Ce mardi 7 juin, 577 des 705 membres du Parlement européen ont voté pour un rapport d’initiative portant sur « la nécessité d’une politique de cohésion ciblée » vis-à-vis des îles de l’Union européenne. Un triomphe pour Younous Omarjee, eurodéputé de La Réunion et président de la commission du développement régional au Parlement, qui portait ces revendications.
2.400 îles et 20 millions d’habitants. Telle est la richesse insulaire des pays membres de l’UE, pour laquelle le Parlement européen choisissait de se battre ce mardi. En effet, les 38 voix contre n’ont pas pesé lourd face aux 577 voix pour le texte intitulé « Les îles de l’UE et la nécessité d’une politique de cohésion ciblée », fruit de trois jours de débats de l’assemblée plénière réunie à Strasbourg du 6 au 9 juin. Ce vote est aussi le résultat d’un long travail des membres de la commission présidée par Younous Omarjee, député européen de La Réunion et président de la commission du développement régional au Parlement européen.
« Ce 7 juin est un jour historique dans l’histoire des relations entre les îles et les institutions européennes », a-t-il déclaré. « Il symbolise la pleine reconnaissance de l’insularité dans les politiques européennes, et une avancée concrète vers les demandes formulées par les régions insulaires depuis des années. » L’eurodéputé du groupe de la Gauche a ensuite insisté sur les enjeux des îles, sur lesquelles l’UE « doit s’appuyer géostratégiquement » et y « apporter des solutions au défi planétaire qu’est le changement climatique », ce dernier dévoilant toutes ses conséquences sur les territoires insulaires. « Ce siècle sera celui des îles », a conclu d’un ton grandiloquent Younous Omarjee, qui souhaite faire de 2024 « l’année européenne des îles ».
Vers un Pacte des îles ?
Ce rapport, qui consiste en une batterie de mesures, d’alertes et de demandes, prévoit notamment la reconnaissance de l’insularité comme « handicap structurel permanent », ce qui permettra de mettre en place des stratégies de développement « flexibles, durables et efficaces » dans les îles européennes. Une plus grande implication financière et matérielle de l’UE est ainsi prévue dans la gestion de l’eau, l’aménagement, l’agriculture afin de privilégier les circuits courts, la pêche et le bien-être des pêcheurs, le soutien spécifique au tourisme durable, la santé et l’e-santé, et la bonne utilisation des fonds FSE+ et FEDER. Autant de secteurs qui pourront bénéficier à Mayotte, qui demeure l’un des territoires les plus pauvres de l’Union européenne.
Le texte prévoit aussi « d’adapter les mécanismes d’urgence aux catastrophes naturelles de plus en plus graves », ou de mettre en place des règles et un soutien financier en faveur des transformations liées au changement climatique, avec une « autonomie énergétique » en ligne de mire. Parmi les autres points notables du rapport, on peut enfin citer la mise en place d’un « Pacte des îles », la « lutte contre le dépeuplement insulaire, la fuite des cerveaux et des compétences », ou la « nécessité de trouver des solutions aux migrations » ayant lieu dans certaines îles. Là encore, l’espoir est de mise pour les Mahorais.
Un « raz-de-marée démocratique »
Grossièrement, l’adoption de ce rapport signifie le renforcement de l’article 349 du traité FUE (Fonctionnement de l’Union européenne), qui organise des politiques spécifiques aux territoires, et de l’art. 174, qui concerne l’ensemble des territoires insulaires. Une « réconciliation » entre les deux textes, pour Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, invité à prendre la parole. « Ce raz-de-marée démocratique signifie que l’UE doit mieux prendre en compte les besoins des îles », s’est-il félicité.
Réconciliation également entre les îles européennes, qui, outre La Réunion et la Corse, étaient représentées ce mardi par la Sardaigne, la Sicile, les îles ioniennes grecques, les îles croates ou encore Chypre, toutes réclamant la convergence. Younous Omarjee a salué ce « front politique des îles » dont l’unité, « très précieuse », permettra d’éditer un agenda pour le développement de ces territoires. « L’impulsion ne peut venir que d’une représentation démocratique de l’UE et d’une prise en compte de la diversité des situations », a-t-il conclu, rejetant les solutions uniformes inadaptées. Reste désormais à convaincre ensemble la Commission européenne et le Conseil européen, qui devraient suivre le Parlement et traduire ce rapport par des actes.