Jean-Philippe Thiellay, président du Centre National de la Musique (CNM), s’est rendu à Mayotte les dimanche 29 et lundi 30 mai derniers. L’occasion pour lui de rencontrer les artistes de l’île, mais également les élus afin de mesurer leur volonté de développer la filière économique de la musique sur le territoire. Sa visite s’inscrit aussi dans la continuité de l’annonce par le CNM d’un plan de soutien d’un million d’euros en faveur des territoires ultramarins. Interview.
Flash Info : Pouvez-vous nous dire en quelques mots à quels objectifs répondait votre visite à Mayotte ?
Jean-Philippe Thiellay : Le Centre National de la Musique est un établissement public créé le 1er janvier 2020. Il a pour objectif de soutenir toutes les musiques de tous les territoires français dont Mayotte. Je suis venu pour me rendre compte de la situation sur place et comprendre auprès des élus comment notre établissement pouvait contribuer à structurer la vie musicale de l’île. Nous avons plusieurs dispositifs d’aide pour cela, mais il faut d’abord analyser les besoins. Cela faisait d’ailleurs longtemps que je voulais revenir à Mayotte, car j’ai connu cette île entre 2000 et 2002 lorsque je travaillais pour le ministère des Outre-mer. Mayotte a évidemment beaucoup changé, mais il reste énormément à faire dans le domaine de la musique dans lequel ce territoire a un gros potentiel.
FI : Qui avez-vous rencontré pendant ces deux jours et quel est votre bilan ?
J-P. T. : Je me suis rendu à Chiconi, ville très dynamique dans le domaine de la musique, où j’ai pu rencontrer plusieurs artistes-phare de l’île dont Baco, El Had ainsi que le manager de Zily. J’ai également échangé avec plusieurs élus et le préfet Thierry Suquet. Pour moi, ce sont principalement les collectivités qui doivent œuvrer au développement musical du territoire. Le CNM peut les aider notamment à rénover les MJC, susceptibles de servir de lieu de répétition pour les musiciens. La question du régime de l’intermittence est liée à celle de l’alignement des droits et dépasse mes compétences, mais nous pouvons déjà nettement dynamiser le monde musical à Mayotte en structurant sa filière économique. Je pense notamment à un appui du CNM dans le cadre de l’organisation de festivals ou en soutenant les entreprises qui font venir des artistes sur leurs scènes. Tout est lié, car sans dynamisme musical, instaurer l’intermittence sur le territoire n’aurait pas de sens. Il faut permettre aux artistes de pouvoir jouer et faire des cachets. Notre objectif est de structurer la filière économique mahoraise dans un délai de 18 à 24 mois maximum.
F.I : Vous avez également visité Musique à Mayotte, la seule et unique école de musique de l’île. Avez-vous des projets de partenariat ?
J-P. T. : Le CNM n’a pas de compétence concernant l’éducation musicale. Cependant, Musique à Mayotte fait un travail formidable sur la question du patrimoine musical traditionnel de l’île et c’est sur ce point que nous sommes susceptibles de lui apporter notre soutien. La valorisation du patrimoine musical de chaque territoire est une question qui nous tient beaucoup à cœur.