la non existence du comité de pilotage de la DSP, comme le formule l’article 64, il en vient à aborder l’article 35 qui stipule les autorisations du domaine public. L’intéressé rappelle que l’expulsion de la Smart souhaitée par Madame Nel se fait au motif d’un manque d’une AOT:
« cet article 35.02 stipule mot pour mot qu’elle aurait dû proposer au Conseil Départemental un projet d’occupation temporaire du terminal. À l’heure actuelle, le Conseil Départemental n’a jamais eu ce projet donc comment voulez-vous que la Smart puisse avoir une AOT? ».
Par ailleurs, reprenant un autre article il poursuit :
« Cette DSP est quand même bien faite, lorsque Madame Nel achète du matériel et que le montant de la facture est supérieur à 300 000 euros** il doit y avoir non seulement un appel d’offres, mais en plus de ça il doit y avoir une autorisation du Conseil Départemental ».
* Réunion: 400 000 containers traités annuellement avec 1 grue mobile / Mayotte : 50 000 et 3 grues.
** Pour rappel, le coût actuel de modernisation du port incluant l’achat des 3 grues, s’élève à 25 millions d’euros.
Droit de réponse de MCG
Contactée par téléphone, la direction de la société MCG, se réservant un droit de réponse public, tient à soutenir qu’aucune annonce de validation d’accord n’a été indiquée au média concerné. Finalement dénoncée comme source initiale de la polémique, la société se questionne quant à un dépôt de plainte pour diffamation.
Maintenant une entrevue cordiale avec les représentants de la COR sur « un fond de bonne entente », Madame Nel confirme que rien n’est acté et qu’elle travaille en ce moment même sur l’évolution d’un nouveau protocole d’accord à soumettre à la Smart.
MCG et la COR n’ayant pu se revoir ce jeudi après-midi pour discuter notamment de ce « quiproquo », les actionnaires concernés réintégreront leur sol réunionnais ce jeudi, en fin de matinée.
MLG
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