En soutien à la mobilisation nationale, Mayotte La 1ère suspend ses programmes

Ce mardi, la majorité des employés de Mayotte La 1ère ont répondu à l’appel à manifestation de l’intersyndicale pour défendre l’indépendance du service public audiovisuel. Celui-ci pourrait être remis en cause par une potentielle suppression de la redevance télé promise par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle.

Pas de JT ni de matinale radio ce mardi 28 juin, mais des tracts distribués aux automobilistes qui passent à proximité de la station de Mayotte La 1ère située à Hauts-Vallons. Et le jour choisi pour défendre l’indépendance du service public audiovisuel et mettre en veille les programmes diffusés habituellement s’avère tout sauf anodin puisqu’il coïncide avec la première session parlementaire depuis les élections législatives.

C’est donc pour une raison politique, tout comme l’annonce par le président de la République, Emmanuel Macron, alors candidat, de supprimer la redevance télé. De quoi faire bondir l’intersyndicale, déjà remontée après l’arrêt de la publicité sur les chaînes publiques entamé par Nicolas Sarkozy en 2008. « Il n’y a eu aucun plan de financement et encore moins de compensations liées à cette éventuelle perte », s’insurge l’un des employés, sous couvert d’anonymat, de peur des représailles. « Notre crainte est de nous retrouver le bec dans l’eau ! »

« Les Outre-mer les premiers touchés »

Et en cas de nouvelles coupes budgétaires, le manque à gagner se chiffrerait à plus de trois milliards d’euros. Si le chef de l’État défend sa position dans le but de redonner du pouvoir d’achat aux Français, cette faveur ne représente en réalité qu’une économie de 138 euros par an (88 euros en Outre-mer) pour chaque foyer fiscal équipé d’un téléviseur, soit 38 centimes par jour ! « Chaque année, nous ne savons jamais à quelle sauce nous allons être mangés, alors là… », s’agace un syndicaliste mahorais. « Et le pire, c’est que les territoires d’Outre-mer sont les premiers touchés par ce genre de restrictions alors que nous sommes déjà la dernière roue du carrosse. »

Cet enjeu est d’autant plus important que Mayotte La 1ère subit régulièrement les foudres des auditeurs et des téléspectateurs sur ses choix éditoriaux. « Les gens nous reprochent de ne pas faire assez alors que nous sommes déjà au maximum. Nous aimerions être à la hauteur, malheureusement nous nous situons déjà entre le marteau et l’enclume. » Dans ces conditions, les organisations syndicales souhaitent mettre en place une redevance universelle et ainsi « ne pas nous retrouver à la botte du pouvoir ». A contrario, le coup de rabot envisagé par le gouvernement, et soutenu par Marine Le Pen par exemple lors de l’élection présidentielle, pourrait avoir des conséquences terribles dans le 101ème département. « Nous sauvegardons l’histoire de Mayotte », rappelle le gréviste, effrayé à l’idée de voir le patrimoine mahorais tomber en poussière !

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