Un peu plus de quatre mois après la pose de la première pierre du terminal sud du projet Caribus, le chantier avance de jour en jour. Ce mercredi 22 juin, une visite à Passamaïnty et à M’Tsapéré a été organisée pour dresser un point d’étape. Les opérations de terrassement et de génie-civil doivent courir jusqu’à l’automne 2023. Entretien avec Damien Rietsch, le directeur régional de Vinci Construction Dom-Tom.
Flash Infos : Ce mercredi matin, le président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, Rachadi Saindou, a organisé une visite de chantier du Caribus, au cours de laquelle vous l’avez personnellement accompagné pour lui exposer l’évolution des travaux. Que représente cette opération de communication à vos yeux ?
Damien Rietsch : C’est important de communiquer parce que c’est à la fois une opération dimensionnante pour le territoire et pour nos sociétés. Il s’agit d’un chantier extrêmement important à l’échelle de Mayotte et de ceux que nous avons l’habitude de gérer. Nous avons chez nous des collaborateurs qui sont très fiers de participer à ce développement structurant. À travers cette visite aujourd’hui, cela donne de la visibilité au projet, mais aussi et surtout de la crédibilité.
FI : Sur le tronçon entre l’entrée de Tsoundzou et le rond-point du Baobab dont vous avez la charge, vous devez réaliser quatre ouvrages d’art. Quelles sont leurs complexités ?
D.R. : Les complexités sont bien évidemment de plusieurs natures. Il y a tout d’abord la géotechnique : vous avez pu apercevoir la machine de pieux au niveau du bâtiment de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Comme nous ne sommes pas équipés localement, nous avons dû faire venir du matériel exprès pour effectuer des fondations profondes. Par ailleurs, même si nous ne construisons pas le viaduc de Millau, l’environnement dans lequel nous devons sortir de terre ces ouvrages nous imposent un certain nombre de contraintes, notamment environnementales vis-à-vis des cours d’eau. Forcément, il y a des prescriptions à respecter.
FI : Justement, d’un point de vue environnemental, votre intervention peut interloquer les passants… Comment procédez-vous techniquement pour créer une route sur un cours d’eau ?
D.R. : Le but du jeu consiste à ce qu’il n’y ait pas de déversement de particules fines dans le lagon. Ainsi, nous devons empaqueter le matériau de remblai dans du géotextile pour éviter ces départs… Et bien sûr, nous devons assurer la continuité, c’est-à-dire la transparence hydraulique. Les rivières doivent pouvoir continuer à s’écouler au travers des ouvrages provisoires réalisés au niveau des cours d’eau pour permettre la réalisation des nouveaux ouvrages !
FI : Vous avez annoncé au cours de la visite qu’il restait encore une grosse année de travaux et que vous étiez encore en phase de montée en puissance. À vous entendre, nous ne sommes pas toujours rentrés dans le vif du sujet…
D.R. : Nous sommes encore sur le démarrage pour la simple et bonne raison qu’il y a un certain nombre de procédures, d’études techniques et d’éléments théoriques à faire valider. Donc nous avons débuté le chantier par des travaux de défrichement et de dégagement des emprises. La phase de construction ou de reconstruction débute à peine avec des opérations de terrassement, comme nous pouvons les voir à Passamaïnty. Au niveau des ouvrages, nous avons commencé il y a de cela trois semaines les fondations profondes. Une fois terminées s’engageront d’autres types d’interventions comme le génie-civil.
FI : Comme le rappelaient les élus de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, l’intérêt de ce projet repose aussi sur des phases de réaménagement à proximité du tronçon en lui-même…
D.R. : Tout à fait, cela fait partie de l’emprise des travaux qui nous ont été confiés. Exemple : l’ouvrage obsolète de Passamaïnty ne fait pas partie stricto sensu du tracé Caribus, mais sa reconstruction est prise en charge dans le cahier des charges. Le but ? Réaménager, réembellir ou redonner de la fonctionnalité aux espaces contigus au projet.
FI : En termes d’approvisionnement en matériaux, comment avez-vous anticipé pour ne pas subir de retard ?
D.R. : En ce qui concerne le remblai, nous le trouvons directement sur le territoire. Par contre, nous avons commandé à l’extérieur tout un tas de matériel depuis un certain nombre de mois. Quelques-uns ont déjà été reçus et se situent sur le base-vie du terre-plein de M’Tsapéré. Des containers sont également en route et d’autres viendront alimenter le chantier au fur et à mesure. Globalement, nous avons sécurisé 80% de nos approvisionnements le tronçon qui nous occupe.