L’agence régionale de santé a lancé ce mardi 28 juin son comité intersectoriel mahorais pour l’attractivité, l’installation et la pérennisation des professionnels de santé. Un dispositif qui doit permettre d’augmenter le nombre de médecins à partir de l’an prochain, aussi bien à l’hôpital que dans le secteur libéral, et ainsi réduire l’écart abyssal avec le territoire national.
Avec seulement 43 médecins généralistes pour 100.000 habitants, Mayotte se situe bien loin des standards métropolitains qui se chiffrent à 132. Un constat loin d’être nouveau, mais qui alerte sachant que l’espérance de vie dans le 101ème département est inférieure de 7 à 11 ans à la moyenne nationale… Un indicateur très défavorable, au même titre que la prévalence des maladies chroniques (13% de diabétiques et 38% d’hypertendus), qui pousse l’agence régionale de santé à prendre le taureau par les cornes !
D’où le lancement ce mardi 28 juin du comité intersectoriel mahorais pour l’attractivité, l’installation et la pérennisation des professionnels de santé (CIMAIPS). « J’[en] ai fait ma priorité absolue », rappelle Olivier Brahic, le directeur général de l’ARS. À ses côtés ce matin-là, plusieurs représentants d’institutions tels que le Medef, l’union départementale des centres communaux d’action sociale, la chambre de commerce et d’industrie, l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte, la caisse de sécurité sociale, la direction de la protection maternelle et infantile, le conseil départemental, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement, le rectorat, le service départemental d’incendie et de secours et la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités. « Il faut une mobilisation générale de toutes les administrations et des élus », insiste le successeur de Dominique Voynet. En ligne de mire notamment : l’insécurité qui gangrène l’île aux parfums depuis de nombreuses années. « Les jeunes ont du mal à se projeter, il faut leur donner de la visibilité. »
Un plan d’actions dès 2023
Un exemple parmi tant d’autres dans la mesure où une étude menée récemment fait état d’un certain nombre de freins, comme les soucis de logement et d’identification de locaux. Raison pour laquelle Olivier Brahic mise énormément sur « ce comité intersectoriel inédit en France ». Selon lui, il s’agit ni plus ni moins d’un « point clé si nous voulons améliorer l’état de santé » de la population. « Nous allons valider les groupes de travail qui vont se réunir de septembre à novembre. » Un timing accéléré qui doit permettre de mettre en oeuvre un plan d’actions dès 2023.
D’autant plus que plusieurs projets structurants doivent sortir de terre dans un avenir plus ou moins proche, à l’instar du second site hospitalier à Combani (le démarrage des travaux est prévu en 2025) et de deux cliniques privées. Sans oublier l’arrivée prochaine de nouvelles filières d’excellence – la cardiologie par exemple – dans le cadre du projet régional de santé. « Il y a un fort enjeu de formation que nous pouvons facilement calibrer et qualifier », admet-il. Reste à s’assurer que ces futures infrastructures ne se transforment pas en « coquille vide ».
« Cela ne va pas se faire dans les deux mois, mais nous voulons être proactifs », prévient Olivier Brahic, qui souligne par ailleurs que de nombreux professionnels de santé installés aux Antilles se rabattent sur l’océan Indien à la suite de la crise sanitaire. Un motif d’espoir avant la concrétisation de ce dispositif ! « Nous ne devons pas être dans une logique hospitalo centrée, nous devons également développer très notablement le secteur libéral. » L’avenir de 45% de la population ayant renoncé à des soins médicaux en dépend…
Covid-19 : un premier cas de sous-variant BA.5
En marge de l’installation du CIMAIPS, Olivier Brahic a fait un point sur la crise sanitaire. S’il a rappelé que Mayotte dispose du taux d’incidence (20) le plus bas de France, il a annoncé qu’un premier cas de sous-variant BA.5, dont la contagiosité est plus élevée qu’Omicron, avait été identifié ce lundi. « Il n’y a pas d’échappement vaccinal majeur. » Ainsi, le directeur général de l’ARS a invité les personnes de plus de 60 ans à effectuer deux doses de rappel, mais aussi à se laver régulièrement les mains. Concernant le masque, il a recommandé de le porter dans les lieux clos, en attendant « les orientations gouvernementales ».