« Vous le saviez, Madame, reproche Thibaud Soubeyran, le président du tribunal, à l’accusée. Vous êtes une grande fille. Vous aviez emporté du pétrole pour mettre le feu. »
Un jour d’octobre 2013, la prévenue/victime se rend au domicile de son ex-compagnon, avec qui elle a vécu pendant 5 ans et eu 2 enfants (1 garçon et une fille), pour entamer une dispute. Mais elle ne le trouve pas. Plus tard dans la journée, l’ex-compagnon se rend au domicile de l’accusée pour s’expliquer. Véhémente, l’accusée/victime prend un bâton de bois et le jette dans sa direction. Le prévenu/victime se précipite alors sur elle et lui fait une clé de bras. Il demande ensuite de l’aide de quatre personnes qui l’immobilisent.
Il n’en fallait pas plus pour faire exploser la colère de l’accusée/victime. Une fois sortie du domicile de son ex-compagnon, l’accusée/victime se rend à sa boulangerie. « J’étais fâchée et j’éprouvais de la haine à son égard », raconte-t-elle à la barre. « J’ai donc tout cassé à la boulangerie. »
L’accusée, qui s’est remariée depuis, se garde d’ajouter ce qu’elle avait déclaré aux enquêteurs, à savoir qu’elle a arrosé la boulangerie avec du pétrole pour y mettre le feu, sous le regard d’un employé. L’accusée est donc poursuivie pour dégradation ou détérioration grave d’un bien appartenant à autrui, tandis que son ex-conjoint est poursuivi pour violence ayant entrainé une incapacité de travail n’excédant pas 8 jours.
Aujourd’hui, le père vit avec la fille et la mère avec le garçon. « J’ai demandé au père à ce que notre fils aille vivre chez lui et qu’il ne me donne plus de nouvelles des enfants », dit sans honte l’accusée/victime au tribunal. »
« Vous devez assumer vos enfants ! »
Une déclaration qui provoque l’ire de Joël Garrigue, procureur de la République : « Il y a des choses que Madame a oubliés et des choses qu’elle n’a pas l’intention de comprendre, s’offusque-t-il en haussant la voix. Vous avez des enfants, vous devez les assumer ! Vous avez des comptes à leur rendre, que ça vous plaise ou non. Ce n’est pas à nous de faire l’éducation de vos enfants ! »
Le procureur requiert la relaxe du prévenu et une peine de 4 mois avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve pour l’accusée. Il demande aussi à ce que l’accusée ne vienne plus à la boulangerie. « J’en appelle aussi au juge d’application des peines à s’assurer que Madame s’acquitte bien de ses devoirs de mère », ajoute-t-il. « Nous la surveillerons et en cas de faux-pas, un séjour à Majicavo s’imposera. » Le procureur se tourne alors vers l’accusée et lui lance cette mise en garde glaçante : « Si Monsieur vous pardonne, moi je peux être votre pire cauchemar. »
Le père dit en effet toujours aimer son ex-conjointe. « C’est la mère de mes enfants », dit-il. A l’issue du délibéré, le tribunal prononce la relaxe de l’accusé. Il déclare dans le même temps l’accusée coupable. Elle se voit condamnée à une peine de 8 mois de prison avec sursis et à une amende de 800€. Elle a 10 jours pour faire appel.
Olivier Loyens
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