Treize étudiants de l’institut de formation en soins infirmiers de Mayotte viennent d’obtenir leur certificat d’État d’infirmier. La cérémonie de remise de diplômes a eu lieu à l’institut de formation de soins infirmiers ce mardi. L’heure était à la fête, avant que ces « petits » nouveaux soient plongés dans la réalité du travail.
Sourires aux lèvres, larmes aux yeux… L’émotion est à son comble ce mardi 12 juillet dans le patio de l’institut de formation en soins infirmiers de Mayotte. Encensé tour à tour, chaque diplômé récupère son attestation de réussite. Ce petit bout de papier symbolise l’aboutissement de trois années d’études à l’IFSI Mayotte ! Sur les 26 étudiants inscrits en septembre dernier pour le compte de cette troisième année, la moitié seulement a le bonheur de recevoir le précieux sésame ce jour-là. « Nous avons plusieurs sessions pour présenter le diplôme d’État et certains vont le repasser en décembre parce qu’il leur manque certaines choses comme des stages, le travail de fin d’étude, etc. D’autres vont aussi redoubler, mais nous continuons à les accompagner jusqu’au bout », assure Carine Piotrowski, la directrice de l’école.
La crise sanitaire intervenue dès le deuxième semestre peut justifier ce taux de réussite de 50% au sein de la promotion 2019-2022, appelée « Hippocampe ». « L’institut a été fermé du jour au lendemain, l’équipe pédagogique a alors essayé de rebondir sur l’enseignement à distance. Et les terrains de stages ont accepté de les prendre, ils ont pu continuer leur formation. » Les principaux concernés gardent un souvenir amer de cette période, à l’instar de Latuf Dhoifir, l’unique garçon diplômé. « C’était compliqué, notamment en stage car j’étais en médecine, le service qui accueillait les patients atteints du Covid. C’était très intense ! » Une situation pas facile à gérer, mais c’était sans compter sur la volonté intacte du jeune homme, passionné par le métier. « Je voulais faire quelque chose de polyvalent et qui bouge beaucoup : cela correspond totalement à ce que je veux. » En immersion dans différents pôles à Mayotte, à La Réunion et en Hexagone, il affiche clairement une préférence pour la réanimation. « J’espère qu’ils vont me prendre là-bas », croise-t-il les doigts.
Un poste à la clé
Fraîchement diplômés, ces nouveaux infirmiers ont de fortes chances de rapidement mettre le pied à l’étrier… En effet, leur avenir, du moins pour les premières années de leur carrière professionnelle, semble tout tracé. Présents tous deux à cette cérémonie, le directeur du centre hospitalier de Mayotte, Jean-Mathieu Defour, et le recteur, Gilles Halbout, souhaitent déjà les embaucher ! « Même s’il y a de la concurrence ailleurs, venez à l’hôpital ! Nous nourrissons de gros projets et nous avons besoin de vous », lance le premier. Rapidement rejoint par le second : « Nous recrutons aussi à l’Éducation nationale. Il y a encore des postes vacants donc vous êtes les bienvenus. »
Malgré l’offre du responsable de l’académie, l’hôpital reste la première option pour une grande majorité d’entre eux. « Je veux faire évoluer mon île, nous avons besoin d’infirmiers ici. Nous les faisons venir de la métropole ou de l’étranger alors nous, Mahorais, devons rester travailler ici. Je veux commencer au CHM, avant peut-être d’évoluer vers le libéral. Mais nous verrons cela en temps et en heure », indique Faizina Djanffar. La jeune femme est impatiente de commencer le travail malgré une certaine appréhension. « C’est un métier qui demande beaucoup de responsabilités car nous avons la vie des patients entre les mains alors que je suis quelqu’un de très stressée. J’ai peur des erreurs médicales, mais j’ai bien été formée, je me sens prête », ajoute-t-elle, avant d’affronter la dure réalité du travail d’infirmier à Mayotte. Fait non négligeable, la profession offre également de nombreuses opportunités. Il suffit de regarder les échelons gravis par le directeur du CHM, lui-même infirmier à ses débuts !
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.