Danse : quand Mayotte vient à Reims

La compagnie En Lacets, composée de la chorégraphe Maud Marquet et du slameur Damien Guillemin, a découvert Jeff Ridjali sur internet et a tout de suite été intéressée par la richesse de son écriture chorégraphique inspirée de son identité mahoraise. Le danseur a donc invité le duo à participer au festival Maore Danse 2014 qu’il organise tous les ans à Tsingoni, son village d’origine.

« LE PATRIMOINE DE MAYOTTE EST UN PATRIMOINE IMMATÉRIEL QUI N’EST PAS SUFFISAMMENT MIS EN VALEUR PAR LA POLITIQUE LOCALE. »

La compagnie En Lacets a eu l’occasion d’y présenter son spectacle « A B(r)as le mot » et découvert de son côté « Territoires », le dispositif d’action que Jeff Ridjali mène sur l’île aux parfums depuis plusieurs années et qui lui permet de mener des recherches et des actions sur les différentes danses de Mayotte : « Ce projet a pour but de contribuer à faire vivre la culture mahoraise et à la démocratiser pour faire évoluer les mentalités. » Dans le cadre de ce projet, le chorégraphe a déjà créé un solo qu’il a présenté pour la première fois au public lors du Maore Danse 2014.

L’écriture chorégraphique de ce spectacle est beaucoup inspirée de l’identité mahoraise du danseur : « Mes phrases dansées s’inspirent de l’esthétisme de la calligraphie arabe et de la spiritualité soufie dont est issue la culture mahoraise. La pratique de la psalmodie m’inspire également dans mes créations.

La danse est d’ailleurs pour moi une véritable pratique spirituelle qui permet d’accéder à son Moi intérieur en libérant le corps de ses entraves. »

Jeff Ridjali déplore que le patrimoine immatériel de Mayotte, à savoir la danse, la musique et le chant, ne soit pas suffisamment mis en valeur par les politiques locales.

Or c’est à son avis ce qui fait toute la richesse de l’île aux parfums : « Il est indispensable de créer des structures permettant de préserver et de développer ce patrimoine. C’est lui qui pourra peut-être un jour sauver notre île de la délinquance où elle s’enfonce de jour en jour. Les jeunes mahorais sont véritablement doués en danse. Il faut que les politiques créent les dispositifs nécessaires au développement de cet énorme potentiel. »

L’écriture chorégraphique de Jeff Ridjali porte donc en elle la marque de son identité mahoraise et c’est ce qui séduit particulièrement les compagnies de danse métropolitaines, en quête d’originalité et d’un exotisme susceptible d’enrichir l’univers de la danse contemporaine actuelle. L’île au lagon, par la luxuriance de ses écritures dansées, est capable de leur offrir cette nouveauté dont elles ont soif. Passionné par cette richesse venue d’outre-mer, le Laboratoire Chorégraphique de Reims a décidé d’aider Jeff Ridjali et la compagnie En Lacets à réaliser leur projet de collaboration.

L’organisme a donc invité le danseur mahorais à présenter son solo « Territoires » le jeudi 21 mai à 20h au conservatoire de Reims, dans le cadre du festival « Hors les Murs ! ». Les trois interprètes iront ensuite travailler sur leur projet de trio au cours d’une résidence création qui se tiendra du 24 mai au 7 juin 2015 à la chapelle Saint-Marcoul de Reims et à la bergerie de Soffin dans la Nièvre. La présentation de la première étape de travail est prévue le mardi 9 juin à 19h à la chapelle Saint Marcoul.

Nora Godeau

 

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