4 ans de prison ferme pour l’agression sexuelle de trois mineures de moins de 15 ans

Saïd Soihaba, frère de l’ex-maire de Chirongui, a comparu au tribunal de grande instance de Mamoudzou ce mercredi 1er juin pour de multiples agressions sexuelles commises sur trois mineures de moins de 15 ans appartenant à son cercle proche. Courageuses, ces dernières ont témoigné contre lui permettant à l’homme d’être jugé et condamné à quatre ans de prison ferme.

C’est menotté et escorté par les gendarmes que Saïd Soihaba a été conduit devant le tribunal. Trois séries agressions sexuelles sur les personnes de trois jeunes filles mineures au moment des faits lui étaient reprochées. La plus jeune des victimes n’était âgée que de 11 ans. C’est grâce à sa cousine, témoin des faits, que l’une d’elles a décidé de briser le silence. Dégoûtée par la vision de l’homme passant sa main sous la jupe de sa cousine et lui caressant les parties intimes, la jeune Samira* a finalement abordé le sujet, ayant été victime elle-même des actes de Saïd Soihaba.

Les victimes se sont alors aperçues que toutes trois en avaient été victimes. Réunissant tout leur courage, elles en ont parlé à leurs mères respectives qui ont porté plainte contre l’homme en question. Simple ami de la famille, sans lien de parenté avec les jeunes filles, ce dernier a profité de leur vulnérabilité pour s’adonner à ses vices en s’assurant à chaque fois que personne n’était présent pour le voir. « Lorsque je suis descendue pour lui dire d’arrêter de toucher ma cousine, il a été très gêné et a fait semblant de ramasser un objet par terre », a indiqué Samira dans sa déclaration.

Si devant les enquêteurs de la gendarmerie, l’homme a tout avoué et même donné des détails absents des témoignages des jeunes filles, il s’est montré beaucoup moins prolixe devant la présidente du tribunal et ses deux assesseurs. Il faut dire que les trois jeunes filles, leurs mères et plusieurs membres de sa famille étaient présents au procès et cette confrontation l’a sans doute fortement impressionné. Se mettant à trembler de tous ses membres pendant que la juge Combeau l’interrogeait, il a même manqué de faire un malaise et a dû s’asseoir pour ne pas tomber. « Je n’ai rien à dire sur le sujet », « c’est passé » ou encore « les gendarmes m’ont mis la pression, c’est pour ça que j’ai fait ces déclarations » ont été les seules phrases que la juge a pu tirer de Saïd Soihaba pourtant longuement « cuisiné » par ses soins. Des propos incohérents qui n’ont trompé personne, toutes les preuves étant contre lui.

Un manque de conscience de la gravité de ses actes

L’examen psychologique des trois 3 jeunes filles a établi qu’elles avaient toutes une symptomatologie caractéristique des victimes d’agressions sexuelles. Culpabilité, problèmes relationnels avec le sexe opposé ou cauchemars récurrents, elles ont subi un préjudice psychologique majeur, quoiqu’à des degrés divers en fonction de leur personnalité. Quant au prévenu, le psychiatre du tribunal a établi sa dangerosité dans la mesure où il a noté un détachement total par rapport aux faits qui lui étaient reprochés. Son caractère déviant, opportuniste et pédophile n’a pas échappé au professionnel de la santé mentale. Un manque de conscience de la gravité de ses actes qui a poussé le procureur Yann Le Bris à requérir une peine de cinq ans de prison ferme sans obligation de soins. « Étant donné le degré de réflexion de Monsieur à ce stade, je pense que des soins seraient prématurés », a-t-il déclaré.

Son avocate Me Baudry n’était évidemment pas de cet avis. Si elle n’a pas cherché à innocenter son client, sa culpabilité ne faisant guère de doute, elle a en revanche insisté sur le fait qu’il avait reconnu ses actes dans un premier temps même si la pression du tribunal l’a poussé à les nier par la suite. « C’est déjà un premier pas vers une prise de conscience », a-t-elle estimé en demandant qu’une obligation de soins soit ordonnée. Finalement, la présidente du tribunal l’a condamné à quatre ans de prison ferme avec obligation de soins et l’a inscrit au fichier des agresseurs sexuels. Une victoire pour les jeunes filles, mais également pour leurs mères. L’une d’elles a d’ailleurs déclaré à la barre que « les agressions sexuelles sont une chose trop banale à Mayotte » et « qu’il faut absolument que cela cesse ». Un propos qu’a appuyé le procureur tout en précisant toutefois que ces actes n’étaient pas une spécificité de l’île. « Seules 5% des victimes d’agressions sexuelles osent faire des signalement », a-t-il avoué. Les autres se murent malheureusement dans le silence.

* Le prénom a été modifié

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Mayotte Hebdo n°1112

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