Les étudiants se révoltent

Ce courrier, rédigé par le président de l’association des étudiants du centre universitaire (A.E.C.UM), faisait état des problèmes de transport scolaire que rencontrent les étudiants. En principe, dans un département, les étudiants ne sont pas bénéficiaires du transport scolaire, ce service étant réservé aux élèves du secondaire. Les étudiants doivent donc emprunter les transports en commun pour leurs déplacements quotidiens. Mais étant donné qu’à Mayotte il n’y a pas de transport en commun, le conseil départemental, à l’époque de la création du Cufr de Mayotte, avait mis à disposition des étudiants le service de transport scolaire comme solution de secours en attendant qu’un service de transport en commun ou service de transport étudiant voie le jour. Sauf que depuis l’ouverture du Cufr en 2011, aucune solution n’a été mise en place. N’ayant pas les mêmes horaires de cours que les élèves du secondaire, les horaires de ramassages du transport scolaire sont inadaptés aux horaires de cours des étudiants, qui sont donc contraints de s’adapter aux horaires d’ouverture et de fermeture du collège de Dembéni, l’établissement scolaire le plus proche. Jusqu’à l’année dernière, un service de ramassage était mis en place à 11h pour les élèves du collège/lycée de Bandrélé et étudiants du Cufr. Ce dernier permettait de désengorger les bus du matin, mais également permettait aux étudiants qui commencent les cours plus tard d’avoir plus de confort. À leur grande surprise, ce service a été supprimé. “Les horaires de ramassage scolaire nous placent en situation de handicap pour notre réussite. Vous le savez mieux que nous, un étudiant contraint de se réveiller à 3h45 du matin tous les jours pour commencer les cours à 8h ou 10h n’aura jamais les mêmes chances de réussite qu’un étudiant qui se réveille à 5h45. Ces horaires sont très durs pour nous et d’ailleurs nous constatons que depuis plusieurs années, les étudiants désertent les premiers bus assurant le ramassage scolaire de 5h au profit de bus qui passent plus tard dans la matinée”, indique Saïd Abdallah S. Mohamadi, président de l’association. Cette année le nombre d’élèves à transporter est trop important : 1117 étudiants inscrits et 5 en attente. Actuellement 65 étudiants sont adhérents à l’association. “Tous les jours, nous rencontrons des problèmes de place dans les bus. Par exemple tous les matins à Kahani, nous sommes obligés de nous bagarrer avec les élèves du collège et lycée de Dembéni pour espérer avoir une place dans les bus à destination de Dembéni. » Ses bousculades se font sous les yeux des médiateurs et chauffeurs de bus sans que personne ne réagisse. Il arrive fréquemment que des étudiants du Cufr soient descendus des bus par les chauffeurs et médiateurs au profit des élèves, car selon eux nous ne sommes pas prioritaires. Tous les matins, ses mêmes étudiants se retrouvent bloqués à Kahani sans qu’aucune solution ne leur soit proposée. Cette situation se répète également au collège de Dembéni les après-midi”, ajoute le président. Il existe aussi un problème de bus le jour du samedi. Depuis que le collège de Dembéni n’ouvre plus le samedi, les bus qui se rendaient là-bas n’y vont plus et cela engendre un souci de plus qui affecte surtout les élèves du sud. Et ce ne sont pas que les problèmes de transport scolaire qui touchent les étudiants, car ils subissent aussi des agressions. Depuis la rentrée, 15 agressions ont été recensées. 6 agressions physiques avec substitution de bien sur Dembéni dont une agression inquiétante, 5 (intimidations) menaces à l’arme blanche avec substitution de bien sûr Kahani. “2 groupes de jeunes armés de couteau et chombo composés de 3 à 5 membres agressent les étudiants qui descendent prendre le bus au collège de Dembéni. Parfois positionnés sur les escaliers, à proximité du rond-point d’Iloni, et au niveau du virage à proximité de l’auto-école du lagon… Un nouveau phénomène qui devient de plus en plus inquiétant, les filles sont également prises pour cible”, explique le président. Une première explication se dégage de toutes ces agressions : la non-utilisation de l’arrêt de bus du Cufr. Cette année très peu de bus montent la pente. Pas de ramassage d’étudiants entre 12h30 et 17h45. Les étudiants étant tous obligés de descendre prendre le bus au collège, ils deviennent automatiquement des cibles potentielles pour les agresseurs. Étant donné qu’il y a beaucoup de raccourci, chemin et ruelle entre le Cufr et le collège de Dembéni, il est très facile pour les agresseurs de commettre leurs méfaits et de s’évaporer dans la nature. Une grève illimitée dans la semaine du 12 octobre Afin de trouver une solution à toutes ces problématiques, une réunion s’est donc déroulée au centre universitaire en présence M. Coget, DGS du Cufr, de M. Mohamadi, président de l’association des étudiants et de M. Morel, responsable d’exploitation de la société Matis (le conseil départemental ne pouvant pas être présent, a été représenté par M. Morel). Les étudiants revendiquent la mise en place de ramassage le matin, partant des villages de Mayotte vers le Cufr à 7h et 11h30, et l’après-midi, partant du Cufr aux villages des Mayottes à 12h30, 15h30 et 17h45 (aujourd’hui seuls les ramassages de 7h et 17h45 existent). À noter que la préfecture n’a pas répondu au courrier des étudiants. À l’issue de la réunion, un devis Matis sur le coût du fonctionnement a été transmis au conseil départemental pour validation ou refus des revendications. S’il ya validation, le mouvement de grève des étudiants annoncés sera supprimé, et s’il y a refus, le mouvement aura lieu. Une éventuelle manifestation dans les rues, devant la préfecture, dont le conseil départemental ne sera pas exclu. “Si nos revendications ne sont pas prises en compte rapidement, dès la semaine du 12 octobre 2015, nous déposerons un préavis de grève illimité. Nous inviterons également l’ensemble des usagers du transport scolaire (à savoir les élèves du secondaire) à nous rejoindre puisqu’eux aussi rencontrent quasiment les mêmes problèmes que nous. L’éventualité de barrages dans les rues de Mayotte ne sera pas à exclure… On espère que cette fois-ci les élus vont prendre au sérieux la menace et qu’ils vont donner suite à nos revendications”, souligne-t-il.

Oirdi Anli

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