Justice : doit-on lui jeter la pierre ?

C’est le cas de celle de trois cambrioleurs, qui étaient déjà passés par le tribunal en mai. Placés en détention par la juge d’application des peines, ils sont arrivés à la barre menottés où on leur a signifié le renvoi de leur affaire le 15 juillet prochain. Pour la principale victime, il faudra donc revenir une 3ème fois au tribunal, et encore, en 1re instance.

Pareil pour l’affaire des propos présumés diffamatoires tenus à l’antenne de Kwézi FM et Kwézi TV par Patrick Milan et Samuel Boscher à l’égard de la société Somaco, l’affaire a été renvoyée en septembre.

L’affaire la plus intéressante de la matinée concerne le jugement d’un jeune homme, de tout juste 18 ans qui a caillassé les forces de l’ordre le 5 juin dernier à Kawéni aux abords du lycée professionnel.

Ce jour-là, les policiers sont appelés pour sécuriser le périmètre autour du lycée suite au passage de bandes de jeunes. Les policiers vont essuyer des remarques et des insultes de la part d’un groupe, puis les galets pleuvent et deux policiers sont touchés par des projectiles. L’un d’eux surgit en direction des jeunes et interpelle l’un de ses agresseurs. C’est le jeune homme présent à la barre.

Son avocate, maître Journiac tentera en vain de faire jouer la nullité pour toute l’affaire, car pour des questions de procédure, les policiers ont oublié sur le premier procès verbal de lui signifier qu’il serait aussi poursuivi pour outrage.

Seul le chef d’accusation de violences volontaires avec 3 circonstances aggravantes est donc retenu.

Les policiers, victimes dans cette affaire expliquent qu’ils ont parfaitement identifiés celui qui leur avait jeté une pierre, grâce à son tee-shirt rouge, malgré le fait qu’ils étaient assaillis par une cinquantaine de jeunes énervés, qui les obligé à utiliser des grenades lacrymogènes, puis à se retirer.

Le jeune homme tout juste majeur et issu d’une fratrie de 9 enfants, va encore au lycée. Il est inconnu des services de police et ne souhaite pas s’exprimer. Mais l’avocat des policiers, Éric Hessler, entend faire un procès emblématique de ce caillassage des policiers, une pratique qui devient “récurrente” à Mayotte. Une situation qu’il qualifie de “guerre civile”, d’“insurrection”, des mots forts avec lesquels il tente de convaincre le juge de “sanctionner fort” et ainsi de “faire passer un message” à la jeunesse délinquante qui s’en prend à la police “comme un jeu”.

C’est le sens aussi de la réquisition de la procureure,

Laurence Prampart qui réclame à l’encontre du jeune caillasseur une peine de 8 mois de prison dont 3 avec sursis. Les policiers, qui se constituent partie civile, réclament quant à eux 3 000 euros de dédommagement chacun.

Mais la plaidoirie acharnée de maître Journiac, l’avocate du prévenu parviendra à poser un doute sur l’acte du primo-délinquant, “le seul élément du dossier, explique-t-elle, c’est la parole des victimes”.

Elle évoque “une procédure bafouée et déloyale”, pour un jeune homme auquel on n’a pas signifié ses droits.

Néanmoins le juge Sabatier reconnait le jeune caillasseur coupable des faits qui lui sont reprochés.

Il le condamne à une peine qui a valeur de gros, gros avertissement, à savoir 10 mois de prison assortis de sursis simple et 1 000 euros d’amende pour chacune des victimes. “La prochaine fois, c’est la prison”, harangue le juge en claquant ses poings sur le bureau.

Adrien Theilleux

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