Le club de Bandrélé Foot féminines est arrivé premier au programme « SensationnElles », visant à promouvoir et développer le football féminin amateur. Lundi, les cadres du club mahorais se rendaient à Paris, au siège de la Fédération française de football (FFF), pour assister à la cérémonie et y défendre leur projet, le meilleur des neuf clubs finalistes.
Non, Lilian Thuram n’est pas la personne ayant joué le plus de matchs avec l’équipe de France de football. Bien qu’honorables, ses 142 sélections en Bleu ne pèsent pas lourd face aux 198 capes de Sandrine Soubeyrand, aux 192 d’Élise Bussaglia ou aux 188 de Laura Georges. Cette dernière faisait d’ailleurs partie du jury de « SensationnElles », un programme visant à promouvoir le football féminin dans les régions, porté par Intermarché et la FFF. La finale, qui a eu lieu lundi soir au siège de la fédération, a consacré neuf clubs oeuvrant pour les footeuses, parmi lesquels le Bandrélé Foot féminines. « C’est une grande fierté », se réjouit Julien Boucaut, directeur technique du club. « Au-delà d’être l’un des neuf finalistes, on est le représentant des Outre-mer. Ça veut dire que les actions qu’on met en place ici, sur la santé, l’environnement, ont un sens. Quand on te dit qu’on a choisi Bandrélé Foot féminines à 8.000 kilomètres de Paris, c’est quelque chose d’extraordinaire ! Tout au long de la nuit, on a reçu des messages des filles, des clubs de Mayotte. À la base, je pense qu’ils n’avaient même pas pensé à nous. »
Pourtant, face au jury SensationnElles ce lundi soir, c’est bel et bien le club mahorais qui a été désigné vainqueur de ce programme, contre les huit autres finalistes qu’étaient Thonon Evian Grand Genève, Tours, Saint-Memmie Olympique, Villeneuve d’Ascq, Saint-Malo, Mitry-Mory, Jacou Clapiers et Montauban. Cette initiative, qui vise à créer de l’engagement dans les régions en faveur du football féminin, récompensera le Bandrélé Foot féminines à hauteur de 10.000 euros par an pendant trois ans, et proposera à 16 licenciées un séjour sportif et scolaire au sein du club anglais de Lewes FC, surnommé « Equality FC » après l’instauration des salaires égaux entre femmes et hommes. Les cadres de Bandrélé, dès la nuit suivant la cérémonie, ont travaillé sur la logistique de ce séjour, qui se déroulera vraisemblablement durant la première quinzaine d’août.
« Devenir le club féminin de la commune »
Créée en 2019 à la suite de la séparation hommes-femmes au sein du club de Bandrélé, l’association mahoraise pouvait se targuer d’avoir un dossier en béton. Le Bandrélé Foot féminines compte en effet 109 licenciées, 70% de dirigeantes et 72% d’éducatrices et d’arbitres femmes. « Il y a dix ans, c’était compliqué, il fallait se battre », continue Julien Boucaut. « Ça s’est fait progressivement, on a su aller au-delà du football et mettre la femme au centre de ce club : on a des mamans dans les bureaux, qui font du foot en marchant, des éducatrices fédérales, des arbitres femmes… » Du concret donc pour le club, ardent défenseur de l’égalité et labellisé école féminine de foot niveau argent par la FFF depuis 2020. « Nous aurons maintenant les moyens d’avoir deux équipes U16 », se félicite le directeur technique. « Même si nous en perdons qui vont faire leurs études à l’extérieur, nous en aurons toujours qui monteront à l’étage supérieur. C’est un gage de stabilité. »
C’est ce qui a retenu l’attention du jury, lundi soir, dans lequel se trouvaient des sommités telles que Laure Boulleau, ancienne joueuse de l’équipe de France, ou Philippe Bergeroo, ancien sélectionneur de l’équipe de France féminine. Bandrélé jouit désormais d’une visibilité nationale, et ambitionne désormais de devenir la référence de la région en termes de football féminin. « À la place d’être juste un petit club du village de Bandrélé, on aimerait devenir le club féminin de la commune, que les enfants de Dapani, Mtsamoudou et autres viennent », confie le directeur technique du club, qui compte sur la dotation pour financer deux minibus d’ici la fin de l’année. « En faisant des entraînements dans tous les villages de la commune, on espère attirer leurs filles pour qu’elles s’engagent chez nous », justifie-t-il. En plus du transport, l’aménagement des vestiaires et du club house est désormais possible, et permettra d’en faire de véritables lieux de vie. En somme, de professionnaliser la structure, une aubaine pour un club ultramarin : « On a la même passion, mais pas les mêmes budgets », conclut Julien Boucaut.