Il n’est pas ministre de la Santé, mais Gérald Darmanin a tenu à visiter l’hôpital de Mamoudzou et à rencontrer le personnel. L’occasion pour le directeur du centre hospitalier de Mayotte, Jean-Mathieu Dufour, de lui parler des projets de restructuration des urgences et de celui du deuxième hôpital. Si le premier flic de France n’a fait aucune grande annonce, il a manifesté son envie de faire venir des médecins et de professionnels de santé, de manière plus pérenne dans le département.
Le manque d’effectif parmi les médecins et les autres professionnels soignants à Mayotte est un problème récurrent qui ne va pas en s’arrangeant, bien au contraire ! L’insécurité fait fuir ceux qui sont sur le territoire et ceux de l’extérieur n’ont pas envie de venir exercer dans ce bout de France de l’océan Indien. Cela est vrai à l’hôpital, mais également dans le libéral. Un point évoqué lors de la réunion entre les élus, les représentants du centre hospitalier de Mayotte et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.
Pour Gérald Darmanin, le deuxième hôpital serait l’une des solutions. « Entre la rénovation du premier hôpital et la construction du deuxième, c’est un projet de 350 millions d’euros. L’État met les moyens pour faire venir des médecins et leurs spécialités. » Il faut aller les chercher, et les Mahorais qui exercent en dehors des frontières du 101ème département sont la principale cible. L’hôpital ne doit pas lésiner sur les moyens pour les attirer ! « Dès septembre, nous allons mettre en place une cellule de recrutement qui sera chargée de trouver des médecins, notamment des Mahorais pour leur proposer de venir en les aidant à s’installer », précise Jean-Mathieu Defour, le directeur général du CHM.
Offrir une surémunération, trouver un logement et une école pour les enfants ou encore payer les personnels administratifs des libéraux… Autant de propositions soulevées par le membre du gouvernement qui devraient selon lui, pallier ce déficit chronique. « Il faut aussi donner envie à ces professionnels de rester, une fois qu’ils sont là. Cela passe par des projets, parce qu’un hôpital est attractif quand il y a des projets », ajoute Jean-Mathieu Defour. Parmi les pistes ? La création de la première année de médecine à Mayotte. « Cela nous permettra de mieux les suivre, même quand ils partiront poursuivre leurs études », assure le directeur général du CHM.
« La République soigne tout le monde gratuitement »
Si Gérald Darmanin indique vouloir abaisser l’attractivité du territoire mahorais, cela ne s’appliquera visiblement pas dans le domaine de la santé. « C’est l’honneur de la République et l’honneur des médecins que de soigner toute personne qui se présente à l’hôpital. La République est à la fois ferme parce qu’elle renvoie 20.000 étrangers chaque année, et elle est en même temps généreuse puisqu’elle soigne tout le monde gratuitement », affirme-t-il. Un concept qui ne changera pas, malgré l’arrivée des « kwassas sanitaires » sur l’île. « 80% des accouchements à la maternité sont de mères étrangères. Nous les accueillons et les soignons », ajoute le ministre de l’Intérieur.
Alors oui, il faut s’occuper des urgences, mais selon lui, ce sont les politiques qui « doivent changer l’avenir parce que nous ne pouvons pas continuer comme ça ». Vous l’aurez compris, la visite de Gérald Darmanin à l’hôpital n’était finalement que symbolique : il a écouté les professionnels et assure remonter toutes les propositions au président de la République, Emmanuel Macron, ainsi qu’au ministre de la Santé et de la prévention, François Braun.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.